Le classement annuel 2015/2016 du The Global Competitiveness Report 2015–2016 du World Economic Forum concerne 140 Etats qui vient de paraître le 30 septembre 2015 à Genève, concernant les contraintes du milieu des affaires et l'efficacité économique dans le monde est établi sur la base d'une centaine d'indicateurs quantitatifs émanant des Etats membres et des organisations internationales (Banque mondiale, FMI, UIT, CCI, Unesco...) ainsi que d'enquêtes qualitatives réalisées par le WEF lui-même. Quel diagnostic pour l'économie mondiale et quel enseignement pour l'Algérie, alors que le 02 octobre 2014, l'assureur international Credendo dont les notes et rapports sont considérés comme une référence mondiale par les investisseurs internationaux, vient de dégrader l'Algérie dans la catégorie C, à savoir la catégorie des pays présentant le risque commercial le plus élevé (sur une échelle allant de A à C). 1.-La définition de la compétitivité retenue pour établir ce classement englobe les critères suivants : institutions, infrastructures, niveau d'éducation et de recherche, environnement macro-économique, politiques économiques, innovation, système de santé, ou encore fonctionnements des marchés (marché du travail, marché financier etc. Le climat des affaires est apprécié et évalué sur la base d'une série d'indicateurs qualitatifs et quantitatifs, mesurables pour faciliter la comparabilité. Le but recherché par cette évaluation est de donner des informations sur l'état général et sur des aspects spécifiques d'un environnement donné : un pays, une région, un marché... Ces informations portent aussi bien sur des aspects politiques qu'économiques, sociaux et réglementaires. Les indicateurs d'appréciation du climat des affaires permettent, en fonction d'une série d'indices, de classer les pays ou les régions, du meilleur, c'est-à-dire un environnement qui facilite la création d'entreprises et permet d'investir sans contraintes, au plus mauvais ; un environnement contraignant où la bureaucratie fait loi et où l'instabilité politique et économique est omniprésente. Il existe plusieurs institutions qui évaluent périodiquement le climat des affaires par pays, pour donner une idée sur les difficultés administratives, sur l'attractivité et la compétitivité de chaque environnement ciblé. La Banque mondiale, le FMI, le Forum économique de Davos, nous fournissent annuellement ou trimestriellement des rapports sur le climat des affaires. 2.-Je rappelle les critères retenus par le Doing Business qui est une référence en la matière pour les détenteurs de fonds qui cherchent des opportunités d'investissements, les exportateurs qui veulent s'attaquer à un nouveau marché, les d'entreprises qui, pour des raisons de rentabilité, optent pour la délocalisation ont tous besoin de données sur le lieu qu'ils veulent investir. Les études et les bases de données pour évaluer des critères, sont notamment : la facilité de faire des affaires ; la création des entreprises ; l'octroi de permis de construire ; le transfert de propriété ; l'obtention de prêts ; la protection des investissements et le paiement des impôts. Ces premiers indicateurs ont été par la suite complétés par les indicateurs suivants : -Raccord d'électricité ; -Le commerce transfrontalier ; -L'exécution de contrat -Et le traitement de l'insolvabilité. Comme on peut le constater, ces indicateurs concernent de très près l'entreprise et surtout le créateur d'entreprise ou l'investisseur. Si les indicateurs d'un pays ne sont pas bons, le promoteur est informé sur les difficultés qui caractérisent l'environnement économique, politique et réglementaire de ce pays où il n'est pas intéressant d'investir. Des données sur les paramètres suivants permettent d'apprécier la situation globale et par type d'indicateurs et attribuer un classement par pays. - L'instabilité économique : déficit, dette publique, le taux d'inflation... - L'instabilité politique (elle influe sur les aspects économiques) - La qualité des institutions financières, la concurrence, l'information sur l'insolvabilité... - L'efficacité ou non des services publics - Le poids du secteur informel dans l'économie - La corruption - Le marché de l'emploi et sa flexibilité 3.