Il ne peut y avoir de changement du système sans passer par des conflits éventuellement durables, car aucune partie n'est réellement prête à abandonner. Il en est autant du passage de l'autoritarisme vers l'islamisme que vers la démocratie. Un constat est à faire. Aucune transition n'a encore abouti dans les pays arabes. Tous les pays arabes qui disaient s'être engagés dans un processus de démocratisation n'ont jamais pu faire aboutir celui-ci. Pourquoi ce ratage ? D'abord, aucun pouvoir en place n'a admis d'accepter de s'appliquer le processus d'euthanasie politique. Il est prêt à élaborer lui-même les réformes politiques selon sa propre conception et à en conduire lui-même leur mise en œuvre. Bien entendu, il les conduira selon le rythme qu'il aura défini lui-même. Même le contenu du concept de démocratie sera défini par lui-même. Peut-on être juge et partie ? Apparemment non, en termes de stabilité et de sécurité, car aucun pays arabe engagé dans une transition n'a connu de période sereine. Nous disons bien aucun. Durant cette phase de transition, les lois en vigueur ne changent pas à la même vitesse que les mutations politiques qui voudraient court-circuiter les différentes étapes indispensables à l'apprentissage des acteurs et des populations. Pour les personnalités et les partis politiques d'opposition, le modèle de fonctionnement de la démocratie est à puiser dans les pays occidentaux. Bien entendu, ils ne tiennent pas compte que ces pays ont des siècles de fonctionnement proche de la démocratie. Les phases de transition sont les plus dangereuses car rien ne correspond à rien, en termes de planification. On ne peut pas planifier ce qui n'est pas technique.