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Les camps de regroupement Messelmoune et Bouzerou

Les habitants du douar Bouhlal, les Beni Ferah, de la région de Cherchell, furent évacués de leur demeure au début du mois de septembre 1958, à la suite d'une opération militaire menée à Titouilt dans la montagne, au sud de Messelmoune, une dizaine de jours avant le 25 août où l'armée française avait subi de lourdes pertes. Ils furent déplacés loin de chez eux, certains à Messelmoune, sur la côte, d'autres à Bouzerou, sur la crête du djebel qui porte le même nom. Ils étaient au total 3 901 selon les chiffres donnés par l'administration française.
Le douar Bouhlal, un espace de vie qui disparut ainsi totalement, était le bastion de l'ALN. Délimité au sud par la barre rocheuse des Braz, il a la forme d'un grand plateau de trois kilomètres carrés, appelé Ouadha-en-Tatcha, d'une altitude de 900 mètres. L'oued el Kebir qui le traverse se jette dans la méditerranée sous le nom d'oued Sebt.
Le douar Bouhlal était un des sept douars qui constituaient la commune mixte de Cherchell. C'est de là qu'est partie l'extension de la lutte vers les douars du sud de Cherchell et de Gouraya. Hayouna, une de ses six fractions, donna refuge au premier hôpital de campagne de l'ALN, dans la région fraîchement organisée au mois de juin 1956. Les habitants constituèrent un véritable vivier.
Pour les mettre «hors de combat», les officiers du 22ème R.I, cantonnés dans le village européen de Gouraya, firent raser les maisons et entassèrent les habitants dans les camps de Messelmoune et de Bouzerou. le camp de regroupement de Messelmoune : Rencontrés à Messelmoune où ils demeurent, des anciens de ce camp se souviennent. Nous avons commencé par voir les gens du douar Bouhlal déplacés, fin août 1958, à Messelmoune, sur le littoral. Voici quelques faits extraits des récits.
A - D'abord
1-Conditions d'évacuation des lieux transformés en no man's land
Hammiche Fatma veuve Arridj Mohamed, aujourd'hui âgée de 76 ans, rencontrée chez elle, à Messelmoune.
«J'habitais un gourbi à Immalayène, sur les berges d'un oued, à un kilomètre à peu près au sud de Hayouna. Les militaires sont venus un matin du mois d'août. C'était en 1958. Ils nous ont sortis de force de la maison. «Allez fissa» (allez, vite), criaient-ils. Ils ne m'ont pas laissée le temps de prendre quoi que ce soit. Mon mari était dans la forêt. Il s'était sauvé avec son frère Ramdane, à l'annonce par un guetteur de l'arrivée des soldats. Les militaires m'ont conduit avec les enfants dans une clairière, puis ont mis le feu à la maison».
Maazouzi Abdelkader, né en 1948. Il avait dix ans à l'époque des faits. Aujourd'hui commerçant à Cherchell :
« J'ai senti ma vie basculer lorsque les militaires nous ont sortis de la maison. Mon père avait fui dans la forêt. Nous habitions à Seffalou, au sud de Hayouna. Une région qui a souffert des nombreux ratissages ».
Moussaoui Mohamed, né en 1936. Aujourd'hui agriculteur.
«L'armée ne nous a pas avertis. C'était la période des moissons et de la cueillette des figues. Nous avons eu juste le temps de ramasser des fèves, des lentilles, des figues séchées. Nous avons placés le tout dans des ballots sur les mulets puis avons rassemblé à la hâte les chèvres et les vaches. Nos réserves sont restées dans les matmouras*».
Taberkouk Ahmed, né en 1943. Retraité de l'Armée nationale populaire (ANP).
«A Taourira, on savait qu'on devait quitter les lieux avant le 31 août 1958. Passé ce délai, c'était la mort. L'information avait circulé de bouche à oreille. Nous avons mis nos effets dans des ballots et rassemblé le bétail. Nous avons pris le chemin du littoral en traversant les propriétés des voisins arrachés eux aussi à leurs biens.
Il n'y avait pas d'autres chemins d'ailleurs. Arrivés à Novi, sur l'axe côtier, nous avons entendu l'artillerie bombarder nos maisons à partir de La Pointe des Oliviers et sa piste pour piper».
Ghilaci Mouloud, 67 ans. Retraité de l'éducation nationale. Il vit à Hadjret Ennous.
« Le choc subi lorsque les militaires m'ont sorti de la maison hante mes nuits. J'avais huit ans ».
Bouhaddi Brahim, né en 1949 au douar Bouhlal.