-Concernant le classement de Davos, pour rendre possible l'agrégation de données hétérogènes, tous les résultats sont convertis sur une échelle de notes de 1 à 7. Ces 110 notes sont ensuite regroupées en 12 catégories appelées «piliers», eux-mêmes répartis entre grands «sous-indices». Ainsi pour 2015/2016, le rapport publié le 30 septembre 2015 nous donne le classement suivant sur 140 pays, la Suisse occupant pour la 7ème fois la première place, suivie du Singapour, des Etats-Unis, l'Allemagne, la Finlande et le Japon. Ainsi nous avons par ordre: 1.-Suisse -2.-Singapour- 3.-Etats Unis- 4.-Allemagne-5.-Pays Bas- 6.-Japon- 7.-Hong Kong-8.-Finlande- 9.-Suède- 10.Royaume Uni, Norvège 11e, Danemark 12e et le Canada 13e. Pour d'autres pays, la Belgique 19e, le Luxembourg 20e place, l'Australie 22e la France est classé 22e améliorant son score), Israël 27e, l'Espagne 33e, le Portugal 38e et l'Italie 43e. Pour la Russie et certains pays de l'ex- camp communiste, le classement se situe dans la moyenne avec la Russie 45e, la Pologne 41e, la Roumanie 53e, la Bulgarie 54e et la Hongrie 63e. Quant aux pays d'Amérique Latine, nous avons le Mexique qui est à la 57e place, le Colombie 61e, le Pérou 69e, le Brésil 75e, l'Argentine 106e place et le classement inquiétant du Venezuela 132e sur 140 pays. Pour d'autres pays d'Asie, la Corée du Sud 26e, la Chine 28e, le classement ayant été établi avant les soubresauts boursiers de l'été et l'inquiétude pour la croissance chinoise l'Inde 55e place. Pour le classement des 20 pays africains les plus compétitifs nous avons : 1-Maurice (46) - 2-Afrique du Sud (49) - 3-Rwanda (58)- 4-Botswana (71)- 5-Maroc (72) - 6-Namibie (85) - 7-Algérie (87) - 8-Côte d'Ivoire (91) - 9-Tunisie (92) - 10-Zambie (96) -11-Seychelles (97) -12-Kenya (99) -13-Gabon (103) -14- Ethiopie (109) -15-Sénégal (110) -16-Cap vert (112) -17-Lesotho (113) -18-Cameroun (114) -19-Ouganda (115)- 20-Egypte (116). Parmi les plus fortes progressions en Afrique par rapport à 2014, nous avons la Côte d'Ivoire qui gagne 24 places, l'Ethiopie qui gagne 9 places, l'Afrique du Sud 7 places et le Rwanda qui gagne 4 places. Ce sont deux pays africains qui sont à la dernière place, le Tchad 139e et la Guinée 140e, le Mali étant à la 127e place. Dans le monde Arabe, le Qatar se place à la 14e position, les Emirats arabes unis à la 17e, l'Arabie saoudite 25e, le Koweït à la 34e position, le Bahreïn 39e , Oman à la 62e place et trois pays musulmans émergents, la Malaisie 18e, l'Indonésie 49e , la Turquie 57e suivis par l'Iran 74e place. 4.- Pour l'Algérie nous avons une bonne note seulement pour deux critères. Par contre, pour tout ce qui concerne l'attrait de l'investissement nécessitant des réformes micro-économiques et structurelles, le classement est dérisoire, loin des potentialités du pays. -La taille du marché 37e, -L'équilibre macro-économique mais l'enquête a été réalisé avant l'analyse de l'impact de la baisse des recettes de Sonatrach sur les équilibres financiers, 38e place -L'efficacité des institutions le classement est de 99e -Les infrastructures 105e, -La sophistication des facteurs d'innovation 124e, -L'enseignement supérieur/formation 99e -Le marché des biens 134e, -L'éducation/santé 99e, -Le développement du marché financier 135e, -L'efficacité du marché dut travail 135e, -La préparation technologique 126e -L'innovation 119e. Globalement, dans le dernier rapport de la compétitivité globale du Forum de Davos (2015-2016), l'Algérie a perdu 8 points, passant du 79e au 87e rang sur un total de 140 pays. Dans la onzième édition de ce rapport, l'Algérie a obtenu un total de points de 3,97 sur 7 contre 4,08/7 points lors de l'édition précédente. L'Algérie devance la Mauritanie 137e, la Tunisie, classée 92e, mais reste derrière le Maroc classé à la 72e place, la Libye ayant été exclue du classement. 