54 chiffres magiques de ce natif de Dellys en 1963, diplômé des Beaux-arts d'Alger en 1986, qui participe à de nombreuses expositions en Algérie et à l'étranger. On voit ses peintures en France, en Pologne, en Tunisie, en Espagne, à Moscou. Son nom, Amar Briki, statut : artiste peintre, plasticien contemporain. Et c'est là que s'arrête la monographie pour laisser place à une exposition qui a débuté le 14 avril dernier pour aller courir jusqu'au 04 mai 2017 à la découverte de « Fragments intimes », construite sur 54 tableaux affolants de qualités techniques. En effet, aussi discret que talentueux, Amar Briki est prolixe dans son travail aussi timide que fabuleux dans son œuvre, le plasticien s'en va pour cette fois sonder quelques territoires plastiques qui relèvent de la virtuosité. Plus de cinquante travaux entrepris essentiellement sur papier et qui adoptent les techniques diverses du papier, ce sont de divers formats grands, petits, moyens, minuscules, discrets, éloquents pour certains autres, en sous verres pour la plupart. Diversement colorés, peints, gratouillés, travaillés à l'encre, au crayon, dans « Fragments intimes », Amar Briki présente à la Seen Art Galery, un travail de qualité. Il nous montre une série de portraits en clin-d'œil appuyé à Modigliani, œuvre assumée dont seule la partie supérieure apparaît, l'artiste nous montre des qualités dans le « phrasé » pictural, il prend un détail et dans la contemporanéité la plus absolue abolit les freins à la création pour démultiplier les scènes, répétant à l'envie, le détail jusqu'à plus soif. D'autres fois, la bouteille est son terrain de jeu, comme avant les tables ou les chaussettes, allant par dizaines assouvir sa soif d'expérimenter la forme, de la titiller en la grattant, en la gratifiant d'encres généreuses, pour cette fois qui ont un pouvoir couvrant, allouant à la feuille de papier un caractère discursif suggérant ici une scène de genre, là-bas un paysage impulsif. Il intime à ses œuvres un sens, malgré le caractère presque abstractif de ses peintures, ce qui est fabuleux dans le travail de Briki reste son immense propension à investir un champ pictural fondamentalement actuel par son caractère subversif, sa dénonciation discrète d'un état d'esprit moralement étriqué, tout en usant de techniques du lavis, du sfumato, des compositions illustratives, avec en filigrane les oripeaux conscients d'une forme d'art sciemment inscrite dans son aspect technique à de l'art moderne. Joli parti-pris, Amar Briki, dans ses « Pièces en terre cuite », juste par la magie d'un lavis terreux mix d'encre et de traits crayonnés arrive par une simple suggestion dessinée et peinte à nous intimer la plus subtile des appréciations qui de par son caractère spontané laisse une excellente impression d'ensemble. On aura adoré les trois plus grandes peintures, déclinées hélas sur du papier, et quelque peu malmenées sur le cadre par un marouflage approximatif presque impardonnable dans cette honorable galerie qui en est à sa cinquième ou sixième excellente exposition. Il n'en demeure pas moins que ces trois grandes œuvres sont des « cartes postales » représentant Alger centre, Alger, le port vu par la mer, et Alger en gare avec les codes entrepris par les photographes qui avaient entamé le chemin esthétique pour montrer cette ville par leur regard enjoué de colons, là où Amar Briki fait ses reproductions dans le regard suggéré de l'Algérien de l'époque, une sorte de revers de la médaille par les tonalités de gris interposés, dire que Amar Briki n'a pas une attitude farouchement politique, et contemporaine serait, en effet, un immense contresens, le timide plasticien à la timidité maladive et au lange typiquement plastique, nous livre ici dans cette très belle galerie, pilotée par Randa Tchikou, un travail magistral. Amar Briki n'est pas un génie de la peinture, il n'est pas un maître des lavis et des compositions naturelles, empiriques volant à l'art brut quelques un de ses fondements, il demeure juste un excellent plasticien, quelqu'un de travailleur et de passionné. Son travail s'en ressent chez le regardeur qui, spontanément, grâce aux qualités du peintre s'imprègne de ces images savamment réalisées. « Fragments intimes » est juste une belle rencontre, une belle aventure plastique avec un peintre, juste un peintre, pour quelques belles entreprises composées et colorées de bien belle manière, juste une rencontre avec un peintre...mais quel peintre !? À voir à tous prix, juste pour le plaisir...