Daech a régulièrement menacé la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale en Syrie et en Irak. La menace d'une attaque contre un lieu de culte chrétien planait depuis plus d'un an. Un prêtre a été lâchement égorgé hier dans une église à Saint-Etienne-du-Rouvray, une petite ville de 29 000 habitants dans la banlieue de Rouen, en France. Cette terrible nouvelle attaque replonge la population française dans la stupeur. L'attaque, qui intervient douze jours après le carnage de Nice, a été rapidement revendiquée par le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique qui a aussi endossé deux récents attentats en Allemagne. Vers 7h30 GMT, en pleine messe, deux assaillants armés, dont l'un serait connu des services antiterroristes, ont fait irruption dans l'église où se trouvaient au moins cinq personnes et égorgé le père Jacques Hamel, un prêtre octogénaire. Un autre otage a été grièvement blessé et se trouve entre la vie et la mort. Les assaillants, qui ont crié «Allah Akbar !», selon une source proche du dossier, ont été abattus par la police, au moment où ils sortaient, sur le parvis de l'église. «Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés», a déclaré le président François Hollande qui a appelé les Français à la «cohésion». C'est la première fois en France qu'un prêtre est tué dans une attaque terroriste. Le parquet antiterroriste a été immédiatement saisi de l'enquête et un homme a été placé en garde à vue quelques heures après l'attaque. Le représentant musulman de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le nord-ouest de la France, s'est dit «effaré» par le décès de son «ami», le prêtre Jacques Hamel. «Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique», a déclaré l'imam Mohammed Karabila. «C'est quelqu'un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée», a-t-il ajouté. Le prêtre et l'imam s'étaient retrouvés à plusieurs reprises lors d'interventions publiques sur la religion et le savoir-vivre ensemble. Comme après l'attentat de Nice, qui a fait 84 morts et plus de 350 blessés le 14 juillet, le jour de la Fête nationale française, l'opposition de droite et d'extrême droite n'ont par contre pas attendu pour partir à l'attaque contre le gouvernement socialiste, accusé de «laxisme» ou d'«incompétence» dans la lutte antiterroriste. «Nous devons changer profondément la dimension, la mesure, la stratégie de notre riposte», a martelé le chef de l'opposition, l'ex-président Nicolas Sarkozy, dénonçant «une action incomplète contre le terrorisme». «Nous devons être impitoyables. Les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète ne sont pas admissibles», a-t-il clamé. Daech a régulièrement menacé la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale en Syrie et en Irak. La menace d'une attaque contre un lieu de culte chrétien planait depuis plus d'un an en France, notamment depuis l'échec d'un projet d'attentat en avril 2015 contre une église catholique de Villejuif, en banlieue parisienne. Après cette tentative avortée, le gouvernement avait annoncé une «adaptation» du dispositif de lutte antiterroriste concernant les lieux de culte catholique. Depuis les carnages de 2015, les autorités ont aussi prolongé plusieurs fois l'état d'urgence, un régime d'exception facilitant notamment des assignations à résidence et des perquisitions. Ce régime court jusqu'en janvier. Toutes ces mesures ne suffisent pas, semble-t-il, à écarter la menace.