Dans son entretien à l'émission L'Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio algérienne, hier matin, le P-DG d'Air Algérie, Mohamed Abdou Bouderbala, a montré qu'il est préoccupé par l'impact de la crise actuelle et notamment par l'appréciation des devises fortes, avec lesquelles tous les produits d'Air Algérie sont achetés, ce qui induit une remontée, qu'il qualifie de fulgurante, des charges. Air Algérie, rappelle son P-DG, appartiennent entièrement à l'Etat ; son capital social est de 60 milliards de dinars, son chiffre d'affaires de 80 milliard de dinars. La compagnie emploie 9.000 personnes, dont 1.600 personnels de vol parmi lesquels 430 pilotes. Son parc aéronautique comprend 59 appareils en exploitation. En 2015, ajoute-t-il, la compagnie a exploité 67.107 vols pour transporter 5,6 millions de passagers (13,5 % de la population algérienne, précise-t-il), essentiellement des ressortissants algériens, sur 44 destinations à l'international et 29 autres à travers le territoire national. Pour le réseau domestique, fait-il observer, Air Algérie a pratiqué une politique de prix abordables avec peu ou pas d'augmentation depuis 2004, assurant un service public pour le désenclavement des régions éloignées ; des prix au niveau international un peu plus élevés. Dans ce contexte, il signale que les pressions que lui font subir les quelque 22 compagnies concurrentes desservant l'Algérie et proposant leurs services vers d'autres destinations à l'étranger se sont traduites par une baisse « substantielle » des revenus d'Air Algérie. Il en conclut que la compagnie doit se réorganiser et revoir fondamentalement sa stratégie de développement. Le P-DG d'Air Algérie tient à dire que sa compagnie représente 0,2% du PIB et même dans la valeur ajoutée nationale, fait-il remarquer, ça ne dépasse pas les 2%. Pour lui, il impératif de revoir son mode d'organisation et d'investir plus fortement, encore, dans le capital humain et la recherche de créneaux porteurs. Mohamed Abdou Bouderbala fait savoir qu'Air Algérie a choisi la logique d'autonomie, qui incite à créer et à valoriser cinq filiales de produits et de services annexes, citant à ce propos la création de sociétés de catering, dont l'une est déjà opérationnelle, a permis un bénéfice de 1,3 milliard de dinars en 2015, emploie 525 personnes et produit entre 8 000 et 16 000 prestations par jour, qui va monter à 30 000 repas/jour ; ainsi que le redéploiement du fret cargo au bénéfice, notamment, des opérateurs économiques nationaux, qui ne représentent actuellement, avoue-t-il, que 5% du chiffre d'affaires de la compagnie, et l'ouverture du centre de maintenance qui devrait voir le jour d'ici la fin de l'année, avec un personnel qualifié de 1 172 agents, déjà beaucoup de conventions ont été passées avec des clients (en achat de pièces, la maintenance coûte 140 millions de dollars par an, mais dès 2018, il est attendu 2 milliards de dinars de recettes en ouvrant le centre de maintenance aux autres compagnies étrangères). Quant au développement du fret-cargo, la filiale offrira dès la fin de l'année, des prestations aux opérateurs. Ces centres de coûts et de charges pourront, selon lui, devenir des centres de rentabilité et de bénéfices. A propos du renouvellement futur d'une partie de la flotte, il indique que l'achat d'appareils ne se fera plus en cash comme auparavant, mais par le biais du leasing ou de financements extérieurs, ce qui est à l'étude. La compagnie doit, à 95% compter sur ses propres moyens, estime-t-il. A propos du trafic de passagers, Air Algérie, annonce-t-il, compte transporter 6 millions de passagers en 2017, alors que le marché algérien, souligne-t-il, tourne autour de 9 millions et il y a, ajoute-t-il, 22 compagnies concurrentes sur le sol algérien. Avec 59 appareils, Air Algérie ne pourra pas faire face aisément à la concurrence, dit-il. Il faut compléter avec de longs courriers pour assurer la liaison avec New York qui est en discussion, Addis Abeba, Guinzhou (en Chine) et d'autres destinations qui seront ouvertes prochainement, précise-t-il. D'ici à 2019, il faudra ajouter 4 appareils et d'ici à 2025, il y a un plan de projection d'une centaine d'appareils, ce qui permettra à Air Algérie de se mesurer à des compagnies concurrentes. Mohamed Abdou Bouderbala à indiqué que son entreprise envisage d'engager de gros efforts pour améliorer le taux de ponctualité de ses vols, qui a été ramené à 69%. Le P-DG a rassuré à propos du niveau de sécurité sur les vols d'Air Algérie, «la sécurité n'est pas un vain mot», conclut-il. Il promet une remontée du niveau des prestations.