Au moment où le FMI craint une bulle financière entre 2017/2018, une crise plus grave que celle de d'octobre 2008, un cours du Brent (30 dollars le 22 janvier 2016, référence du pétrole algérien, ce dernier ayant atteint la barre de 27 dollars. Le Forum économique mondial, qui réunit les grands de ce monde, plus de 40 chefs d'Etat et 2 500 leaders du monde des affaires et de la société, quels bilans et perspectives pour l'Algérie ? ll a été établi sur la base d'une centaine d'indicateurs quantitatifs émanant des Etats membres et des organisations internationales (Banque mondiale, FMI, UIT, CCI, UNESCO...) ainsi que d'enquêtes qualitatives réalisées par le WEF lui-même. Dans cette édition, le World Economic Forum dénombre les multiples « facteurs problématiques pour faire des affaires » en Algérie. Outre les accès difficiles aux financements, la bureaucratie et la corruption, le rapport « The Global Competitiveness 2015-2016 » justifie le classement de l'économie par l'inflation, l'instabilité politique et l'innovation défaillante en Algérie. L'Algérie a perdu 7 places par rapport à la précédente édition (2014-2015), où le pays était classé 79e et avait gagné 21 places par rapport à l'année 2013-2014 (100e). Pour la taille du marché, elle a été classée 37e. Pour l'équilibre macro-économique mais l'enquête a été réalisée avant l'analyse de l'impact de la baisse des recettes de Sonatrach sur les équilibres financiers, elle a été classée 38ème place. Pour l'efficacité des institutions le classement est de 99e. Pour l'efficacité des infrastructures son classement est de 105e. Pour l'enseignement supérieur/formation le classement est de 99e. Pour l'efficacité du marché des biens, 134e. Pour l'efficacité de l'éducation/santé, 99e. Pour l'efficacité du marché financier, 135e. Pour l'efficacité du marché dut travail, 135e. Pour l'efficacité de l'innovation technologique, 126e. Or ce bilan pour l'Algérie est très loin des potentialités du pays et elles sont énormes renvoyant au mode de gouvernance. 4.-La raison principale de ces rapports peu élogieux pour l'Algérie et le manque d'attrait à l'investissement productif hors hydrocarbures est que le fondement des politiques 1963/2015 se fonde sur la rente et le monopole bureaucratique. La majorité des responsables algériens vivant de l'illusion de la rente, ne tiennent pas compte du facteur temps qui est déterminant dans la pratique des affaires internationales. Aussi pour éviter ces déclarations démagogiques qui contredisent la réalité, s'impose une cohérence de la politique socio-économique, pilotée par un grand ministère de l'économie couplée avec un grand ministère de l'éducation nationale pour favoriser l'économie de la connaissance. Aussi, sur le plan économique, les axes à mener avec énergie comme condition de sortie de la crise, sous réserve de la mise en place des solidarités démocratiques sont les suivantes : 1.-Repenser le fonctionnement des institutions par une réelle décentralisation (e-administration), pour un espace équilibré et solidaire, devant revoir l'actuelle politique d'urbanisation, 2.-Revoir l'actuelle politique énergétique en redynamisant le conseil national de l'énergie, 3.- La liberté d'entreprendre en démystifiant l'apport du secteur privé national et international, 4.- Les mesures concernent le régime des changes mais devant éviter l'illusion monétaire passant par la réforme du système monétaire et financier, 5.-Repenser l'actuelle politique industrielle qui repose sur une vision dépassée de l'ère mécanique, 6.-La libéralisation maitrisée des prix et compensations d'émissions, 7.-La rationalisation et l'optimalisation de la dépense publique, 8.-La réforme de l'entreprise publique par plus d'autonomie, 9.- La dynamisation du secteur habitat reposant sur d'autres méthodes de construction économisant l'acier, le ciment et l'énergie, 10.