Cette étude est le fruit de l'aide de nombreux amis experts du secteur d'Etat et d'universitaires. On ne peut comprendre la politique salariale et par là de l'emploi sans analyser l'évolution de la population algérienne qui a évolué d'une manière significative de l'indépendance à 2016, la pression démographique étant la variable clé. Suite à mes précédentes contributions, je livre une contribution cruciale pour l'avenir du pays, à savoir la problématique de l'emploi et des salaires posant la question de l'urgence de réorienter toute la politique économique et sociale 1. -Evolution des salaires et des revenus des indépendants 2001/2015 La masse salariale à prix courants a évolué ainsi de 2001 à 2015. En 2001, elle a été de 970 milliards de dinars, 2002 de 1 048 milliards de dinars, 2003 de 1138 milliards de dinars, 2004 de 1 278 milliards de dinars, 2005 de 1 364 milliards de dinars, 2006 de 1 498 milliards de dinars, 2007 de 1 722 milliards de dinars, 2008 de 2 134 milliards de dinars, 2009 de 2 355 milliards de dinars, 2010 de 2 907 milliards de dinars, 2011 de 3 863 milliards de dinars, 2012 de 4 287 milliards de dinars, 2013 de 4 391 milliards de dinars, 2014 de 4 674 milliards de dinars et en 2015 de 4 928 milliards de dinars. Quant au Produit intérieur brut (PIB) toujours à prix courants il a évolué ainsi de 2001 à 2015. En 2001, 4 227 milliards de dinars, 4 523 milliards de dinars en 2002, 5 252 milliards de dinars en 2003, 6 149 milliards de dinars en 2004, 7 562 milliards de dinars en 2005, 8 502 milliards de dinars en 2006, 9 353 milliards de dinars en 2007, 11 044 milliards de dinars en 2008, 9 968 milliards de dinars en 2009 (effet de la crise ), 11 191 milliards de dinars en 2010, 14 588 milliards de dinars en 2011, 16 208 milliards de dinars en 2012, 16 550 milliards de dinars en 2013, 17 242 milliards de dinars en 2014 et 16 952 milliards de dinars en 2015, alors que paradoxalement certaines données officielles révèlent un taux de chômage en baisse alors que la croissance en valeur est en baisse. Nous aurons le ratio masse salariale sur le PIB suivant. 2001...22,94% 2005...18, 03% 2010...25,97% 2011...26, 48% 2012...26,44% 2013...26, 53% 2014...27,11% 2015...29, 70% Alors que le revenu des indépendants par rapport au PIB est passé de 27,15% en 2001 à 22,12% en 2005, 27,24% en 2010 à 31,90% en 2015. Quant aux revenus des indépendants, ils s'accroissent à travers le temps et ce en milliards de dinars. 2001-1 148 milliards de dinars- 2002- 1 206 milliards de dinars-2003-1 356 milliards de dinars- 2004-1 527 milliards de dinars- 2005-1 673 milliards de dinars- 2006-1 862 milliards de dinars- 2007-2 017 milliards de dinars - 2008-2 340 milliards de dinars- 2009-2 743 milliards de dinars – 2010-3 049 milliards de dinars – 2011-3 487 milliards de dinars – 2012-4 007 milliards de dinars – 2013-4 569 milliards de dinars – 2014- 4 955 milliards de dinars- 2015- 5 293 milliards de dinars. Par structure économique pour les salaires nous avons par grandes périodes, le secteur économique représente en 2001, 47,5% de la masse salariale, en 2005, 47,8%, en 2010 39,8% et en 2015 36,5% montrant une dé- salarisation de l'économie. L'administration représente en 2001 46,7%, en 2005, 46,5%, en 2010 56,0% et en 2015 59,3% montrant la fonctionnarisation de l'économie. Quant à la masse salariale dans l'agriculture, elle représente 5,0% en 2001, 5,7% en 2005, 4,3% en 2010 et en 2015 4,2%. Quant aux indépendants la structure des revenus est la suivante. Le secteur économique représente 67,2%, en 2005, 68,2%, en 2010, 69,7% et en 2015 66,1%. Les affaires immobilières représentent en 2001, 30,6%, 29,7% en 2005, 28,9% en 2010 et en 2015, 32,4%. L'agriculture dominée par la sphère informelle représente 2,2% en 2001, 2,1% en 2005, 1,4% en 2010 et en2015, 1,5%. 2.- Revenu et inflation Le revenu par tête d'habitant, taux global voile la concentration du revenu national, nous avons l'évolution suivante. En 2001, le revenu par tête d'habitant est de 136 892 dinars, en 2002, 114 235 dinars, en 2003, 164 918 dinars, en 2004, 189 998 dinars, en 2005, 229 805 dinars, en 2006, 253 924 dinars, en 2007, 274 310 dinars, en 2008, 319 265 dinars, en 2009, 282 636 dinars, en 2010, 333 302 dinars, en 2011, 397 323 dinars, en 2012, 432 289 dinars, en 2013, 434 764 dinars, en 2014, 440 828 dinars et en 2015, 415 180 dinars. Selon l'ONS, à la fin 2015, le salaire net moyen mensuel a été de 37 800 DA, sachant que le salaire net moyen est composé du salaire brut diminué des différentes retenues (IRG, sécurité sociale et retraite). Au niveau national, le salaire de base représente en moyenne 60% et les primes et indemnités 40% de la rémunération brute totale. Le salaire net moyen mensuel a été globalement de 39 200 DA en 