En visite de travail à Moscou à la fin du mois d'avril, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, est revenu avec ce qu'il a estimé être des perspectives de coopération algéro-russe dans son secteur. Les projets importants appelés à être matérialisés prochainement concernent la transformation du phosphate. «Les négociations sont bien avancées entre un institut russe et le groupe industriel public algérien Manal pour la matérialisation d'un grand projet d'exploration et de transformation des produits minéraux découverts en commun», a révélé le ministre. Il a également cité le projet mis en place avec le concours d'un groupe russe pour la fabrication de wagons pour la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). Cependant, force est de dire que ces bonnes intentions devraient mettre du temps pour être matérialisées conformément aux orientations édictées par la feuille de route du gouvernement. Le bilan dressé, il y a presque deux années par le MIM, est toujours d'actualité. La feuille de route que son département a mise à exécution porte sur le déploiement d'un nouveau programme quinquennal de développement et la mise en œuvre de la nouvelle politique industrielle de l'Algérie dont le secteur des mines. Pour l'heure, les contraintes persistent toujours. Elles ont été dénoncées par Abdesselam Bouchouareb lui-même, notamment, celles inhérentes à l'insuffisance des compétences dans les domaines de la recherche et de l'exploitation minières, du financement de la recherche géologique et minière par les entreprises publiques dont le management est globalement qualifié d'inefficace. Deux années après, ce bilan reste d'actualité malgré les moyens mis en œuvre pour impulser ce que le ministre avait qualifié de «nouvelle dynamique au secteur minier». Ferphos est la seule entreprise publique économique qui donne satisfaction. Ces deux dernières années, les dirigeants de cette EPE ont réuni les conditions nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Selon le MIM, l'entreprise Ferphos est prête à produire annuellement 5 millions t/an de phosphate traité dès 2017 et 10 millions t/an à l'horizon 2020. D'autres sources affirment que ces ambitions ont été revues à la hausse. Il serait question d'atteindre 20 millions tonnes/an de phosphate traité dont 80% destinés à l'exportation. Il reste, cependant, que dans d'autres créneaux, la situation n'est pas à l'optimisme. On en est arrivé à la question de redéfinir avec précision les missions et les priorités du Groupe Amnal pour, a-t-on argumenté, permettre la relance et le développement des activités de recherche géologique et minière. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le ministère a instruit l'ENG, l'Enof et l'Enamarbre à l'effet de développer la production de sable siliceux, du carbonate de calcium ainsi que les marbres, pierres ornementales et granites. Mais avec quoi, avec qui, comment quand on sait que le centre de recherche et développement dont devait se doter le Groupe Amnal est toujours au stade de projet. C'est dire que la réalité sur terrain implique qu'à l'exception du phosphate, l'on est loin des objectifs tracés. Rien n'est venu secouer le cocotier de la recherche minière au niveau des entreprises. Rien aussi du côté des investissements publics ou privés pour la concrétisation de projets miniers ou des découvertes de nouvelles réserves géologiques et minières. On en est au même stade de la somnolence des précédentes années. Bon nombre d'opérateurs économiques s'interrogent sur ce qu'il est advenu des projets de création de centres pour la formation dans les domaines de la recherche et de l'exploitation minières, et celui destiné à la prise en charge de la formation du personnel technique. La feuille de route établie par le gouvernement n'a pas été appliquée en termes de projets planifiés pour la formation, de recyclage et de régénération du vivier des compétences managériale et technique. La même situation caractérise la création d'écoles de métiers de marbre, pierres décoratives, pierres semi-précieuses et autres, notamment dans la région du sud. Et lorsqu'il est dit que «...notre pays dispose d'un potentiel réel, à l'exemple du carbonate de calcium, de la bentonite, de la baryte, du sel, du marbre et du granite», l'on s'étonne que le ministère n'ait pas réagi à la gestion en dilettante de la richesse de notre sous-sol hors hydrocarbures et l'absence de toute démarche tendant à la création de l'agence du service géologique de l'Algérie «ASGA», et celle des activités minières (Anam). A celle-ci, est dévolue la gestion du patrimoine minier et du contrôle des activités minières. Lors d'une récente rencontre qu'il a présidée et regroupant les cadres du secteur, les directeurs de l'industrie de wilaya et l'ensemble des organismes et institutions sous tutelle, le ministre de l'Industrie et des Mines Abdesselam Bouchouareb a annoncé que le gouvernement va réviser prochainement la loi sur les mines afin de mieux valoriser les sites miniers à travers le pays, et faciliter leur exploitation via les projets d'investissement. Cette loi, très attendue, remplacerait celle de 2001. «Toutes les contraintes seront levées pour donner un nouvel élan au secteur minier à même d'atteindre l'autosuffisance en produits miniers et exporter» avait précisé le ministre. Des projets de partenariat dans les mines avec la Russie sont prévus dans les prochains mois.