Des radars scrutent l'ensemble des pays arabes. Des écoutes téléphoniques certainement. Qui ne le sait pas ? Ce n'est pas l'heure d'élever des protestations. A quoi serviraient-elles ? Aucun pays arabe n'échappe à la question de savoir si ce n'est pas sans danger de revendiquer sa réelle autonomie de réflexion et d'action. Surtout d'action. Les raisons en sont multiples. Que de fois la presse annonce que l'Algérie est considérée comme un pivot dans la lutte globale internationale contre le terrorisme. Un pivot autour duquel s'articuleraient actuellement les politiques internationales de lutte antiterroriste. Egalement, un relais dans l'architecture internationale de sécurité définie et animée par les Etats-Unis. Dès qu'un Américain de haut rang fait des déclarations favorables à l'Algérie, une interprétation de ses propos laisse entendre que l'Algérie poursuit l'atteinte des objectifs américains dans la région. Quel genre de relations algéro-américaines pourrait découler de ces perceptions ? Tout simplement celles qui considèrent que compte tenu des relations de force dans le monde, plutôt des rapports de force, notre Président a pour première mission de mettre son pays à l'abri des menaces. Aucun pays ne peut se payer le luxe de devenir ennemi des Etats-Unis. Aucun, pour le moment. Et pour longtemps encore. Mais cela voudrait-il signifier que fatalement notre pays devrait se soumettre inconditionnellement aux Etats-Unis ? Prenons un exemple. La lutte globale contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne a-t-elle été de l'initiative américaine, de la nôtre ou des deux en même temps, car les intérêts se confondraient ? Cette région est notre étranger proche. Compte tenu qu'Al-Qaïda y trouve son refuge, ses armes, et en fait les acheminer vers Alger pour y commettre des attentats, sans doute que la sécurité nationale est mise en péril à partir de cette région. Sans doute qu'Al-Qaïda a choisi cette région pour compenser la perte de l'Afghanistan comme son sanctuaire et qu'à ce titre, elle ne doit pas sortir des radars américains. Nous ne pouvons donc dire qu'il s'agit d'une stratégie exclusivement algérienne ni exclusivement américaine. La perception qu'il s'agirait d'une coopération sur instructions serait porteuse de danger car là où les Américains se trouvent, où leurs intérêts se trouvent, plus particulièrement dans les pays musulmans, c'est Al- Qaïda qui s'y présente pour recruter localement et faire une OPA sur les mouvements terroristes qui agissent localement. Pour une fois, inversons la question. Se pourrait-il qu'il soit possible de considérer que pour ce qui concerne notre étranger proche, en particulier la région sahélo-saharienne, ce sont les Américains qui s'inscrivent dans la stratégie algérienne ? L'interprétation selon laquelle ce sont les Algériens qui s'inscrivent dans la stratégie américaine serait une tentative de faire discréditer la thèse de l'indépendance de la décision algérienne.