- Repenser la politique du tourisme et de l'environnement au sein d'un espace équilibré et solidaire, 11- L'amélioration des données statistiques, et entrevoir la planification stratégique 12- La réforme du secteur agricole dont le foncier, 13-La réforme du système socio-éducatif impliquant un grand ministère de l'éducation nationale incluant la formation professionnelle, afin d'impulser les nouvelles technologies, 14.- La mise en place d'un véritable marché du travail (mobilité et flexibilité) tout en protégeant les droits des travailleurs par la mise en place du filet social (lutte contre la pauvreté et assistance sociale aux plus démunis. 15. Sous réserve d'objectifs stratégiques clairement définis, il y a lieu d'aller vers gouvernement de crise face à la chute du cours des hydrocarbures qui aura la tache difficile des réformes structurelles,par un grand regroupement de ministères, de l'éducation nationale, de l'économie regroupant commerce et finances, un grand ministère de l'Industrie et de l'Energie, un grand ministère regroupant Transports, Travaux publics, Habitat, le ministère de l'Intérieur regroupant l'Environnement et l'Aménagement du territoire... 5.- L'économie de marché véritable ne saurait se limiter à la sphère commerciale mais induit une croissance durable basée sur la production de richesses permanentes tenant compte du bouleversement technologique mondial et de la concurrence internationale, l'Etat régulateur étant le garant du contrat social. Cela doit se caractériser par la lutte contre tout monopole qu'il soit de type public ou privé. Il y a nécessité de repenser le nouveau rôle de l'Etat régulateur qui devrait s'adapter à la nouvelle économie mondialisée et aux règles universelles de l'économie de marché, pour se consacrer à sa mission d'encadrement macro-économique, macro- sociale, et investir dans certains segments en amont, dont la maturation est très lente. On ne peut séparer la dynamique économique et la dynamique sociale. Cette solidarité des démocraties – en fait de la démocratie, trouvera des oppositions des rentiers, dont le fonctionnement occulte a conduit à la crise multidimensionnelle que l'ensemble de la population vit dramatiquement. Ce qui explique certaines dénaturations des réformes irréversibles pour asseoir la véritable démocratie et adapter l'Algérie aux mutations mondiales au sein d'un monde de plus en plus multipolaire. Il s'agit d'avoir une vision stratégique clairement affichée de passage d'une économie rentière à une économie basée sur le travail et la récompense de l'effort. Cela suppose de restaurer l'autorité de l'Etat selon une vision démocratique : trop d'autoritarisme brise les libertés et les énergies créatrices, mais pas d'autorité conduit à l'anarchie, tout cela renvoyant à la refondation de l'Etat sur al base de libertés bien comprises. Ces lignes directrices impliquent donc une synchronisation des tactiques pour optimaliser l'efficience économique et sociale, donc une stratégie clairement définie dans le temps évitant l'actuelle instabilité juridique qui décourage tout investisseur potentiel. Cette politique devra être menée par des hommes convaincus par les réformes. La transparence et le langage de la vérité s'imposent pour une adhésion de l'ensemble des citoyens à la philosophie générale des réformes, dont l'accélération est la seule voie pour l'amélioration des conditions de vie des plus défavorisés En résumé, pour éviter de fausses solutions à des problèmes mal posés, le gouvernement doit éviter de se focaliser uniquement sur la baisse de la rente des hydrocarbures et se demander pourquoi après des recettes de plusieurs milliers de milliards de dollars (à prix constants de 2015 et il est temps de faire un bilan de 1963 à 2015), l'Algérie étant toujours une économie rentière. L'Algérie pour dépasser cette situation actuelle a besoin avant de tout d'un leadership, d'une réorientation urgente de toute la politique socio-économique et d‘une bonne gouvernance. Elle en a les potentialités sous réserve d'une mutation culturelle des mentalités rentières, dépenser sans compter, et surtout voulant ignorer la transformation du monde. (Suite et fin)