La création d'une force militaire institutionnelle est nécessaire pour préparer l'entrée en Libye du gouvernement d'union nationale de Fayez Sarraj, qui ne peut gouverner ni de l'extérieur ni sous la protection de milices. Lorsque Fayez Sarraj est venu la semaine dernière à Zliten pour présenter les condoléances du gouvernement suite à l'attaque terroriste qui a engendré plus de 40 morts et une centaine de blessés, son cortège était protégé par l'une des milices de Misrata. Cette protection a provoqué des réactions hostiles chez les institutionnalistes. Membre du premier gouvernement de la révolution, le docteur Sayah a déclaré que «L'Est et le Sud ont mal réagi à cette première présence en Libye sous la protection de Misrata». Fayez Sarraj a certes ses justifications : il voulait exploiter l'occasion de cet attentat pour marquer la présence du gouvernement sur le terrain et n'avait pas d'alternative à une protection par des milices, en l'absence de forces régulières à l'Ouest, comme a pu le constater l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, lorsqu'il a rendu visite au commandement de Abdessalem Jadallah à Tripoli. Mais «il faut faire attention aux susceptibilités du conflit libyen», rappelle le Dr Sayah. «La présence d'un corps militaire institutionnel à l'Ouest est une urgence», insiste-t-il. Forces institutionnelles Il est clair que la question militaire est au centre des défis auxquels fait face l'installation du gouvernement Sarraj. Un gouvernement doit nécessairement disposer de forces militaires institutionnelles pour le protéger, selon tous les supporters du gouvernement de coalition. A ce titre, comme les deux grandes forces de l'Ouest, Misrate et Zentane, sont favorables au gouvernement Sarraj, des informations concordantes parlent déjà de concertations en vue de constituer les forces qui vont protéger le gouvernement à Tripoli. Il faudrait toutefois composer avec les milices d'Al Moukatila et son leader, Abdelhakim Belhaj, qui disposent du gros des forces assurant actuellement la protection de la capitale libyenne. Une autre question et non des moindres concerne le sort du général Haftar, chef d'état-major de l'armée à l'Est. A l'opposé de Abdessalem Jadallah, chef d'état-major du gouvernement de Tripoli, Haftar dispose d'une armée régulière, comme a pu le constater l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, lors de sa visite au quartier général d'El Marj. Le sort de Haftar a déjà bloqué la semaine dernière les réunions du Conseil de la présidence du gouvernement. Les représentants de l'Est ne veulent pas entendre parler d'une quelconque alternative à Haftar. Autre grand casse-tête pour Sarraj et Kobler. A moyen terme, les Allemands promettent d'envoyer à Tunis des instructeurs (Bundeswehr) pour y former les forces armées libyennes, afin d'aider à protéger le gouvernement d'union nationale et d'empêcher la propagation de Daech. La mission des Allemands est annoncée pour les prochains mois. Ils seront épaulés par des Italiens et commenceront leur travail en Tunisie pour des raisons de sécurité. Cette idée a déjà été présentée par le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, lors de la conférence internationale qui s'est tenue à la mi-décembre à Rome. Mais la Libye a plus que jamais besoin de résoudre cette question des forces militaires régulières pour soutenir le gouvernement. Entre-temps, le quotidien des citoyens libyens va de mal en pis, notamment à l'Est. La dernière attaque menée par Daech contre la plus grande centrale électrique de Benghazi a réduit au tiers la quantité d'électricité produite dans la région. Laquelle situation a obligé les autorités à des coupures systématiques durant la journée avec tout ce qui s'ensuit comme désagréments.