Les candidats aux législatives du 4 mai commencent à faire connaître leurs programmes à la faveur de la campagne électorale qui est entré dans sa deuxième semaine, et à travers les rencontres dans les espaces publics autorisés à cette fin, et aussi, ce qui n'est pas du tout négligeable, grâce au passage à la télévision durant les temps d'antenne qui leur sont accordés. D'ici au 30 mars, clôture de la campagne électorale, on peut espérer que chaque liste de partis ou d'indépendants, voire chaque candidat, aura eu la possibilité de bien détailler son programme aux citoyens qui pourront alors choisir en toute connaissance de cause celle ou celui qui les représentera dans la future Assemblée populaire nationale (APN). Les échos qui nous sont parvenus à ce jour indiquent que les premières rencontres entre les candidats et les citoyens, ont laissé ces derniers quelque peu sur leur faim. Il y a, chez l'électorat, un besoin d'explications plus approfondies sur ce que comptent faire les candidats s'ils sont élus et comment comptent-il s'y prendre. Ce besoin de clarification n'a pas encore été suffisamment satisfait par les meetings de proximité pourtant nombreux qui ont été tenus dans le cadre de la campagne électorale. D'autant plus que l'idée que les candidats sont mus par «la quête de pouvoir, d'immunité parlementaire et d'autres avantages», est bien ancrée chez beaucoup de citoyens qui ne montrent pas un grand optimisme sur la crédibilité des prochains élus. Cette catégorie de «déçus», tentés par l'abstention, parlent de l'attrait de l'argent chez certains candidats, d'autres évoquent le «bilan mitigé» des députés de la législature précédente dans leur wilaya. D'où cet enthousiasme plutôt faible perçu chez les citoyens face aux discours électoraux mais qui, toutefois, contraste avec la volonté chez certains d'accomplir l'acte de voter le jour du scrutin. Cette volonté et cette détermination ont été constatées et rapportées par l'APS, particulièrement dans la capitale. Ainsi, à la Place des Martyrs, «une dame venue d'Aghribs (Tizi-Ouzou), la cinquantaine, abordée dans une boutique de vêtements pour enfants, déclare d'emblée qu'elle ira aux urnes rien que pour contribuer à l'édification démocratique et par la même maintenir la stabilité du pays». La même source signale l'engouement d'une électrice qui est «émue par le simple fait d'évoquer l'Algérie qu'elle dit «porter dans son cœur». Originaire de la région de Kabylie, elle se dit convaincue que «la consécration de Tamazight, langue officielle, favorisera le retour d'une sorte d'ouverture citoyenne à la classe politique». Dans le même sens, un étudiant en raffinage et technologie des hydrocarbures, ne veut pas rater le prochain rendez-vous électoral bien qu'à ce jour, il n'ait pas encore arrêté son choix et reste indécis quant au bulletin qu'il glissera dans l'urne le jour «J». Il reste un peu moins de deux semaines aux candidats pour mobiliser leur électorat. Ils vont certainement passer la vitesse supérieure dans leur campagne en tenant compte des leçons que les états-majors vont tirer de leurs premières rencontres avec les citoyens et des échos qui leur sont parvenus en retour. On voit déjà certains partis politiques qui n'arrivent pas à attirer du monde dans leurs meetings, emprunter les pratiques de publicité commerciale qui utilisent tous les lieux où se trouve le public, comme les stations de transport en commun, et, même les supports accessibles au regard des citoyens, comme les véhicules qui circulent en cortège. Ils pensent que le recours à ces moyens alternatifs leur permettra de compenser la faible audience qui a entouré leurs premières sorties. Des véhicules «décorés» aux affiches de candidats sont de plus en plus visibles dans les rues des quartiers à forte densité d'habitations. Quant aux programmes, ils sont distribués avec de petites affichettes directement aux passants dans la rue par les militants qui ont compris qu'il faut aller vers les citoyens et non pas attendre que ceux-ci se déplacent vers les meetings pour écouter les discours.