Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a fait hier une rare apparition à Baghdad pour des entretiens avec le Premier ministre, Nouri al-Maliki, notamment sur leurs différends financiers concernant l'exploitation du pétrole. M.Barzani, dont la région dans le nord irakien jouit d'une grande autonomie, n'était pas venu à Baghdad depuis près de trois ans, sur fond de querelles avec le gouvernement fédéral, notamment sur la question du partage des recettes pétrolières du pays. «Nous avons discuté de nos désaccords et sommes convenus de faire adopter au parlement des lois en sursis, notamment celles ayant trait à l'exploitation pétrolière et gazière», a déclaré M.Maliki lors d'une conférence de presse au terme des entretiens. «Nous nous sommes mis d'accord pour coopérer, travailler ensemble, et affronter tout ce qui met en danger l'Irak et la région (kurde). Nous voyons cela comme un devoir national», a déclaré pour sa part M.Barzani, habillé d'un costume traditionnel kurde. En mai, les ministres et députés kurdes irakiens avaient mis fin à un boycottage du gouvernement central et du parlement, entamé deux mois plus tôt en raison d'un différend sur la rémunération des compagnies pétrolières étrangères implantées au Kurdistan. Le Kurdistan, qui dispose d'importantes réserves de pétrole, a unilatéralement signé des dizaines de contrats avec des compagnies pétrolières étrangères, au grand dam du gouvernement fédéral qui a placé sur une liste noire, nombre de celles-ci. En juin, M. Maliki s'était rendu à Erbil, la capitale kurde, pour une réunion spéciale du Conseil des ministres où les parties étaient tombées d'accord pour mettre en place des commissions mixtes pour résoudre les différends entre Baghdad et le Kurdistan. Outre le différend pétrolier, Baghdad et les Kurdes s'opposent sur la souveraineté d'une portion de territoire dans le nord du pays, notamment autour de Kirkouk, une région riche en pétrole, que les Kurdes veulent inclure dans le Kurdistan. M.Barzani, 66 ans, qui est également chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), devait quitter son poste de président régional en septembre, au terme de deux mandats comme l'exige la Constitution locale. Les députés régionaux viennent toutefois de décider d'un report de deux ans pour la prochaine élection présidentielle au Kurdistan, ce qui pourrait permettre à M.Barzani de se maintenir au pouvoir d'une région en pleine expansion économique qui dispose de ses propres forces de sécurité. La deuxième personnalité kurde du pays, le président fédéral Jalal Talabani, 79 ans, est depuis plusieurs mois en convalescence en Allemagne après avoir été victime d'une crise cardiaque en décembre.