Faut pas jouer avec Poutine... Le maître du Kremlin a donné une carotte avec le retrait partiel des forces russes afin de donner une chance aux pourparlers de paix. Mais le bâton n'est jamais loin... Plusieurs développements récents le montrent : -Moscou avait déjà prévenu que l'ensemble des avions pouvait revenir en quelques heures. -Malgré le retrait, les Russes ont continué à aménager les infrastructures de leurs bases syriennes, notamment la base aérienne de Khmeimim, y ajoutant d'ailleurs au dernier moment quelques appareils (MI28 et K52). -Remettant une couche, l'état-major a averti qu'il agira unilatéralement «avec la plus grande force» contre les groupes qui violeront la trêve, tout en avisant les Américains qu'ils feraient bien de coordonner avec les Russes une réponse commune aux violations. Enfin, Poutine vient de rappeler que les systèmes de défense anti-aérienne sont restés en Syrie et sont en alerte permanente . « Tous nos partenaires ont été prévenus ». Juste au cas où quelques gros malins à Ankara ou à Riyad penseraient que... Sur le terrain, la progression contre Daech continue et Palmyre devrait bientôt être reprise (mais dans quel état ?). La lutte contre Al Qaïda se poursuit également dans la province de Hama. Enfin, l'Iran devrait bientôt envoyer des forces spéciales pour aider l'armée syrienne, officiellement en tant que « conseillers militaires » (mais vu l'entraînement qu'ils ont reçu...) Quant aux bisbilles entre Kurdes et forces loyalistes, tout est entré dans l'ordre (quelques coups de téléphone ont dû être passés de Moscou). En Syrie, tout semble aller bien pour le 4+1. Pas étonnant que la corporation médiatique occidentale garde un silence assourdissant... Ceci étant, il semble que la déesse Momos ( dans la mythologie grècque représentant le sarcasme et la moquerie) se soit réveillée de son sommeil olympien pour jeter un oeil vers l'est, sur le conflit syrien, et saupoudrer la scène d'ironie. Il est en effet difficile de réprimer un sourire quand on voit que le tout dernier développement a réussi l'incroyable exploit de réunir dans la même barque Assad, l'opposition anti-Assad, Erdogan, les Saoudiens et les Américains ! Dans une précédente chronique, nous écrivions : Quant au futur de la Syrie, là aussi tout semble aller dans la direction indiquée par Moscou. Nous avions évoqué la proposition russe d'une fédéralisation du pays avec des régions bénéficiant d'une réelle autonomie, le Kurdistan au premier chef. Or, cette idée de simple bon sens est suffisamment sérieuse pour être maintenant discutée par les grands dans les travées de l'ONU. Inutile de dire que l'opposition et ses parrains turco-saoudiens n'y sont pas du tout, mais alors pas du tout favorables. Inutile de dire également qu'ils n'ont plus beaucoup de marge de manoeuvre pour faire entendre leur voix... Les Kurdes ont pris Poutine au mot et annoncé la création d'une région fédérale sur tous les territoires qu'ils contrôlent, c'est-à-dire la majeure partie de la frontière syro-turque mis à part le couloir de plus en plus étroit encore tenu par Daech. Cette décision unilatérale des Kurdes syriens, soutenue en sous-main par Moscou, est somme toute logique puisqu'ils ont été une nouvelle fois exclus des négociations de Genève par les Américains sous l'intense pression d'Ankara. (A suivre)