Dans un contexte géopolitique profondément modifié par l'intervention russe en Syrie, en novembre 2015, la situation politique en Irak a continué de se détériorer. Ces tensions accrues se sont manifestées tant à Baghdad qu'à Erbil ainsi que dans les relations entre le Kurdistan et la capitale. A Baghdad, l'Alliance nationale chiite, attisée en sous-main par Al-Maliki et à laquelle appartient le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi, ne cesse de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. Les députés de sa formation font assaut de critiques contre les réformes promises et lancées par le Premier ministre pour répondre à la colère des manifestants qui s'élèvent contre la corruption régnant dans les rouages de l'Etat irakien. Ces mesures, et notamment celles relatives à l'abrogation des privilèges et des prérogatives des parlementaires et des hauts fonctionnaires de l'Etat, bénéficient d'un soutien populaire très large. Mais la lenteur de leur adoption, du fait du combat retardateur mené par les députés, fait perdre à Al-Abadi une partie de sa popularité auprès des couches les plus défavorisées de la population. De son côté, le bloc national, qui regroupe les partis sunnites participants au pouvoir en place, s'est lui aussi disloqué, donnant naissance à une formation politique fondée sur des bases strictement sectaires. Au Kurdistan, le problème du troisième mandat du président sortant de la province autonome, Massoud Barzani, n'est pas encore résolu. Ce dernier s'accroche au pouvoir alors que son mandat est terminé depuis le 20 août 2015, jour où devait avoir lieu l'élection présidentielle. En outre, les différends entre Baghdad et Erbil se sont, eux aussi, gravement amplifiés à la suite de la libération de Sinjar et des incidents qui ont eu lieu dans la ville de Touz Khourmatou. Ces situations compliquent les rapports entre Baghdad et Erbil et font penser qu'en l'absence d'un homme fort et respecté à Baghdad, on se dirige pas à pas vers une séparation de la province autonome kurde. Cette éventualité de séparation du Kurdistan de l'Irak a été publiquement évoquée par Barzani lors d'une récente rencontre avec l'ambassadrice norvégienne en Irak et en Jordanie. Toutes ces évolutions sont en partie dues à la difficile situation économique du pays, fragilisée par la baisse du baril de pétrole et le coût croissant des dépenses militaires.