Décès, report des consultations et transfert de malades à la recherche de soins vers des structures de santé du secteur privé forment le quotidien du secteur de la santé à Annaba. La cause est que la majorité, pour ne pas dire la totalité, des équipements d'imagerie médicale est constamment en panne. Ainsi après la salle de cathétérisme, le scanner et l'IRM du CHU Annaba, c'est autour des équipements des urgences de l'hôpital Ibn Rochd de connaître le même sort depuis plusieurs jours, sans que cela n'entraîne une quelconque réaction des responsables concernés. Cette situation est devenue un quotidien dans tous les services. A l'exemple de celui de cathétérisme de l'hôpital Ibn Sina. Ce moyen de prospection et d'intervention médicale est en panne depuis quatre mois. Bien qu'alertée à maintes reprises, la Direction de la santé et de la population de la wilaya n'a pas réagi. Et pourtant, ces moyens de travail dévolus aux spécialistes de récentes acquisitions sont incontournables pour la visualisation précise des artères coronaires (coronarographies). Incontournables également pour des actes de dilatation des artères malades. L'équipe médicale de ce service placée sous la conduite du Pr Aït Athmane a réussi des performances. Elle disposait de tous les moyens de prospection médicale dont la salle de cathétérisme en bon état de fonctionnement. En réalisant de nombreuses mises en place de stents, ce service a sauvé des centaines de vies humaines. Son élan a été cassé net ces quatre derniers mois où plusieurs malades sont décédés pour cause d'équipements médicaux existants mais étrangement inopérants pour cause de pannes soudaines. Praticiens et paramédicaux dénoncent l'absence de réaction de la direction de la santé de la wilaya. Elle aurait été Informée de l'étrangéité des pannes à répétition sur les équipements d'imagerie médicale et l'indisponibilité chronique des réactifs dont les antisérums ou d'immunologie. De telles pannes résulteraient de pannes provoquées pour imposer aux malades affolés de solliciter des structures privées de santé (clinique, laboratoire). «En panne. Il faut voir du côté du laboratoire X ou de la clinique privée Y pour prétendre à des analyses ou des imageries médicales» est la formule généralement utilisée. Aujourd'hui, le temps est aux ordonnances adressées aux gestionnaires des laboratoires et cliniques privés. Le message est laconique, mais vaut son pesant d'or pour les auteurs des pannes de l'appareillage et le matériel médical au profit du secteur privé. Les formules usitées sont toujours les mêmes : «Faire s'il vous plaît ... » « cher confrère ou consœur... ». Un code s'il en est préalablement convenu est comptabilisé en monnaie sonnante et trébuchante. Et pour cause, c'est le patient qui paie cash. C'est dire que dans nos hôpitaux et autres structures de santé, il y a deux méthodes de gestion, ceux qui agissent dans l'ombre et qui veulent saboter et ceux qui sont un peu dubitatifs. Les rencontres organisées presque mensuellement à travers différentes régions du pays par le ministre de la santé, Abdelmalek Boudiaf, agissent comme des stimulants sur les acteurs directs de la santé du secteur public et privé. C'est comme si les deux se sont associés en catimini pour créer une stratégie visant à dépouiller ce ministère des prérogatives qui lui sont dévolues. Ce qui a entraîné une situation inexplicable enrichie de plusieurs messages contradictoires qui visent à décourager voire empêcher les praticiens de prendre en charge les malades en immobilisant totalement ou partiellement les équipements médicaux. S'en suit l'irresponsabilité et la désinformation organisées pour ralentir sinon réduire à leur plus simple expression les activités hospitalières en provoquant des pannes sur les équipements de laboratoires d'analyses et d'imagerie médicale. Dans d'autres structures publiques de santé, l'on vit une situation similaire où même pis. A l'exemple du service ophtalmologie de la policlinique Didouche Mourad où, dans un KGB, l'on fixe des rendez-vous pour visite médicale spécialisée sont à plus d'une année. A Annaba, la dégradation volontaire permanente des équipements médicaux et d'imagerie médicale exige des mesures d'urgence. Une expertise approfondie des causes à l'origine de la multiplication des pannes pourrait aboutir à une enquête judiciaire qui permettrait à la DG du CHU Annaba de voir plus clair dans cette «épidémie» de pannes soudaines. La priorité doit être accordée au service de cardiologie de l'hôpital Ibn Sina. Parce qu'ils n'ont pas été pris en charge à temps pour cause d'équipements en panne, de nombreux malades sont décédés. A ces pannes fréquentes, s'ajoutent l'indisponibilité des réactifs qui disparaissent étrangement. D'où les appréhensions généralisées relevées dans le milieu des praticiens.