Les forces d'élite irakiennes ont annoncé être entrées, lundi 30 mai au matin, dans la ville de Fallouja pour chasser le groupe djihadiste Etat islamique (EI) de ce bastion djihadiste situé à seulement 50 km à l'ouest de Baghdad, ont annoncé des commandants de l'opération. Selon Sabah Al-Nomane, un porte-parole des forces d'élite du contre-terrorisme, les forces irakiennes sont entrées dans ce bastion de l'EI par trois directions. Alors que l'ONU et les ONG s'inquiètent pour le sort des civils pris au piège de combats, quelque 50 000 habitants étaient bloqués à Fallouja, manquant de nourriture, d'eau potable et de médicaments. Depuis le 21 mai, environ 3 000 personnes ont pu sortir des banlieues de la ville «épuisées, effrayées et affamées», mais des milliers d'autres sont restées bloquées «sans aide ni protection», selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), qui craint de nouvelles vagues de déplacés avec l'intensification des combats. Grand objectif de la coalition internationale Fallouja est la première ville à être tombée aux mains de l'EI en janvier 2014 avant même la fulgurante offensive djihadiste lancée cinq mois plus tard qui avait permis au groupe extrémiste de s'emparer de vastes régions d'Irak, dont Mossoul, la deuxième ville du pays, toujours sous son contrôle. La reprise de Fallouja est ainsi devenue, avec celle de Mossoul et de Raqqa en Syrie, le grand objectif de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. En Irak, outre l'offensive sur Fallouja, l'EI fait face dans le nord à un assaut des forces kurdes irakiennes soutenues par l'aviation de la coalition internationale. Les Etats-Unis lui ont repris des secteurs à l'est de la ville septentrionale de Mossoul, principal bastion djihadiste en Irak. A Mossoul, avant un éventuel assaut sur la ville même, les forces kurdes irakiennes ont lancé dimanche avant l'aube une offensive à une trentaine de kilomètres à l'est de la cité, afin «d'augmenter la pression sur l'EI», selon un communiqué militaire urde. Dix heures après le début de l'opération, à laquelle prennent part 5 500 combattants, trois villages avaient été repris par les forces kurdes. Quels sont les enjeux de la bataille de Fallouja ? Du haut du talus de sable qui marque la ligne de front, les premières lignes défensives de l'organisation Etat islamique (EI) autour de Fallouja, son principal fief dans la province sunnite de l'Anbar, ne sont qu'à une centaine de mètres, derrière les bâtisses et les palmiers qui se dessinent à l'horizon. Des marais parsemés de roseaux séparent les positions des combattants sunnites d'Amriyat Al-Fallouja de celles des djihadistes. La grande bataille est enfin arrivée pour le cheikh Fayçal Al-Essaoui, sous-préfet d'Amriyat Al-Fallouja, 30 000 habitants, et ses combattants tribaux. L'occasion pour eux de prendre leur revanche. Pendant deux ans et demi, les 2 000 hommes ont résisté aux assauts de l'EI contre leur bourgade, située à une quinzaine de kilomètres au sud de Fallouja, première grande ville d'Irak à être tombée aux mains des djihadistes en janvier 2014.