Au moins 27 personnes ont été tuées et 235 blessées au cours d'une vague d'attentats mercredi qui a notamment ensanglanté Bagdad et deux villes du nord de l'Irak au centre d'une âpre dispute entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan. Ces nouvelles violences risquent d'accentuer encore un peu plus les vives tensions entre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et ses détracteurs sunnites, à l'origine d'imposantes manifestations depuis trois semaines. A Kirkouk et Touz Khourmatou, toutes deux peuplées d'Arabes, Kurdes et Turkmènes, trois attentats visant des partis politiques kurdes ont tué au moins 20 personnes. Les deux villes font partie d'une bande de territoire que revendiquent tant le gouvernement fédéral que le Kurdistan irakien. Fin 2012, M. Maliki, très remonté contre le Kurdistan, avait mis en garde contre le danger d'un «conflit ethnique» après l'échec de négociations destinées à apaiser les tensions. Pour nombre de diplomates et de dirigeants, ces tensions, alimentées en outre par des différends liés à l'exploitation pétrolière au Kurdistan, représentent à long terme la plus forte menace pour la stabilité du pays. Dans la matinée, en plein centre de Kirkouk, au moins 16 personnes ont été tuées et 190 blessées dans deux attentats, selon Sadiq Omar Rassoul, chef des services sanitaires de la province. Lors de la première attaque, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée. L'attentat s'est produit non loin d'un complexe appartenant au Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région, Massoud Barzani. Un second attentat, également à la voiture piégée, s'est ensuite produit à 500 m de là. Il visait un responsable local du PDK, Mohammed Kamal. Le général de police Sarhad Qader a expliqué que «les explosions ont causé des dégâts majeurs. Nos forces sont à pied d'œuvre pour retirer les corps ensevelis sous les décombres». Un peu plus au sud, à Touz Khourmatou, quatre civils ont été tués et 30 personnes blessées dans l'explosion d'une voiture piégée, également conduite par un kamikaze. L'attaque visait des assaïch, des forces de sécurité kurdes, et s'est produite à proximité de locaux de l'Union patriotique du Kurdistan du président irakien Jalal Talabani.