L'exposition « ...En hors ton... », marquant le retour sur la scène artistique du plasticien algérien Azwaw Mammeri après une dizaine d'années d'absence, a été inaugurée à Alger. Visible jusqu'au 10 janvier 2017 à la galerie Sirius (Alger-centre), cette exposition regroupe une trentaine de nouvelles œuvres de cet artiste de 62 ans, considéré une comme des plasticiens les plus doués de sa génération et dont la dernière grande exposition personnelle remonte à 2005. Entre toiles réalisées sur papier craft ou journal et sur bois, ces œuvres, toutes non-titrées, conservent la touche particulière d'Azwaw Mammeri, mélange de semi-abstraction onirique, de formes mémorielles nord-africaines et d'atmosphères mystiques ou tragiques. Les habitués du travail du plasticien, présents au vernissage, ont toutefois souligné le caractère «...plus épuré...» de ces toiles réalisées en 2016, ainsi que leur taille plus réduite en rapport aux «...Totems...», sculptures et autres œuvres présentées lors de précédentes expositions, dont celle de 2001, sous les voûtes de l'Amirauté à Alger. Les visiteurs de l'exposition pourront ainsi apprécier les atmosphères particulières de l'artiste à travers de grandes toiles dominées par les gris, les bleus et les rouges, où visages fixant le regard, tâches sombres ou animaux faméliques, sont entourés de signes, de croix, de traits raturés ou en pointillés. Dans les toiles plus petites, réalisés avec une technique mixte comme le reste de l'exposition, l'artiste explore des couleurs ocre, rappellent des peintures rupestres, et met en scène sur l'espace du tableau des formes humaines plus arrondies, évoquant à travers leur disposition des rituels pour certaines d'entre elles. L'art du relief se retrouve quant à lui dans les œuvres sur bois où l'harmonie dans les formes et de l'occupation de l'espace rappelle les précédentes sculptures du plasticien, absent au vernissage de l'exposition pour des raisons de santé, ainsi qu'ont expliqué des membres de sa famille. Né dans les années 1950 à Tizi-Ouzou, Azwaw Ali Mammeri expose pour la première fois à la fin des années 1980 lors d'un hommage à l'écrivain Kateb Yacine. Il est le petit-fils d'Azouaou Mammeri (1890-1954), artiste algérien établi au Maroc et considéré comme un des précurseurs de la peinture moderne en Afrique du Nord. Artiste à la fois discret et engagé, il participe à de nombreuses expositions collectives, organisées notamment en hommage aux victimes de la décennie 1990 de violence terroriste ou en solidarité avec les étudiants en grève après les évènements d'octobre 1988.