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Un aliment essentiel à la vie, un symbole
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 08 - 2016

Il est dans un grand nombre d'expressions populaires avec des acceptions différentes pour dire qu'il est plus qu'un aliment qui accompagne tous les plats, sauf le couscous. Manger du pain sans sel, signifie être au régime, et manger du pain tout court pour se nourrir, n'ont pas le même sens. De plus, le pain s'accommode de tous les plats, on le mange avec les frites, les poivrons et tous les légumes et fruits. Dans la plupart des plats, on ne peut guère manger sans pain sous toutes ses formes, car depuis qu'il a été inventé, on lui connaît différentes appellations : baguette, boule, fougas etc.
Le pain, un symbole Dans la plupart des discussions, on entend souvent dire : gagner son pain pour signifier gagner de quoi vivre. Et qui n'a pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un parlant de : gagner le pain de ses enfants. Et dans le milieu des émigrés, on a employé l'expression : traverser la mer pour gagner le pain de ses enfants qui peut signifier : gagner juste de quoi vivre ou de faire vivre ses enfants. Le pain s'emploie très souvent gagner peu, ou proposer à la vente quelque chose pour une somme modique. Ainsi, on peut deviner ce que veut dire : pour une bouchée de pain dans un grand nombre de contextes d'emploi comme : acheter pour une bouchée de pain quelque chose. Par ailleurs des histoires fabuleuses qui usent du pain pour dire quelque chose de particulier. Tout rentre dans la polysémie de cet aliment qui entre même dans le domaine littéraire. Ainsi, dans une fable fortement appréciée « Le savetier et le financier » dialoguent à propos de fortune face à la pauvreté. Le financier est pourri d'argent, il en a des sacs pleins si bien qu'il n'arrive pas à dormir craignant qu'on s'introduise un jour chez lui. Le savetier est quelqu'un de pauvre mais heureux. Il s'adresse au savetier en lui disant : chaque jour amène son pain, c'est-à -dire qu'il vit au jour le jour. On n'a pas fini avec les différents signifiés du pain que l'on mange pour se maintenir en vie. Cependant, il y a des expressions qui signifient tuer comme « faire passer le goût du pain à quelqu'un » qui signifie : faire passer de vie à trépas. Mais dans d'autres cas, le pain ne veut pas dire aliment, ce qui l'éloigne de son sens d'origine. « Avoir du pain sur la planche, c'est avoir beaucoup de travail à faire, et l'expression est très courante si bien que les gens l'emploient sans penser au pain. On ne peut pas terminer sans ajouter une autre valeur symbolique qui renvoie à l'idée de malhonnête ou de moyens illicites dont certains individus emploient pour affronter les difficultés pour gagner des avantages qu'ils ne méritent pas. Ainsi dire : je ne mangerais jamais ce pain » pour exprimer l'idée de ne jamais avoir recours à ces moyens malhonnêtes pour arriver à ses fins. Et comme la liste des expressions métaphoriques est plus longue qu'on ne le pense, ajoutons celle-ci : « manger son pain blanc » qui indique profite de circonstances favorables qui ne se renouvelleront pas. Le pain comme aliment On rentre alors dans l'idée de manger pour se nourrir. Mais au fil des siècles, le pain s'est amélioré au point de se vendre sous d'innombrables formes. Jadis, il y avait du pain surdimensionné, très large et long. Puis ce fut la baguette, la flûte, avant de prendre des formes originales, choisies par certains boulangers pour donner de l'appétit. Il y a d'autres pains de fantaisie, comme le pain parisien ou la parisienne. Et chemin faisant, il y a d'autres idées comme celle de faire du pain, non pas avec la farine ou la semoule, mais avec le son, l'orge qui intéressent beaucoup de consommateurs, jugeant qu'il est digestible et nourrissant. Quant au pain d'épice, qui a existé depuis fort longtemps, il désigne ce gâteau de farine, de seigle, de sucre et de miel que l'on a coutume de consommer comme tel et qu'on peut offrir à des invités de marque au moment du goûter. Il y a aussi, un autre pain offert comme gâteau et qu'on appelle « pain de gênes », sorte de gâteau à pâte légère. « Le pain de mie » est fait à partir de la farine de gruau et cuit dans des moules. « Le pain moulé » est quant à lui, du pain préparé et cuit en plaçant des bâtons sur un moule creusé dans une plaque métallique. Ce qu'on appelle le pain complet qui entre dans l'immense variété pain, est apprêté à partir de la farine brute et du petit son. On a fait des mélanges et ça a donné des variétés et pour peu que ça intéresse le consommateur, on reste dans l'innovation qui a été poussée au point d'obtenir le pain noir. Savez-vous ce que cela veut dire ? C'est du pain obtenu à partir d'un mélange hors du commun : de la farine de sarrasin et du seigle. On a entendu parler de pain noir, mais il doit être appétissant et bon à manger. Quant au « pain perdu », appellation étonnante qui n'a à voir avec « perdu », tant il s'agit du pain rassis, trempé dans du lait sucré et frit. Beaucoup de gens aujourd'hui, ne jettent jamais de pain quand il devient rassis, font des plats variés. « Le petit pain » désigne, à l'image de la brioche, du pain auquel on ajoute un peu de chocolat et qu'on donne à manger pour accompagner le café du matin ou celui du goûter, le soir. « Le pain de sucre » est une masse de sucre coulée dans des moules coniques, que l'on vendait jadis comme sucre ; donc rien à voir avec le pain habituel. Le pain de sucre désigne ce piton de montagne, de roches cristallines dans les régions tropicales. On terminera cette rétrospective du pain par une anecdote rapportée par un témoin, un élève de la vieille école qui raconte qu'en ce temps il y avait une cantine à l'école qui offrait le repas de midi à des enfants d'un village, de condition pauvre. Il raconte : j'étais en 1ère année du primaine, chaque midi on se rendait à la cuisine, en fil indienne, chacun de nous tendait une assiette en aluminium que chacun avait ramenée de la maison. Chaque élève recevait le contenu d'une grosse louche de haricots, de lentilles ou de macaronis. Les cuisiniers, c'était les grands de fin d'études et toute l'année. Le pain était distribué en classe. On ramenait au maître quelques gros pains qu'il coupait en fonction du nombre d'élèves, en morceaux sur son bureau de classe. Et les miettes qui tombaient, il les ramassait pour les mettre dans sa bouche. Il nous donnait là une leçon sur le respect du pain que l'on mangeait comme une denrée rare. Jamais on nous le donnait à la maison et les plats étaient sans viande, c'était bon et ça nous changeait du couscous d'orge de la maison.

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