Le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, ne cesse de subir la pression pour rendre le tablier. Cette pression exercée par certaines parties au pouvoir est intervenue quelques jours après que le président de la République ait organisé depuis plusieurs semaines des rencontres avec les partis politiques, les représentants des syndicats et les personnalités afin de nommer un nouveau Premier ministre. Pourtant Bejbouj avait présenté Essid comme un responsable indépendant et compétent. Cela à la barbe de l'actuel chef du gouvernement qui n'a pas démissionné. Poussé vers la sortie, Habid Essid s'est tourné vers les représentants du peuple et a officiellement demandé mercredi un vote de confiance du Parlement sur son cabinet. Cette décision nouvelle intervient alors qu'un bras de fer sur les modalités du départ de Essid se joue en coulisses depuis le 2 juin, date à laquelle le président Béji Caïd Essebsi a proposé la formation d'un cabinet d'union nationale face aux critiques contre le gouvernement, accusé d'inefficacité. Mais certains osent critiquer la position du vieux président tunisien accusé de faire la part belle à son fils Hafedh, leader de son parti Nidaa Tounès. Habib Essid s'était d'abord dit prêt à quitter son poste «si l'intérêt du pays l'exige» avant d'insister sur la nécessité de passer par le Parlement. Ses partisans ont dénoncé des «pressions» pour l'obliger à démissionner en les attribuant au camp du fils du chef de l'Etat, Hafedh Caïd Essebsi, dirigeant du parti majoritaire Nidaa Tounès. Dans une interview diffusée mercredi soir sur la chaîne privée Attessia TV, Habib Essid a expliqué sa décision d'aller au Parlement par la nécessité que «la question soit résolue le plus vite possible». Il a aussi, pour la première fois publiquement, fait état de «pressions», et critiqué la manière dont l'initiative du Président a été annoncée ainsi que son timing. «Si on veut une vraie transition démocratique, on doit instaurer des traditions démocratiques», juge un proche du chef du gouvernement, défendant le choix de Essid de ne pas simplement déposer sa démission. Selon les dispositions de la Constitution tunisienne, et dans le cas de figure qui se présente actuellement, le président de l'assemblée est tenu de désigner une séance pour l'audition du chef du gouvernement, quand celui-ci sollicite un renouvellement de confiance, et ce, dans un délai compris entre sept et quinze jours à partir de la date de demande formulée. Donc, pour notre cas, l'audience devait se tenir entre le 17 juillet, au plus tôt, et le 3 août, au plus tard. Et dans cet intervalle de temps, Mohamed Ennaceur, président de l'ARP a jugé opportun de fixer son choix sur le 30 juillet. Sachant que le 30 juillet correspond à un samedi, ce choix n'est pas passé inaperçu. Il a même interpellé un certain cadre d'un des partis de la coalition au pouvoir, qui n'a pas caché son amertume de telles manœuvres. Car il a compris que le choix d'un samedi était délibéré, vu que le bureau de l'ARP semble vouloir compter sur le plus grand nombre possible d'absents parmi les députés.