Le nouveau secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould Abbès, n'a pas encore savouré son plébiscite du 22 octobre, après le congédiement de Saâdani, qu'il s'oblige à mettre la main à la restructuration d'un parti malade, effrité par nombre de divisions claniques, se disant toutes blanchies de révisionnisme. Trois grandes tendances s'affrontent pour le contrôle de l'appareil du vieux parti unique, toutes soutiennent le programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sans qu'aucune ne cogite sur un programme de sortie de crise en ces temps difficiles pour le Trésor public qui, a accusé un déficit réel de 1783,7 de DA à la fin juin 2016 à cause visiblement d'une mauvaise prévision des recouvrements ayant trait aux recettes ordinaires, et surtout des recettes de la fiscalité pétrolière. Le déficit du Trésor est de 2 452 milliards de dinars sur l'ensemble de l'année en cours, avec un prix de référence du baril de pétrole blen Sahara à 37 dollars et prévu un prix moyen du marché à 45 dollars. Au FLN, comme au sein de la grande majorité des partis politiques, paradoxalement, on ne fait pas dans l'intelligence économique. Les «cadres» des partis se limitent uniquement à la critique de ce que font ceux qui travaillent, et à s'assurer un leadership qui déboucherait sur des privilèges liés aux hautes fonctions de l'Etat. Il y a pourtant des compétences avérées dans notre pays dans bien des domaines inaccessibles aux profanes des sciences, et des technologies de l'innovation. C'est l'ancienneté qui prévaut généralement face au nouveaux militants. C'est le nombre de degrés d'applaudimètre qui supplante les capacités de résistance aux crises de notre intelligentsia, pour ne pas dire en aptitudes pour nos élites à trouver dans les eaux troubles les clés susceptibles de vaincre l'adversité intérieure ou extérieure. Ould Abbès aura la tâche ardue, déjà d'aucuns estiment que le FLN est un gros morceau pour lui. Le nouveau secrétaire général a gardé la composante de son bureau politique et celle du Comité central telle qu'installée par Saâdani. L'heure dans la stratégie politique d'Ould Abbès est de rassembler les militants et militantes par le biais du bureau politique. Des tractations se font bien sûr en coulisses. «L'écho positif» trouvé auprès de nombreux dissidents sera vraisemblablement monnayé autrement que par des pressions sur le bureau politique. Le FLN joue gros dans son enceinte, et face à un électorat désabusé depuis des années par ses mentors, pour ne pas perdre sa place de premier parti politique du pays. Ould Abbès le sait. En recevant en audience Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens, le patron du FLN esquive les conflits internes pour s'appuyer si nécessaire sur les organisations de masse qui ont toujours constitué la force mobilisatrice du plus vieux parti d'Algérie, en attendant qu'il rencontre les associations juvéniles, et féminines, ainsi que les intellectuels. La bataille pour gagner les législatives et les autres échéances électorales doit reposer sur la crédibilité des actions, et non plus sur les discours. Le RND à l'affût attend son heure pour déposséder le FLN de la plus haute marche du podium politique.