Les attentats terroristes en France ont profité aux politiciens de différents courants qui n'ont pas hésité à monter au créneau, proposant des solutions pour éradiquer ce fléau et en même temps protéger les Français. Cela intervient au moment où les membres de la communauté musulmane de France adhèrent à ce projet mais refusent à ce qu'ils soient associés aux criminels et au terrorisme. Intervenant sur les colonnes du Monde, Manuel Valls a souhaité inventer une nouvelle relation avec l'islam de France. Ce vœu intervient au lendemain de l'attentat barbare commis dans une église contre un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Rouen). L'opportunité et l'argumentaire de ce souhait, que beaucoup comprennent comme une volonté du gouvernement de contrôler l'islam en France, notamment depuis les attentats de Nice, dans lequel une victime sur trois était musulmane, et celui de Saint-Etienne-du-Rouvray, ne sont pas facilement acceptés par les membres de la communauté musulmane qui refusent d'associer les meurtriers à l'islam, deuxième religion de France, qui «prône la paix et la fraternité». Joignant le geste à la parole, plusieurs musulmans (femmes et hommes), fatigués d'être pointés du doigt après chaque attentat terroriste, ont tenu à participer dimanche aux cérémonies de recueillement pour le prêtre assassiné. Mais ce dont ils redoutent c'est que cet amalgame entre l'islam et le terrorisme soit entretenu, malgré son absence dans le discours officiel des responsables français. Dalil Boubakeur a déclaré à l'APS que «les musulmans sont inquiets en France à cause de cette volonté de les assimiler et amalgamer avec les terroristes de Daech». Il s'est offusqué en soulignant que «les personnes en France, qui ne comprennent pas l'islam, croient que ce que fait Daech en prononçant des «Allah Akbar» (Dieu est Grand) à chaque acte terroriste et se référant à des versets du Coran, c'est l'islam». Nadine Morano (député de droite), a déclaré qu'elle ne voulait pas une France musulmane. Elle a appelé à la fermeture et la démolition des mosquées salafistes. Depuis décembre dernier, une vingtaine de mosquées et salles de prière ont été fermées, selon le ministre de l'Intérieur français. Recevant Anouar Kbibech et Abdallah Zekri (CFCM), Bernard Cazeneuve a indiqué qu'il n'y a «pas de place» pour «ceux qui dans des salles de prière ou dans des mosquées appellent à la haine». Les Etats qui subventionnent les mosquées en France devraient faire transiter leurs financements par la Fondation pour les œuvres de l'islam de France, a-t-on appris. Les imams devraient être formés en France «sur la base d'une formation unifiée et adaptée au contexte français». Pour sa part, le gouvernement compte relancer, dans les prochains jours, la «Fondation de l'islam de France» pour œuvrer à «garantir la totale transparence dans le financement» des mosquées. Une opération, selon nombre d'observateurs politiques, très «improbable» dans la mesure, expliquent-ils, où «il est difficilement envisageable de couper les liens avec l'étranger pour le financement des mosquées et la formation des imams». Mais à l'état actuel des choses, rien n'a filtré sur les contours d'un tel projet dont on ne sait pas s'il finira par un texte législatif, mais l'embarras devant ce souhait de «contrôler» le culte musulman est «palpable» chez les responsables, estime-t-on. Pour rappel, les subventions allouées aux mosquées de France par des pays, dont l'Algérie, s'élèvent à près de 12 millions d'euros. Le Maroc a contribué en 2016 avec six millions d'euros, dont les salaires des 30 imams détachés, l'Algérie a versé en 2016 à la Grande Mosquée de Paris, 2 millions d'euros hors les salaires des 120 imams détachés (des chiffres communiqués par l'ambassadeur d'Algérie lors de son audition), l'Arabie Saoudite, 3,8 millions d'euros depuis 2011, et pour la Turquie, il s'agit d'un financement indirect uniquement par la rémunération de ses 151 imams détachés.