«Chez les grands constructeurs, le processus de production d'un véhicule est très automatisé. Dès lors qu'on leur demande de prélever des volumes pas très significatifs, c'est des surcoûts qui sont générés», c'est ce qu'a indiqué, hier, sur les ondes de la radio algérienne, l'expert en industrie automobile et ex-PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub. L'invité de la rédaction de la chaîne III a expliqué que «l'importation des véhicules en kits (SKD) génère des surcoûts de 5 à 6%», tout en précisant que ce surcoût, ajouté aux différentes taxes indexées ces dernières années, contribue, à la hausse des prix des véhicules proposés à la vente. Le même responsable a fait savoir que cette phase d'importation de véhicules en kits est «un passage obligé», et pour ce, elle ne doit pas durer plus longtemps, tout en rappelant, au passage, que le cahiers des charges oblige les concessionnaires à atteindre un taux d'intégration de 15% à la fin de la 3ème année de production et de 40% à la 5ème année. Car, «au-delà de ces délais, souligne-t-il, s'il n'y a plus pas de taux d'intégration, ça sera alors des véhicules non rentables qui seront produits en Algérie». L'objectif d'atteindre un taux d'intégration de 40% est réalisables, selon M. Chahboub qui cite l'exemple de la SNVI qui intègre dans ses véhicules 55% des pièces produites localement. Pour parvenir à un tel niveau, l'expert recommande de faire appel aux sociétés de sous-traitance existant. Il cite, à ce propos, les entreprises locales spécialisées dans la fabrication des pièces automobiles à l'exemple des batteries, des faisceaux électriques, du vitrage et autres silencieux d'échappements «en manque de marché». Dans le même sillage, l'interlocuteur a recommandé d'encourager à travers des constructeurs, les équipementiers à s'installer en Algérie et à y développer des partenariats dans le domaine. Selon les indications de cet expert, plus de 65% des pièces automobiles sont fabriquées par ces équipementiers. Le cahier de charges sur la sous-traitance automobile au niveau du gouvernement Il est à rappeler que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb avait déclaré, la semaine précédente que le cahier de charges sur la sous-traitance automobile est finalisé et soumis au gouvernement. Lors du lancement d'un jumelage entre l'Algérie et l'Union européenne pour développer l'innovation industrielle en Algérie, le ministre avait expliqué que «concernant le cahier de charges de la sous-traitance, les textes sont au niveau du gouvernement», soulignant que la sous-traitance a désormais un «appui réglementaire concret» qui prend en charge ce créneau, créateur de richesse et de valeur ajoutée dans le cadre de la nouvelle loi d'orientation sur la petite et moyenne entreprise, adoptée récemment par le Parlement. «Dans ce cadre, nous avons demandé à nos partenaires (Renault, Volkswagen et autres constructeurs automobiles) de s'inscrire et de s'impliquer dans cette politique de sous-traitance pour développer ces métiers», avait-il indiqué. «Nous avons ouvert notre marché à nos partenaires. En contrepartie, nous demanderons des parts de marché pour les pièces (de rechange) que nous fabriquerons», avait-t-il expliqué. M. Bouchouareb avait rappelé, à cette occasion, que l'industrie automobile en Algérie a amorcé des progrès «malgré quelques problèmes et difficultés qu'elle rencontre.» Interrogé par la presse sur un éventuel impact de l'introduction des licences d'importation sur l'Accord d'association entre l'Algérie et l'UE, M. Bouchouareb avait affirmé que cette procédure n'impactera pas cet accord, car elle intervient dans une conjoncture spéciale, marquée par une situation économique difficile pour le pays. «Chaque pays qui fait face à des difficultés financières revoit ses priorités (...). Nous n'avons entrepris aucune démarche qui soit contradictoire avec les clauses de l'accord», avait ajouté M. Bouchouareb.