Amnesty International a présenté son bilan annuel de la situation des droits humains en Algérie et dans le monde. Pour l'ONG internationale, les droits humains sont en danger. Lors d'une conférence de presse tenue, hier à Alger, pour la présentation du rapport annuel d'Amnesty International sur la situation des droits humains dans 160 pays à travers le monde, la présidente de la section algérienne de l'ONG internationale, Hassina Oussedik, a indiqué qu'Amnesty International s'inquiète publiquement d'un mouvement insidieux et rampant qui met en péril les droits humains : des gouvernements s'en prennent délibérément aux institutions qui ont été créées pour contribuer à la protection des droits fondamentaux et refusent de leur allouer des fonds suffisants, ou encore choisissent de n'en faire aucun cas. «Les droits humains sont en danger, l'année 2015 a été marquée par des attaques contre les libertés fondamentales dans le monde entier, de nombreux Etats ayant violé de manière éhontée le droit international et ayant délibérément porté des coups aux institutions créées pour protéger les droits humains», a-t-elle noté. Amnesty International s'est alarmée dans un contexte où la défense des intérêts nationaux à court terme et l'imposition de mesures sécuritaires draconiennes donnent lieu à un assaut massif contre les libertés et les droits fondamentaux, la protection internationale des droits humains est en péril. A ce propos, Hassina Oussedik a donné quelques exemples des pays dans lesquels des coups ont été portés aux droits humains et aux institutions qui sont là pour les protéger à l'instar de la Syrie où des milliers de civils ont été tués dans des bombardements au baril d'explosifs ainsi que dans d'autres attaques directes et menées sans discrimination, ou ont succombé sous la torture en détention. Des zones civiles ont été assiégées pendant de très longues périodes durant lesquelles les habitants affamés ont été coupés de toute aide. «A Angola, les autorités ont utilisé les lois sur la diffamation et la législation relative à la sécurité de l'Etat pour harceler, arrêter et incarcérer des personnes qui n'avaient fait qu'exprimer pacifiquement leurs opinions, et ont rejeté publiquement les recommandations des Nations unies sur le bilan du pays en matière de droits humains», a-t-elle ajouté. Il est à noter que le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty, a déclaré que «des millions de personnes subissent d'immenses souffrances aux mains des Etats et des groupes armés, tandis que, dans une démarche sans vergogne, des gouvernements veulent faire passer la protection des droits humains pour une menace contre la sécurité, la loi et l'ordre, ou les valeurs nationales». Amnesty International a lancé un appel aux gouvernements pour soutenir politiquement et à financer pleinement les systèmes créés pour garantir le respect du droit international et la protection des droits des personnes. «Les dirigeants mondiaux ont le pouvoir d'empêcher que ces crises ne s'aggravent davantage et n'échappent alors à tout contrôle. Les Etats doivent cesser leurs attaques contre nos droits et renforcer les défenses que le monde a mises en place pour les protéger. Les droits humains ne sont pas un accessoire. Ils sont indispensables, et jamais les enjeux pour l'humanité n'ont été aussi forts», a signalé Amnesty international dans son rapport.