Un vrai bourbier politico-militaire secoue actuellement la Libye. Militairement et après la nouvelle intervention américaine, des soldats des forces spéciales françaises auraient débarqué dans la région de Benghazi pour soutenir l'armée du général Khalifa Haftar, indique une source sécuritaire citée par des médias français. Le commando français serait actuellement, selon les mêmes sources, dans la base aérienne de Benina, Est de Benghazi, fief de l'armée du général Haftar. Pour sa part, l'Italie a donné son accord à l'utilisation au cas par cas de drones déployés sur la base américaine de Sigonella, en Sicile, pour combattre l'organisation Etat islamique (EI) en Libye, a déclaré la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti. Les Américains «devront demander une autorisation à notre gouvernement chaque fois qu'ils voudront utiliser un moyen en partance de Sigonella», a précisé la ministre dans une interview de mercredi au quotidien Il Messaggero. Ces frappes seront limitées aux opérations nécessaires «en dernier ressort» pour «la protection des installations et du personnel américain et de toute la coalition» en Libye et «dans toute la zone», a ajouté Mme Pinotti. «Ce n'est pas une décision liée à une accélération concernant la Libye», où plusieurs pays occidentaux envisagent une intervention armée pour contrer l'avancée de l'EI, a-t-elle insisté. Par ailleurs, et sur le plan politique, la formation d'un gouvernement libyen d'union nationale, soumise au Parlement reconnu par la communauté internationale et annoncée le 14 février à Skhirat (Maroc), vient couronner les efforts du représentant spécial des Nations unies en Libye, Martin Kobler. En marge de la 52e conférence de Munich sur la sécurité, qui a eu lieu du 12 au 14 février, Martin Kobler avait intensifié ses consultations sur le dossier libyen, s'entretenant avec un certain nombre de délégations de pays concernés par ce dossier. Jusque-là, les désaccords sur la composition du gouvernement d'union nationale portaient en particulier sur l'attribution du portefeuille de la Défense, entre le candidat de la province de Cyrénaïque, Ali Qatrani, un proche du commandant en chef de l'armée libyenne, le général Khalifa Belkacem Hafter, et celui des milices de Misrata, l'ancien Premier ministre Ahmed Miitig. Les ministres français, italien et britannique des Affaires étrangères avaient donc proposé de donner au Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj, un délai supplémentaire pour former le gouvernement qui doit s'installer à Tripoli, mettant en garde contre la gravité de la situation dans ce pays. Suite aux pressions du ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukry, le président du Parlement, Akila Saleh Isa, a participé aux dernières consultations, en l'absence du Premier ministre, Fayez al-Sarraj. Plusieurs pays occidentaux ont informé Saleh qu'ils cesseraient de reconnaître la légitimité du Parlement si celui-ci continuait à entraver la formation du nouveau gouvernement. Pour sa part, l'émissaire des Nations unies en Libye aurait établi une liste de 139 personnalités politiques et militaires du pays accusées d'entraver l'application de l'accord de Skhirat, comprenant des membres du Parlement de Tobrouk et du Conseil général national de Tripoli, ainsi qu'un certain nombre de chefs de milices, les menaçant de soumettre cette liste au Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il prenne des sanctions contre elles, au cas où un accord sur la crise libyenne n'aboutit pas rapidement.