Victoire n Les forces irakiennes ont pris d'assaut, ce lundi matin, Fallouja, bastion du groupe Etat islamique (EI) situé à seulement 50 km de Bagdad. Conduites par le service d'élite du contre-terrorisme (CTS), l'unité de combat la mieux entraînée d'Irak, les forces du gouvernement sont entrées dans la ville de Fallouja par trois directions avant l'aube, ont indiqué des commandants de l'opération. «Les forces irakiennes sont entrées dans la ville avec le soutien aérien de la coalition internationale et de l'armée de l'air irakienne ainsi que l'appui de l'artillerie et des chars», a indiqué le général Abdelwahab al-Saadi, commandant de l'opération. «Les forces du service du contre-terrorisme (CTS), la police (de la province) d'Al-Anbar et l'armée irakienne, ont commencé à entrer dans Falloujah par trois directions vers 04h00 (01h00 Gmt)», a-t-il précisé. «Il y a une résistance de la part de Daech», a-t-il affirmé. De son côté, le porte-parole du CTS Sabah al-Nomane a déclaré : «Nous avons donné tôt ce matin l'assaut à Fallouja». Les forces d'élite du CTS ont dirigé les assauts sur plusieurs villes d'Irak reprises aux djihadistes ces deux dernières années, avec le soutien aérien de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Leur implication marque une nouvelle phase dans l'offensive contre Fallouja, première ville à tomber aux mains de l'EI en janvier 2014 avant même la fulgurante offensive djihadiste lancée cinq mois plus tard. Celle-ci avait permis au groupe extrémiste de s'emparer de vastes régions d'Irak, dont Mossoul, la deuxième ville du pays, toujours sous son contrôle. Fallouja est l'un des deux principaux centres urbains d'Irak encore aux mains de l'EI. Les forces kurdes ont lancé, dimanche, une offensive à l'est de Mossoul, deuxième ville du pays et de facto capitale de l'EI en Irak. La bataille de Fallouja, une ville qui a joué un rôle important dans l'histoire de l'Irak ces dernières années, pourrait être l'une des plus difficiles pour les forces irakiennes même si l'EI est apparu affaibli ces derniers mois, et a perdu du terrain au cours de l'année écoulée. Bagdad estime aujourd'hui que les djihadistes ne contrôlent plus que 14% de l'Irak contre 40% en 2014. L'EI continue toutefois de perpétrer de sanglants attentats, comme hier, dimanche, lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser dans un café très fréquenté par de jeunes Irakiens à Mouqdadiya au nord-est de Bagdad, faisant sept morts. Construite au carrefour des routes vers l'Arabie Saoudite et la Jordanie, Fallouja, où les tribus sunnites ont toujours été puissantes, fut l'une des premières villes en Irak à voir prendre racine l'idéologie extrémiste. R. I. / Agences Affamés et épuisés Environ 50 000 civils sont coincés à Fallouja et manquent de nourriture, d'eau potable et de médicaments. Le millier de djihadistes qu'il y aurait sur place sont soupçonnés de vouloir les utiliser comme boucliers humains. Depuis le début de l'offensive pour reconquérir cette ville il y a une semaine, environ 3 000 personnes ont pu sortir des banlieues, «épuisées, effrayées et affamées», mais des milliers d'autres restent bloquées «sans aide ni protection», selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), qui craint de nouvelles vagues de déplacés avec l'intensification des combats. A Amriyat al-Fallouja, une localité sous contrôle du gouvernement à une vingtaine de km au sud de Fallouja, les déplacés, fuyant le bastion des djihadistes, arrivent affamés et épuisés après des heures de marche dans la nuit. Même si le chemin est parsemé de dangers en raison des combats, Ahmad Sabih, un père de famille de 40 ans qui a pu atteindre le camp tôt dimanche, a préféré tenter l'aventure : «j'ai décidé de tenter le tout pour le tout. Soit je sauve mes enfants soit je meurs avec eux».