Craignant une situation sécuritaire incontrôlable en cas d'une frappe militaire internationale en Libye, 3000 ressortissants libyens ont passé le poste frontalier de Ras Jedir (sud) pour accéder au territoire tunisien. C'est ce qu'a affirmé hier le directeur du bureau de communication au sein du ministère de l'Intérieur au correspondant de Shems FM à Médenine. En 2011, la Tunisie, pays d'environ 11 millions d'habitants, avait accueilli plusieurs centaines de milliers de personnes - Libyens et non Libyens - fuyant le conflit qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi en Libye. Rappelons que le gouverneur de Médenine, Tahar Matmati, a pris l'initiative d'organiser la première réunion régionale qui a trait à l'afflux des ressortissants libyens en Tunisie en cas d'intervention militaire en Libye; étant donné que la ville de Médenine est la première concernée par ce mouvement de masse vu sa proximité avec la frontière tuniso-libyenne. Cette réunion qui a uni des sécuritaires, des militaires, des ONG et des représentants des administrations régionales à l'instar de celles de la santé et des affaires sociales, vient en réponse à l'appel du chef du Gouvernement à former des commissions régionales comportant les diverses parties concernées, en vue de mettre en place une stratégie complète dans le but de préparer la ville à recevoir ce grand nombre de libyens dans les meilleurs conditions et d'assurer la réactivité des parties concernées au cas où la situation dégénère. Pour sa part, le ministre de la Défense nationale a indiqué, vendredi, lors d'une cérémonie de remise des clés d'une nouvelle maison à un martyr de l'institution militaire, que la Tunisie a pris toutes les dispositions possibles afin de faire face à toute éventualité en cas d'intervention militaire étrangère en Libye. Le ministre a ajouté que les frontières sont sécurisées et que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, poursuit les consultations avec les leaders des pays voisins au sujet de cette éventuelle intervention, notamment l'Egypte et l'Algérie, sachant que la coopération avec ce pays voisin sont etroites et profondes à tous les niveaux. Ce qui explique la visite officielle de deux jours en Algérie du ministre tunisien des Affaires étrangère porteur d'une lettre du président tunisien à son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. La Tunisie a annoncé qu'elle allait mettre en place des commissions régionales chargées d'élaborer "un plan" pour faire face aux conséquences d'une éventuelle intervention militaire internationale en Libye, pays voisin livré au chaos. "En prévision du développement de la situation en Libye et de ses conséquences, le chef du gouvernement Habib Essid a autorisé les gouverneurs des régions du sud-est à former des commissions régionales", a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Elles seront composées "des diverses parties concernées afin de prendre les précautions nécessaires et mettre au point un plan de travail au niveau de chaque gouvernorat, pour se préparer à faire face de manière réussie et sur le terrain aux (...) évènements exceptionnels qui pourraient se produire", poursuit le texte, sans davantage de précisions. Le ministère de la Santé avait déjà indiqué jeudi dans un communiqué avoir consacré une réunion à l'examen d'un "plan d'urgence dans le domaine de la santé (...) en prévision de l'afflux sur le territoire tunisien de réfugiés et de migrants fuyant les frappes militaires qui pourraient se produire en Libye". Une éventuelle intervention militaire internationale en Libye inquiète grandement en Tunisie. "Je dis, et très clairement, aux amis qui pensent à cela (à une intervention, ndlr) de ne pas penser seulement à leurs intérêts. De penser aux intérêts des pays voisins et au premier rang la Tunisie", a récemment déclaré le président Béji Caïd Essebsi. "Avant tout acte de ce genre, s'il vous plaît, consultez-nous, parce qu'il peut vous servir mais nous porter atteinte", a-t-il fait valoir.