4.- Le bilan pour l'Algérie est très loin des potentialités du pays et elles sont énormes renvoyant au mode de gouvernance. La situation risque d'être plus difficile sur le plan financier, l'Algérie ayant entre 2013/2014 fonctionné sur la base d'un cours de 115/120 dollars,(140 pour le Venezuela) avec la récente déclaration en cette fin de septembre 2015 mettant fin à toutes les supputations algériennes et vénézuéliennes, de l'Arabie saoudite et du Koweït pour qui il n'est pas question d'une réunion extraordinaire de l'Opep et d'une baisse des quotas représentant moins de 33% de la production commercialisée (67% se faisant hors Opep) et la prochaine réunion officielle ne prévoit pas de notables changements. A cela s'ajoute la position de la Russie qui n'est pas intéressée du fait de sa situation financière d'une baisse de sa production, ayant de fortes capacités, en attendant l'entrée de l'Iran en janvier 2016. Ainsi, le cours du bas du pétrole risque d'être inférieur à 60/70 dollars pendant de longues années, induisant des tensions budgétaires inévitables. La leçon que l'on peut tirer du rapport de Davos pour l'Algérie est que le bilan est très mitigé malgré l'importance de la dépense publique entre 2000/2014. Selon un rapport de l'OCDE dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires au sein de la région Mena, l'Algérie souffre d'un environnement des affaires contraignant que l'on croit résoudre par des lois alors qu'il s'agit de s'attaquer au fonctionnement de la société : bureaucratie- système financier et système socio-éducatif inadapté, le foncier, occasionnant des coûts de transaction élevés. Il reste encore beaucoup d‘efforts à faire, renvoyant tant à des facteurs politiques, sociaux, culturels qu'économiques pour libérer les énergies créatrices, attirer les véritables créateurs de richesses privés locaux et internationaux confrontés à la lourdeur bureaucratique et au manque de visibilité et de cohérence de la politique socio-économique supposant une autre organisation institutionnelle gouvernementale autour de grands ministères et de grands éco-pôles régionaux sous tendue par des objectifs stratégiques précis. Car, certains responsables, faisant fausse route dans leur politique économique, pouvant conduire le pays à terme dans l'impasse et des pertes financières considérables, ignorant les nouvelles nouvelles mutations mondiales 2016/2030 fondées sur l"économie de la connaissance, richesse bien plus importante que toutes les richesses d'hydrocarbures, la baisse du niveau devenant alarmant, l'immatériel et une transition énergétique ? Donc un nouveau modèle de consommation, une lourde erreur stratégique de raisonner en modèle de consommation linéaire au niveau mondial, continuent de vivre de l'illusion de l'ère matérielle ( industries industrialisantes et quand le bâtiment va tout va ) et de la rente éternelle. Ils continuent de croire, rendant urgent une mutation culturelle, que des codes d'investissement et la généralisation de la règle des 49/51%, aucun bilan réel de 2009 à ce jour, tant aux secteurs stratégiques que non stratégiques est la solution miracle. Or, j'attire l'attention du gouvernement que cette politique risque de conduire le pays à accélérer l'épuisement de ses réserves de change, l'Algérie supportant tous les surcoûts sans risques du partenaire étranger et de surcroît sans résoudre les véritables problèmes du développement du pays, à savoir l'accumulation technologique et managériale dans le cadre des valeurs internationales, le capital-argent n'étant qu'un moyen devant éviter également l'illusion monétaire.