Il est souvent arrivé que nous appelions de tous nos vœux à ce que les grands industriels et les grands opérateurs puissent contribuer, et Dieu sait combien ils le peuvent, à faire essaimer le monde des arts, à l'instar des grands acheteurs, mécènes et collectionneurs du monde libre. Si l'on considère les énergies artistiques qui existent ici bas, en Algérie, on reste encore tétanisé par le manque d'entrain que nos richissimes opérateurs prouvent sur le terrain culturel pendant que des galeries entières sont « mécènées » par des collectionneurs et que des salles, des expositions sont produites dans le monde. Quelques petits ilots de soutien prennent leur envol et on peut dire que Ezzou'Art Galerie, financée par le Centre commercial et des loisirs entre un peu dans cette catégorie qui accueille des expositions, les accompagne jusqu'à la vente. Un exemple à développer plus largement quand on sait que des aigrefins de tous bords vendent en douce à des prix faramineux des artistes alors qu'au grand jour ils pleurent misère en affirmant que le marché de l'art n'existe point. La galerie Ezzou'Art accueille donc pour cette aventure artistique de ce mois du 21 mai au 9 juin 2016, un artiste fougueux, dynamique qui sans avoir l'air d'y toucher commence bien efficacement à faire son chemin, la galerie ouvre ses cimaises donc à Khaled Bessaïeh Rochedi pour un présentation originale, sur une douzaine d'étapes peintes...à l'huile, pour certaines, reliques des anciennes inspirations le couteau est de rigueur sur des portraits taillés à la serpe. Le thème est « Peinture en poésie ». Il s'agit de peinture de genre avec des scènes qui prennent à contre-pied les clichés et les stéréotypes admis dans le domaine. Le plasticien est certes novateur, mais il entreprend son art sur des notes classiques de la peinture, entre modernité et référents ancrés sur par exemple quelques notes de Le Gréco qui avait un peu surdimensionné les cous, donnant un caractère plus hiératique et plus tragique à ses personnages. Modigliani, qui entame aussi cette marche vers la dramaturgie, dont on n'ignore pas le caractère biographique chez Amedeo Modigliani. Rochedi, lui, nous propose un assortiment de notes poétiques, en appoint aux peintures qui vont du moyen au large format. Les couleurs sont franches, flambantes, à la limite du fauve. La poésie explicite un tant soi peu le sentiment du peintre. Les sujets paraissent évidents, mais ils sont en fait abstractifs tant ils font perdre le spectateur dans des mystères infus. Inutile de demander au plasticien ce qu'il en pense, il est lui-même sans réponse, il faut dire que Khaled Bessaïh Rochedi, n'est pas un inculte, s'il ne répond pas, c'est parce qu'il peint comme il respire, tout naturellement, et les réponses qu'il induit seront sans nul doute dans la clé des poésies qui jouxtent chacune de ses peintures. Voilà un étonnant personnage au talent flamboyant aussi discret et modeste que sa propre lumière qui nous propose élégamment une immense partie de lui-même dans le dévouement le plus complet. Cette exposition est un voyage dans des contrées mystérieuses assez vivace dans la forme et c'est là tout l'intérêt de ce travail qui vaut le détour. Khaled Rochedi Bessaih, l'artiste peintre, est natif du 28 octobre 1976 à Paris, il vit et travaille à Alger. Il fréquente, l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts d'Alger puis entame une année à la faculté de droit d'Alger, aventurier sans doute dans l'âme, il disparait des radars pendant 7 ans qu'il passera à Paris. Il profite de cette étape dans l'ancienne Lutèce pour nourrir son âme de musique et de peinture. Il y a dix ans de cela, il rentre en Algérie pour reprendre ses études de droit. Une fois, il rencontre l'artiste plasticien Farid Benyaa, qui l'encourage avec bienveillance en ranimant l'envie de peindre après avoir vu quelques-unes de ses toiles timidement présentées d'ailleurs. En 2010, la licence de droit est enfin en poche, il peut se permettre de renouer avec ses premières amours. Les pinceaux reviennent à la vie, et il remet la peinture mettant de côté ses doutes et cette modération mal appropriée. Le 28 février 2015, il ouvre sa propre galerie d'art, la galerie d'art « Rochedi » qui a vu le jour grâce aux encouragements de sa femme et de son ami Farid Benyaa et depuis, se consacre à la peinture et sa musique. Il aspire aujourd'hui à faire de son univers sa véritable raison d'être «La réalité est une vallée dominée par des collines rêveuses car l'art est un rêve, un éveil en lequel sommeil monts et merveilles». Le comportement et la posture que peut adopter une personne constituent à ses yeux la genèse et l'essence même d'un portrait. Disant que c'est ce qui va mettre en exergue l'ambiance de l'œuvre et l'émotion qui s'en dégage. Une verticalité des formes qui suggère d'une certaine manière l'élévation de l'esprit, voire l'émancipation d'une société truffée de préjuger. Selon chaque sujet cette verticalité va se voir détournée par des courbes qui viennent souligner un parcours de vie, un moment de doute, voir un élan pour mieux s'élancer. Ainsi, la longueur des cous de ses modèles représente pour lui une forme d'espoir qui tant vers un idéal.....plus les formes sont longues plus l'espoir et l'ambition d'atteindre son idéal est grande. L'idéal aussi étant de voir ses couleurs acidulées dans l'ésotérisme le plus absolu, Khaled Bessaïh Rochedi et à suivre au plus près. Exposition, «Peinture en poésie» de Khaled Bessaïh Rochedi ; visible du 21 mai au 9 juin 2016 à Ezzou'Art, Galerie du Centre commercial et de loisirs Bab Ezzouar. Entrée libre.