Les Occidentaux ont mis la pression samedi sur les factions libyennes pour qu'elles mettent enfin en place un gouvernement d'union nationale, sur fond de chaos et de montée de l'Etat islamique. "Il n'y a plus de temps à perdre pour que ce gouvernement d'union nationale puisse prendre ses fonctions et s'installer à Tripoli en toute sécurité", a souligné le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'une réunion à Munich (sud de l'Allemagne) sur l'avenir de la Libye avec notamment ses homologues américain, allemand et italien. "Ce qui se passe à quelques centaines de kilomètres de l'Italie ne peut nous être égal en Allemagne et en Europe (?) et ça ne nous est certainement pas égal quand, à côté de l'Europe, les milices terroristes du groupe Etat islamique prennent pied", a de son côté martelé le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué. Lors de cette réunion, les chefs de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne, égyptienne, de l'UE et l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, ont exhorté le président du Parlement de Tobrouk (est) reconnu par la communauté internationale, Aguila Saleh, à approuver le gouvernement d'union nationale. "Nous avons (...) indiqué que nous attendions beaucoup de lui pour qu'il apporte son soutien et l'investiture de la Chambre des représentants au projet de gouvernement qui est en cours de préparation", a souligné M. Ayrault. "Notre message est : le temps des manoeuvres tactiques est passé, maintenant il est temps de faire preuve de responsabilité pour la Libye", a souligné M. Steinmeier. "Il faut aller vite, aussi vite que possible (...) Il en va de l'intérêt des Libyens, de l'intérêt et de la sécurité des pays de la région et il en va aussi de la sécurité en Europe", a renchéri M. Ayrault. Ceux qui "s'opposeront" à ce processus politique se verront infliger des "sanctions" de la part de la communauté internationale, a mis en garde le ministre français. Ces appels interviennent alors que le Conseil, composé de neuf membres de factions rivales libyennes et dirigé par Fayez al-Sarraj, un homme d'affaires appelé à devenir le futur Premier ministre, a jusqu'à dimanche pour former le gouvernement dans le cadre de discussions à Skhirat, au Maroc. Un premier gouvernement de 32 ministres avait été rejeté le 25 janvier par le Parlement reconnu par la communauté internationale. Le choix du ministre de la Défense entrave la formation d'une nouvelle équipe, le général controversé Khalifa Haftar, commandant des forces basées dans l'est du pays, craignant que la personne retenue ne lui fasse de l'ombre. La Libye, déchirée par le chaos politique - avec deux gouvernements rivaux, à Tobrouk et Tripoli - et les violences entre factions, est en outre confrontée à une montée en puissance du groupe Etat islamique (EI) le long de ses côtes. Les Occidentaux, inquiets de l'installation d'un bastion de l'EI à 300 kilomètres seulement de l'Europe, se disent prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu'un gouvernement d'union nationale en fasse la demande. Depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aussi devenue une base arrière pour les passeurs organisant les traversées de migrants vers l'Europe.