Après le rebond des prix constaté durant ces deux dernières semaines, le prix du baril retrouve les vieux démons qui le tirent vers le bas. Tous les pays, mis à part l'Algérie, augmentent leur niveau de production et leur offre. C'est le retour des intensifications des propositions de livraison. Un pays comme l'Irak, qui a récupéré des puits jusque-là aux mains de Daech ou le Nigéria qui a repris la main sur les gisements sabotés par les rebelles du Delta, ou se trouvant dans des territoires «contrôlés» par Boko Haram, voudrait atteindre son niveau de production de 2,2 millions de barils par jour pour sortir le pays de la grave récession économique. L'excédent de l'offre pour l'instant a fait chuter de 1% les prix par rapport à ce qu'ils étaient la semaine dernière. Dans les prochains jours, cette baisse des prix pourrait être plus importante en dépit de la programmation de la réunion informelle des pays exportateurs membres de l'Opep, et des pays non membres de l'Opep qui doit se tenir à Alger à la fin du mois de septembre. Une baisse de la production paraît de plus en plus improbable, tant que les Etats-Unis, la Russie et l'Arabie Saoudite n'ont pas trouvé un consensus à leurs différends politiques. Selon l'agence Reuters, la réunion d'Alger qui prélude au sommet de Vienne, en octobre, portera sur la stabilisation des plafonds de production dans les pays membres et pays non membres de l'Opep. L'Iran, qui a jusque-là refusé de freiner son élan de production de pétrole – plus de 500 000 barils produits en plus depuis janvier dernier –, en prétextant son droit de retrouver sa part de marché après la levée des sanctions internationales au début de l'année en cours, semble plus enclin aujourd'hui à revoir son niveau de production afin de garantir une stabilité durable des cours du baril. Téhéran propose, par la voie de son ministre du Pétrole, Bijan Zanganeh, un retour aux quotas, système abandonné en 2011. Remémorons- nous qu'en juin 2016 les ministres du Pétrole des pays membres de l'Opep réunis jeudi à Vienne ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un plafonnement de la production, mais l'Arabie Saoudite a promis de ne pas inonder un marché déjà saturé toujours selon Reuters. La proposition de Riyad et de ses alliés du Golfe de fixer un nouveau plafond global de production afin de soutenir les prix avait peu de chances d'aboutir en raison de l'opposition de l'Iran, qui entend reprendre sa place sur le marché mondial après la levée de sanctions occidentales à son encontre. Les cours du pétrole ont amplifié leur recul avec cette absence d'accord, le Brent de la mer du Nord retombant tout près du seuil des 49 dollars le baril. Les dernières réunions de l'Opep avaient été très tendues en raison de l'opposition frontale entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Celle de jeudi a été plus feutrée, l'Arabie s'efforçant manifestement de rassurer ceux qui craignaient de voir le premier producteur de l'Opep ouvrir ses robinets en grand en cas d'absence d'accord pour punir ses rivaux et gagner des parts de marché. «Nous serons très délicats dans notre approche afin de nous assurer de ne pas ébranler les marchés de quelque façon que ce soit», a déclaré le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, à des journalistes. L'Iran veut des quotas par pays L'absence d'accord souligne les tensions politiques qui minent l'Organisation et aura, à moyen terme, un effet baissier sur les prix, a déclaré Gary Ross, du cabinet de consultants Pira, poursuit Reuters. «Mais ce qui est également important, c'est que les Saoudiens n'ont pas l'intention d'inonder le marché et veulent que les prix remontent». L'Opep a longtemps plaidé pour un maintien de sa production à un niveau élevé afin de défendre ses parts de marché, mais cette stratégie pèse sur les prix dans un contexte de surabondance de l'offre. L'Arabie avait dans un premier temps prôné un gel des niveaux de production avant de faire capoter cette initiative au dernier moment en exigeant, au mois d'avril, que l'Iran y participe, ce que Téhéran a refusé. L'Iran s'oppose à l'idée d'un plafond collectif et veut des quotas adaptés à la situation de chaque pays, autrement dit un système l'autorisant à augmenter sa production pour ramener celle-ci au niveau d'avant les sanctions. «Sans quotas nationaux, l'Opep ne peut rien contrôler», a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh. Dans les méandres du commerce, quand la politique et la géopolitique font partie intégrante des enchevêtrements d'intérêts, il ne sera pas aisé de pronostiquer sur un marché en proie aux exigences du capitalisme monopoliste.