Le décès récent d'un grand brûlé, évacué à partir de Skikda, et mal pris en charge par le service des «Grands brûlés», de l'hôpital Ibn Sina de Annaba, risque d'aggraver la situation des structures locales de santé. Elle se caractérise par des perturbations quotidiennes dans les plus importantes structures sous tutelle du Centre hospitalier et universitaires (CHU) de Annaba. Elles sont soumises, depuis plusieurs semaines, à des mouvements de protestation interminables. Le mécontentement des praticiens médicaux, et celui de leurs confrères, chargés de l'imagerie médicale, en sont les générateurs. Même s'il est marqué par une trêve résultant des négociations entre les deux parties en conflit, la direction générale, et le conseil local du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le bras de fer reste latent. Il pourrait surgir à l'échéance des délais accordés par le SNPSP à la DG, pour satisfaire les revendications des praticiens. Celles-ci ont été soumises à l'employeur le 1er février écoulé. Les quelques trois-cent praticiens publics encadrés par le SNPSP, se disent déterminés à arracher ce qu'ils estiment être leurs droits. Ils ont été explicités en une dizaine de points portés sur la plateforme. Même si le syndicat a suspendu son préavis de grève, les praticiens en charge de l'imagerie médicale, ont radicalisé leur mouvement en poursuivant leur débrayage. «Pas d'utilisation des équipements de radiologie en l'absence d'une protection antiradiation», ont-ils affirmé. Ils argumentent le constat établi par trois fois par la commission d'inspection. Dépêchée par le ministère de la Santé, celle-ci a conclu au non-respect des normes de protection en question. Ce qui ne serait pas le cas, selon la DG. Celle-ci avance la conformité des installations de protection sur la base de l'ordre de mise en service et des contrôles effectués dans les délais prescrits par la Comena, une structure agréée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalièrre pour ce type de mission. Cette même structure a également procédé à la vérification des dosimètres, genre d'instrument de mesure destiné à mesurer la dose radioactive, ou l'équivalent de dose reçus par une personne exposée à un rayonnement. Ce qui n'a pas convaincu les praticiens et techniciens protestataires. Certains ont avancé des complications de santé dont ils seraient déjà sujets pour cause de contamination par radioactivité. Cette situation a été aggravée par le dépôt de plainte auprès du parquet d'Annaba. Nos sources affirment que le motif à l'origine de la démarche judiciaire entamée par les parents du grand brûlé, porte sur la négligence et le laissez-aller dans la prise en charge du malade. Des informations recueillies auprès des uns et des autres praticiens et techniciens de la santé, le grand brûlé aurait été évacué à partir de l'hôpital de Skikda vers celui d'Ibn Sina à Annaba. La capacité d'accueil du service réanimation d'à peine 6 lits étant saturé, les praticiens ont jugé utile de l'orienter sur l'hôpital des «Grands brûlés» à Ibn Sina. Ce dernier, à son tour, aurait ordonné son transfert sur un hôpital à Alger. Selon les propos d'un membre de la famille du défunt, toutes ces péripéties ont été vécues par le malade et ses accompagnateurs. A chaque fois, ils étaient confrontés à une totale absence de coordination entre les différents services. Du côté du service des grands brûlés, l'on impute cette situation à l'hôpital de Skikda. Ce dernier n'aurait pas appliqué les dispositions de transfert prévues en pareil cas. C'est-à-dire signaler l'évacuation en urgence du grand brûlé vers l'hôpital des grands brûlés Annaba. A l'appui de leur plainte, les parents du défunt ont mis en relief ce qu'ils ont estimé être une absence totale de coordination, entre les praticiens du CHU de Annaba et leurs pairs de Skikda. Cette affaire est actuellement entre les mains d'un juge d'instruction désigné par le procureur de la république près la Cour de justice d'Annaba. Pour l'heure, dans le secteur de la santé de la wilaya d'Annaba, c'est la débandade. Et ce n'est pas le directeur de la Santé de la wilaya qui nous contredira. Lui, qui, quotidiennement, se confine dans son bureau aux portes hermétiquement fermés devant les représentants de la presse. La grève des étudiants en chirurgie dentaire et des pharmaciens, ainsi que celle des praticiens dont ceux de l'imagerie médicale risque de faire tâche d'huile. Un décès, une plainte au pénal, une grève illimitée des praticiens désignés à l'exploitation des équipements d'imagerie médicale préjudiciable aux malades, que faut-il de plus au ministère de la Santé pour réagir.