Nous disions la dernière fois qu'il était né dans les plantations de coton, avec les chanteurs noirs, descendant de leurs ancêtres esclaves qui l'ont inventé dans des conditions difficiles. Le coton a révolutionné l'industrie textile dans l'Amérique des années 1500 et 1600. Des méthodes de transformation ont vu le jour. Le métier à tisser d'abord manuel s'est de plus en plus perfectionné. Pour tuer le temps des longues journées de travail, oublier l'oppression qui a pesé sur les Noirs transplantés ; ces Noirs ont inventé des poèmes oraux qu'ils ont chantés durant des siècles. Cela a fait un riche patrimoine oral perpétué de génération en génération. Aujourd'hui, avec les moyens modernes en musiques : guitares, batterie électriques et une diversité d'instruments qui obéissent parfaitement à ceux qui les jouent, le blues est devenu un genre à part entière. Un genre à part entière à vocation futuriste Avec le modernisme des instruments, l'amélioration de la voix, et la liberté d'expression, le blues se joue partout. Des écoles et diverses tendances se sont créées et ont dû entraîner dans leur sillage des jeunes, noirs surtout et avides de chanter, rien que pour se vanter d'être le continuateur du 21e siècle de ce genre musical. Une grande partie du patrimoine ancien a été actualisé et modernisé : musique et paroles. Les spécialistes du genre affirment avec preuves à l'appui que le folklore a été une autre source d'inspiration par disques interposés au moins de se mettre au diapason du peuple noir du 21e siècle. L'impératrice ou la mère du blues, Bessie Smith, Ida Cox, Sarah Martin ont permis au blues classique de passer au stade de la popularité par la vente de millions de disques raciaux pendant la migration de vagues successives de noirs du Sud et de l'Ouest vers le Nord. Malgré l'abolition de l'esclavage, le racisme anti-noir, l'interdiction pour eux de rentrer dans les établissements, de marcher dans la rue d'un quartier de blancs. L'esclavage avait été aboli, mais rien ne leur était autorisé, comme au temps de l'apartheid en Afrique. Le blues a été un moyen de revendication qui a permis aux Noirs d'accéder à leurs droits. Le blues classique, exécuté par des femmes talentueuses accompagnées du piano, de la guitare ou d'un orchestre, a émergé nettement en même temps que le jazz. L'aptitude condirable des Noirs à chanter, à jouer de tous les instruments de musique, à remporter des médailles en championnats internationaux a été un facteur de libération et de reconnaissance. En somme, rien ne leur a été accordé gracieusement par les Blancs, s'ils sont arrivés à ce stade de perfectionnement dans tous les domaines et l'égalité avec les Blancs, les Noirs l'ont obtenu au mérite. Le blues s'est diversifié Avec le temps, on a connu le blues rural et le blues classique. Le blues rural est venu de greffer au blues classique des villes : celui de Memphis Blues, Baby Seal Blues, Dallas Blues, la synthèse a permis au genre de s'officialiser. Ardemment chanté au 20e et au 21e siècle, on peut dire qu'il a de l'avenir. On l'a chanté pendant les grandes fêtes, les élections de toutes sortes. Quel parcours admirable depuis le temps de l'esclavage où il a été interdit et puni par la loi des Blancs. Toute transgression a été considérée comme une tentative de subversion et sanctionnée. Grâce aux Noirs, le blues s'est arraché la place qu'il mérite au même titre que les grandes musiques du monde accompagnées des plus grands orchestres jouant des meilleurs instruments : banjos, mandoline, guitare, violons. Avec le blues, on peut comprendre que la chanson a une vocation bien noble. A l'origine, c'était de soutenir les esclaves dans leur douleur, leur faire entendre des paroles de soulagement pour leur donner quelque raison d'espérer, les aider à comprendre que les blancs racistes ne sont que des hommes inhumains. Le texte support du blues connaît un constant renouvellement. Le même tercet répété avec les mêmes mots, les mêmes rimes suivis d'un refrain, peut être transformé à l'infini, en fonction des thèmes qui changent. Avec le temps, des artistes dans le domaine se sont formés sur le tas ou dans les grandes écoles. Les Noirs ont appris à manier les instruments, à les soumettre à leurs propres exigences, les non-musiciens travaillent comme paroliers, spécialistes des formes textuelles. Tous ceux qui ont chanté ou accompagné les chanteurs ont appris aussi en même temps à jouer des instruments, à maîtriser la langue. Le texte que l'on chante, pour qu'il ait la chance d'être écouté, doit faire l'objet d'un bon travail de composition. Le texte doit être le reflet de l'identité, en procurant des sensations de délivrance et de bonnes perspectives d'avenir.