Le séisme qui a ébranlé, le 29 mai 2016, la commune de Mihoub, à 100 km à l'est de Médéa, restera gravé pendant longtemps dans la mémoire collective des habitants de cette région, sortie subitement de l'anonymat. Huit mois après, les habitants de cette paisible commune commencent, petit à petit, à reprendre leurs habitudes. Certains, notamment ceux vivant dans l'agglomération urbaine, ont pu surmonter rapidement le choc provoqué par ce séisme, grâce au formidable élan de solidarité du mouvement associatif et la présence quasi permanente des représentants des différentes autorités locales, qui leur a permis de panser leurs blessures et se remettre à espérer de nouveau. Pour d'autres, en particulier les dizaines de villageois qui ont perdu le peu de biens dont ils disposaient, les choses n'ont pas évolué de la même façon que pour les citadins, d'autant plus qu'ils peuplaient des zones éparses, restées, durant des décennies, à la traîne, faute d'une prise en charge sérieuse par les différentes assemblées élues qui se sont succédé à la tête de cette commune de 13 000 âmes. Si certains d'entre eux peuvent compter sur la solidarité familiale pour passer ce cap difficile, comme c'est le cas des familles Bouraha et Hamdani, dont les demeures ont été fortement endommagées par le séisme, hebergés depuis par des proches, d'autres n'ont d'autre choix que d'occuper, pendant la nuit, les tentes érigées dans les camps de toile installés à proximité du siège de l'APC et à la périphérie ouest de la ville. Le P/APC de Mihoub, Salah Ougad, dit comprendre l'angoisse et l'impatience des sinistrés de vouloir quitter le plus vite possible ces camps de toile et recommencer leur vie, mais se défend de «tout laxisme» envers ces citoyens, assurant que «tous les sinistrés, déclarés éligibles pour bénéficier d'un logement social, seront relogés dans les meilleurs délais possibles». Selon cet élu, le relogement des sinistrés «n'est qu'une question de temps», ajoutant que ses services attendent la finalisation par l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi) de la procédure d'attribution des logements disponibles au niveau de la commune pour entamer, aussitôt, leur distribution. Il a signalé, en outre, qu'une soixantaine de familles, qui occupaient d'anciens logements Opgi, affectés, à des degrés divers, par le séisme, ont pu regagner leurs appartement après leur réhabilitation. S'agissant des sinistrés qui ont bénéficié d'une aide pour l'auto-construction, le problème «ne relève pas des compétences de l'APC», d'après cet élu, mais est du ressort des bénéficiaires auxquels incombe la responsabilité d'entamer ou non leur chantier. Rappel des faits, reprise timide du cours de la vie Prises de cours par les évènements, les autorités locales avaient tardé à réagir, provoquant un vent de colère au sein de la population, poussant certains sinistrés à organiser des actions de contestation. Les membres de la cellule de crise, installée par le wali en vue de suivre la situation sur place, organiser l'aide et assurer la prise en charge des sinistrés, étaient constamment «harcelés» par des habitants à «bout de nerfs». Le 4 juin, soit moins d'une semaine après le séisme, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Bedoui, se déplace à Mihoub, pour assurer l'engagement «plein et entier» des pouvoirs publics à prendre en main la situation. Il donnera, à l'issue de sa visite, «carte blanche» aux autorités locales pour qu'elles prennent les mesures à même d'aider les populations des zones affectées par le séisme à surmonter leurs difficultés. Une prise en charge «graduelle» des sinistrés de Mihoub et des localités environnantes commençait, dès lors, à prendre forme avec l'accélération de l'acheminement des aides (tentes et denrées alimentaire), le renforcement des équipes chargées de l'expertise des constructions et des équipements publics et la mobilisation de nombreuses entreprises de construction. L'appui «salvateur» du département de Tebboune Le ministère de l'Habitat avait décidé, au lendemain du séisme de Mihoub, l'octroi d'une première aide d'urgence de 500 logements ruraux et 400 aides au profit des sinistrés de la région. Un programme d'aide complémentaire de 250 logements ruraux et 1000 aides pour la réhabilitation des constructions affectées par le séisme sera notifié, quelques jours plus tard, par ce même ministère, en sus de subventions qui vont être injectées dans les opérations de réhabilitation des équipements et édifices publics endommagés. Le secteur de l'Education, dont de nombreuses infrastructures ont été totalement ou partiellement endommagées, va bénéficier d'une dotation financière d'un montant de 630 millions de dinars. Celle-ci sera injectée dans les opérations de réhabilitation et de reconstruction de plusieurs d'établissements scolaires à Mihoub, mais également dans d'autres localités limitrophes, affectées par le séisme. Chiffres et bilan Les efforts déployés par l'Etat, que ce soit en termes de subventions financières ou de mobilisation des moyens de réalisation, ont permis d'effacer les traces de ce séisme et à redonner espoir aux habitants de cette localité. Ainsi, la quasi-totalité des établissements scolaires touchés à des degrés divers sont aujourd'hui opérationnels. Les élèves scolarisés dans cette commune ont pu, dès la rentrée de septembre dernier, rejoindre leurs établissements respectifs, à la faveur des opérations de réhabilitation entreprises sur place. Sept établissements scolaires, localisés notamment à Mihoub, El-Guelb-el-Kebir et El-Azzizia, qui ont été fortement endommagés par le séisme, ont été remplacés en construction en préfabriqué. Plus de 70 structures scolaires, ventilées sur huit communes du nord-est de la wilaya, ont subi des dommages, plus ou moins importants, nécessitant des opérations de réhabilitation, achevées depuis en entier. En matière d'habitat, plusieurs blocs d'immeubles qui étaient en phase d'achèvement au moment du séisme et endommagés suite à ce dernier ont fait l'objet de travaux de réhabilitation, en attendant leur distribution. Des travaux similaires ont été engagés par l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi) sur une soixantaine de logements semi-collectifs, réoccupés, en juillet dernier, par leurs locataires. Au plan de la reconstruction, les chiffres officiels font état de l'attribution de pas moins de 3 311 décisions de financement au titre de l'aide à l'auto- construction, réparties entre 1 394 aides pour la catégorie classée en vert, 2 660 pour l'orange, 2 632 en orange 4 et, enfin, 625 aides pour la catégorie classée en rouge 5. Diverses dispositions ont été prises pour accélérer le versement des aides débloquées par l'Etat et faciliter ainsi l'entame des travaux de construction, en sus de la mise en place, au niveau des daïras dont relèvent les communes affectées par le séisme, d'une cellule en charge de suivre l'exécution dans un chantiers d'auto-construction et veiller à la bonne marche de l'opération.