2015 à raison de 54 700 DA dans le secteur public contre 32 100 DA dans le privé avec des écarts des salaires selon la qualification et les secteurs d'activités assez élevés dans les activités liées aux hydrocarbures et les banques par rapport à la moyenne nationale. Mais pour avoir une vision objective du salaire réel qui détermine le pouvoir d'achat, il faut déflater le salaire nominal par l'évolution du taux d'inflation. Tout en précisant, idem pour le taux de croissance et le calcul du taux de chômage que le taux d'inflation se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi, et un taux d'inflation faible par rapport à un taux d'inflation de la période précédente donne un taux cumulé élevé. Le taux d'inflation officiel entre 1989 et août 2016 a été le suivant : 17.87% en 1989 ; 25.88% en 1991 ; un pic de 31,68% en 1992 ;21, 9% en 1995 ; 5% en 1998. En 1999 : 4/2% ; en 2000 : 2% 2001 et 2002 : 3% ; en 2003 : 3,5% ; en 2004 3,1% ; en 2005 1,9% ; en 2006 : 3% ; en 2007 : 3,5% ; en 2008 : 4,5% en 2009 , 5,7% en 2010 , 5% ; en 2011, 4,5% , en 2012 , 8,9%, en 2013, 3,3%, en 2014, 2,9% en 2015 4,8% et en aout 2016, 5,8%. Sans les subventions, mal ciblées et mal gérées le plus pauvre bénéficiant autant que le riche et facilitant le trafic aux frontières, l'Algérie étant un des plus gros importateur au monde de céréales, grâce aux hydrocarbures les transferts sociaux le taux d'inflation serait beaucoup plus élevé que le taux officiel. La perception de l'inflation est différente d'un ménage qui perçoit le SMIG consacrant plus de 70% de son modeste revenu aux produits de première nécessité que celui qui perçoit 500 000 dinars net par mois. L'inflation accélère la concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière au détriment des profits productifs et des revenus fixes avec la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité pouvant conduire, non maîtrisée à une déflagration, sociale et politique. Car il faut se méfier d'un indice global. L'analyse objective de l'inflation doit relier le processus d'accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales afin de déterminer la politique salariale protégeant les plus démunis, mais en évitant un nivellement par le bas facteur de démobilisation. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, (200/250 euros par mois alors que le kilo de viande est de 10 euros fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation arrive-t-il à subsister. La cellule familiale, paradoxalement, avec la crise du logement (même marmite, même charges) et la sphère informelle jouent comme soupape de sécurité temporairement. 3. -Evolution du taux de change et des réserves de change 2000/2016 Du fait que 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées proviennent de l'extérieur ayant un impact inflationniste, il est utile d'analyser l'évolution du taux de change de la Banque d'Algérie a évolué ainsi de 2001 à 2016. En 2001-77,29 dinars un dollar – 2002- 79,68 dinars un dollar – 2003- 77,39 dinars un dollar – 2004- 72,66 dinars un dollar – 2005- 73,35 dinar un dollar – 2006- 72,64 dinars un dollar – 2007- 69,37 dinars un dollar -2008- 64, 58 dinars un dollar – 2009-72,63 dinars un dollar – 2010- 74,39 dinars un dollar – 2011- 72,85 dinars un dollar –2012-77,55 dinars un dollar -2013-79,38 dinars un dollar- 2014-80,52 dinars un dollar -2015 -100,46 dinars un dollar et le 22 septembre 2016 111,10 dinars un dollar. Avec une dette extérieure évaluée à 23,203 milliards de dollars au 31 décembre 2003 et inférieure à 5 milliards de dollars à la fin 2015, les réserves de change fonction des recettes d'hydrocarbures, qui tiennent la valeur du dinar à plus de 70/80% ont été estimées entre 1999/2016. Pour 1999, 4,4 milliards de dollars, - 2000, 11,9 milliards de dollars - 2001, 17,9, milliards de dollars - 2002, 23,1, milliards de dollars - 2003, 32,9 milliards de dollars - 2004, 43,1 milliards de dollars - 2005, 56,2 milliards de dollars, - 2006, 77,8 milliards de dollars - 2007, 110,2 milliards de dollars - 2008, 143,1 milliards de dollars - 2009, 147,2, milliards de dollars - 2010, 162,2, milliards de dollars - 2011, 182,2, milliards de dollars - 2012, 190,6 milliards de dollars, - 2013, 194,0 milliards de dollars - 2014, 179,9 milliards de dollars - 2015, 144,1 milliards de dollars - fin septembre 2016 à 121,9 milliards de dollars - Selon le rapport du FMI clôtureront à 113,3 mds usd à la fin 2016 et 92,3 mds usd en 2017. Avec des réserves de change entre 10/20 milliards de dollars, le cours s'établirait à environ 200 dinars un dollars, d'où l'importance entre temps d'aller vers un endettement extérieur ciblé qui ne concernera que les secteurs productifs. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités, expert international