« Après nous avoir chassés, les militaires ont brûlé la maison familiale où je suis né, à Bouhi, un petit hameau à l'ouest de Hayouna. »
2-Conditions du déplacement forcé
Hammiche Fatma veuve Arridj
«J'ai fait le chemin, à pied, de Immalayou à Hayouna, portant sur le dos ma fille, brulée lors d'un bombardement. A Hayouna, les militaires nous ont embarqués dans des camions. J'étais avec les quatre familles Arridj, elles aussi expulsées brutalement. Le trajet fut pénible. A l'approche du littoral, à la vue de la mer immense, j'ai eu peur. J'ai eu le sentiment qu'on allait nous jeter à la mer que je n'avais vue de si près ».
Ghilaci Mouloud
« J'ai fait le déplacement à pied. Je suivais mon père Mohamed, âgé de 49 ans, ma mère Tassadit, 43 ans, mon frère aîné Mohamed, 23 ans, et son épouse. Je tenais la main de ma sœur Zohra, 10 ans. Autour de moi marchaient mes frères Belkacem, 14 ans, et Amar, 12 ans. Nous avions pris avec nous des chèvres, les deux vaches et des ballots d'effets ».
Maazouzi Abdelkader
« On nous a rassemblés avec d'autres familles arrivées des hameaux voisins, Teghanimet, Allouche, Amroune, Iboughrithène. Nous étions plus d'une centaine de personnes, la plupart des femmes, des enfants et des vieux. Les militaires ont mis le feu aux maisons.
On a marché jusqu'à Hayouna, distante d'une dizaine de kilomètres. Nous avons passé la nuit à la belle étoile. Ma mère avait eu juste le temps d'emporter une gourde de petit lait que nous avons partagé mes frères et moi. Nos voisins d'Abroune, Lalaoui et Bakhti, avaient ramené des chèvres. Ils les ont fait cuire à la braise. Nous avons partagé leur repas du soir. Le lendemain - le soleil était déjà levé- les militaires nous ont embarqués dans des camions.
Je montais pour la première fois dans une voiture. Des enfants et des vieilles femmes ont vomi en cours de route. Personne ne supportait les coups de frein du camion lorsqu'il prenait les virages. C'était le voyage vers l'inconnu. Lorsque le convoi s'est approché du littoral, j'ai été pris de vertige. J'ai eu peur. J'avais le sentiment qu'on allait nous jeter à la mer ».
B-Le camp 1 – Les lieux
Hammiche Fatma veuve Arridj
«C'est sur une plage déserte, au sable gris sali par les déchets et le goudron déposés par la mer les jours de houle, que nous avons été déposés, au crépuscule. Un bas-fond à l'air mal sain. Je voyais la mer à mes pieds.»
Hammiche Djelloul, né en 1937. Rencontré chez lui, à Sidi Djillali.
«J'ai passé trois ans au camp de Tamloul (1959-1962), au bas de l'oued Rhardous qui prend sa source dans le djebel Maad, un lieu ouvert à tous les vents, ceinturés de barbelés, éloignés de sept kilomètres de ma maison natale où je vivais avec ma mère, mon épouse, mes trois frères et ma sœur.
Nous avions laissé derrière nous la maison en flammes, incendiée par les militaires qui menaient un grand ratissage dans la région d'Ouled Larbi. C'était au mois de mars 1959. Nous étions partis, à pied, emportant avec nous de maigres biens que les militaires avaient bien voulu nous laisser prendre. Nous avions pu prendre également nos chèvres ».
Vu de l'extérieur, le camp de Tamloul est décrit par les soldats français comme « un rectangle de huttes et de branchages d'un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, dix-huit ilots, six à dix familles par ilot, trois points d'eau » (...) et tout autour, au ras des mechtas extérieurs, des chevaux de frise d'un mètre de haut sur trois mètres de large, odieuse ceinture qui ne se franchit que matin et soir et sous contrôle des piquets de gardes à deux portes »*.
« Ces portes de l'humiliation. C'est par ces portes où j'étais, à chaque fois, soumis à la fouille au corps, que je sortais pour conduire, aux pâturages, mon petit troupeau de chèvres et les deux vaches que j'avais pu ramener de Bouaali avec moi », se souvient Hammiche Djelloul.
Ghilaci Mouloud
« Au moment de la fouille, j'avais peur. Les militaires nous sortaient brutalement du gourbi et nous laissaient debout au soleil. Mon séjour de quatre années au camp a été marqué par deux évènements : mon entrée à l'école française, ouverte sous une tente, en octobre 1959, par les militaires, et la naissance d'une petite sœur en 1960. J'aimais l'école. J'étais d'ailleurs le premier de la classe ».
Maazouzi Abdelkader
« Les limites naturelles du camp étaient le vignoble et la mer. Nous avons été placés d'abord sous une tente pendant un mois. Il y avait avec nous les familles Laalaoui, Bekhti, Yousfi, Arbouche, Morsli, Badri, Boukri, Bahli. Puis nous avons «aménagé», sur la plage, dans un gourbi construit par des prisonniers».
(Suivra)


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