Amnesty International a dénoncé hier un «carnage total» en Egypte où les violences entre les forces de l'ordre et les manifestations favorables au président islamiste déchu ont fait des centaines de morts, et a déploré la «faiblesse» des réactions internationales. Selon un communiqué de l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres, «une violation claire de la loi internationale est en train d'être commise en Egypte dans ce qui peut être décrit comme un carnage total». Amnesty appelle les autorités intérimaires mises en place par l'armée égyptienne à «prendre des mesures immédiates pour prévenir d'autres pertes de vies en rétablissant l'ordre public et la sécurité dans la rue». Plus de 800 personnes, essentiellement des manifestants favorables à Mohamed Morsi, le président islamiste destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet, ont été tuées en six jours de violences dans le pays enfoncé dans la crise entre les militaires et les Frères musulmans, la confrérie du chef d'Etat renversé. «Le gouvernement intérimaire a entaché son bilan en matière de droits de l'Homme d'abord en ne respectant pas sa promesse de ne pas utiliser des armes létales pour disperser les manifestants pro-Morsi et permettre une sortie sécurisée pour les blessés et ensuite en justifiant son action en dépit des pertes humaines», écrit le secrétaire général de l'ONG, Salil Shetty. Selon lui, «la réponse de la communauté internationale a été faible et inefficace, même si chacun s'est empressé de condamner les pertes humaines horribles. La communauté internationale doit agir de manière décisive pour envoyer un message clair signifiant qu'aucun gouvernement ne peut agir de la sorte et garder sa crédibilité». M.Shetty participait, selon le communiqué à une réunion à Berlin des responsables d'Amnesty International. Pour lui, même si certains parmi les pro-Morsi ont eu recours à la violence «rien ne pouvait justifier l'usage disproportionné de la force» par les forces de l'ordre. Le directeur d'Amnesty International en Allemagne, Selman Caliskan, a pour sa part appelé à une «enquête globale pour rendre justice aux victimes et pour que les auteurs (des violences) puissent rendre compte de leurs actes». Amnesty s'est alarmée des violations des droits de l'Homme depuis la destitution du président islamiste. Elle a aussi souligné que depuis la dispersion des manifestants pro-Morsi, 60 attaques contre des églises ont été recensées par des militants coptes.