L'année 2016 sera certainement celle de la relance des activités portuaires en Algérie. Telle est l'interprétation à accorder aux initiatives prises ces derniers mois par le ministre des Transports Boudjema Talaï. Elle sera à l'exemple de celle portant sur le rajeunissement des effectifs managériaux en procédant au changement de huit directeurs généraux qui étaient en poste dans les différents ports du pays. Ils ont fait les frais de la nouvelle démarche portant sur une redéfinition des missions des ports d'Algérie. C'est aussi l'objectif fixé aux nouveaux directeurs généraux appelés à une réunion jeudi prochain au siège du ministère des Transports. Il sera question, entre autres, de relais pour l'exportation, du rôle déterminant des ports et des ports secs pour la promotion de ce secteur et de la nécessité de rendre compétitif le coût logistique. Au vu de ce qui se passe dans les autres ports du bassin de la Méditerranée et de par la perpétuelle mise sous l'éteignoir des activités portuaires en Algérie, cette démarche est devenue incontournable. Elle intervient à la veille de la tenue d'une autre réunion aussi importante que celle du Conseil des participations de l'Etat dont les membres sont appelés à entériner les contrats de partenariat dans différents domaines d'activités. Dans le lot, il y a celui du mégaprojet du port d' El-Hamdania (Cherchell) soumis par le ministère des Transports qui porte création de la société mixte algéro-chinoise. Elle est chargée de la construction et, par la suite, de l'exploitation du mégaprojet du futur port d'Algérie. Implanté à El Hamdania, il sera l'un des plus grands du bassin méditerranéen. Sa réalisation prévue pour s'achever en 2020, nécessitera l'engagement de 3,3 milliards de dollars. Ce montant, ou du moins la plus grande partie à laquelle l'Algérie ne pourra pas faire face pour cause de crise économique, sera pris en charge par la Chine. Nos sources ont précisé que conformément aux dispositions du protocole d'accord, cette société de droit algérien sera constituée du Groupe public algérien des services portuaires et de deux entreprises chinoises, la «China State Construction Engineering Corporation (CSCEC)» et la «China Harbour Engineering Company (CHEC)». Une troisième entité économique, la «compagnie chinoise Shanghai Ports», se chargera de l'exploitation du futur plus grand port commercial de tout le pays. Avec ses 20 mètres de tirant d'eau, le port disposera de 23 quais d'une capacité de traitement annuel de 6,5 millions de conteneurs et de 25,7 millions de tonnes de marchandises générales. Les experts ont estimé que le futur port d'El-Hamdania représente la délocalisation du port d'Alger. Plus que saturé, celui-ci ne répondrait plus aux nouvelles exigences sécuritaires et environnementales. Il est également souligné que : «pour la Chine, ce nouveau port représente un enjeu stratégique et économique, dans le sens où il s'agit d'un pivot logistique régional qui lui permettra d'accéder à l'océan Atlantique via le canal de Suez». Les mêmes experts ont estimé que le port «El Hamdania» de Cherchell représente pour les Chinois une plateforme méditerranéenne à même de leur faciliter un redéploiement maritime vers l'Afrique de l'Ouest et vers les marchés de l'Europe de Nord. Il est souligné que cette future infrastructure maritime stimulera la concurrence entre les ports européens et Nord africains de la Méditerranée. En tout état de cause, la position géostratégique de l'Algérie en mer méditerranée et la réalisation du port de Cherchel permettra à la Chine d'avoir une totale liberté pour la maitrise de son réseau de transports maritimes.