Dispositifs sécuritaires fortement renforcés aux frontières ouest et sur toutes les voies de communication au nord et au centre du pays, les réseaux de narcotrafic n'ont autres choix que de changer en permanence leurs circuits d'acheminement. En provenance traditionnelle du Maroc et à destination aux marchés européens et de Moyen-Orient, le kif marocain ne trouve aucune alternative au transit obligatoire par l'Algérie pour atteindre la Libye et l'exportation vers ces marchés favoris. L'occupation quasi-générale du terrain par les éléments de gardes-frontières accompagnée de tranchées et d'obstacles aux frontières ouest dépendant de la wilaya de Tlemcen a permis de coincer de plus les réseaux de narcotrafic. Outre cette première ceinture notamment au niveau de Maghnia, les éléments des brigades territoriales constituent une seconde ceinture appuyée par un énorme travail d'investigation opéré par les brigades spécialisées d'où cette tendance très ressentie de créer de nouveaux itinéraires pour le narcotrafic dont celui de passer par des frontières les plus difficiles pour transiter par Mecheria puis à d'autres wilayas. Le développement des modes opératoires de la mafia des stups n'a pas échappé aux services de la gendarmerie qui ont adapté leurs dispositifs et plan d'action à Naâma où, rien que pour le premier trimestre, quatre importants réseaux internationaux de narcotrafic sont tombés. Venant de la frontière ouest pour transiter via cette wilaya vers Sidi Bel-Abbès, El-Bayadh, Adrar et Béchar vers le Grand sud, le sud-est puis atterrir en Libye, les tentatives d'acheminement du cannabis de «qualité supérieure» ont été avortées à Naâma et notamment à Mecheria grâce à des dispositifs adaptés et de plus en plus imperméables. En somme plus de 46 quintaux de la substance «made in Morocco», ont été saisis dans quatre grandes affaires impliquant 17 personnes arrêtées et d'autres identifiées et activement recherchées. Lors de notre déplacement à Mecheria vendredi et samedi, nous avons pu assister à la clôture de la plus récente affaire concernant le démantèlement d'un réseau impliquant sept personnes interpellées en flagrant délit de trafic de près de 11 quintaux de cannabis. Selon les explications fournies par le commandant de groupement de la gendarmerie de Naâma, le colonel Belkacem Ferhat, les criminels préparaient leur coup depuis plus d'un mois pour acheminer le kif par Tlemcen, Naâma, vers Reggane et In Salah (Adrar), et d'autres wilayas pour atteindre la Libye. Les investigations entreprises par les services de la gendarmerie ont révélé un énième nouvel axe emprunté par les réseaux organisés pour l'export de la marchandise prohibée la plus fructueuse au monde. Autrement dit, les réseaux impliquant Marocains, Algériens, Libyens, Tunisiens et Européens (destination finale), ressentent de plus en plus l'étau imposé par les services de sécurité algériens les obligeant à opter pour de nouveaux itinéraires. Notre présence à Mecheria nous a permis de constater de très près les différents angles de cette affaire résolue grâce à un travail d'investigation et un plan opératoire bien étudiés et adaptés aux circonstances. 17 milliards de pertes pour le dernier réseau démantelé à Mecheria Le colonel Ferhat a tenu, en s'exprimant sur la plus récente affaire de narcotrafic, à souligner que toutes les affaires du genre n'ont pas débuté à partir des frontières de la wilaya de Naâma avec le Maroc mais de plus haut, soit des frontières de la wilaya de Tlemcen. Ceci ne veut aucunement dire que le dispositif au niveau de cette dernière wilaya est faillible mais plutôt que les narcotrafiquants tentent coûte que coûte de passer par ses frontières puisqu'ils sont dans l'impossibilité de transiter par les frontières de Naâma et ce, pour deux raisons principales. La première est que la zone frontalière de Naâma est presque déserte (sans habitants) d'où la possibilité de dévoiler tout mouvement suspect notamment au niveau de la zone protégée où tout accès doit être justifié et la seconde est évidement l'occupation permanente du terrain par les éléments des gardes-frontières ainsi que «la parfaite coordination» entre les différents services de sécurité. Pour revenir au dernier réseau démantelé il y a quelques jours, le colonel Ferhat a indiqué que l'exploitation des renseignements concernant cette affaire a permis de mettre le dispositif nécessaire à l'endroit qu'il faut. En effet, le barrage installé sur la RN95 reliant Ras El-Ma (Naâma) à El-Biodh (Saïda) a détecté le mouvement de trois véhicules légers et un camion impliqués. La drogue se trouvait dans le camion transportant également des légumes notamment les choux pour dissimuler l'odeur du cannabis, escorté par une Seat Léon, une Peugeot 307 et une Peugeot 208 à bord desquelles se trouvaient les sept malfaiteurs. Le contrôle desdits véhicules a permis, grâce à une fouille minutieuse et l'intervention de la brigade cynophile, la découverte dans le camion des choux de près de 11 quintaux de kif traité en 35 colis et des plaquettes portant tous la mention de «Aigle», soit l'une des prestigieuses marques du cannabis destiné à «l'exportation» aux marchés luxueux. Il s'agit, également, de la saisie d'une importante somme d'argent en dinars (recette du trafic) et une dizaine de téléphones portables. Les mis en cause âgés entre 22 et 52 ans et originaires de différentes wilayas devront être présentés aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal de Mecheria. Notons enfin, que la valeur de la marchandise saisie dans cette affaire avoisine les 17 milliards de centime à raison de 1,5 milliard le quintal.