,L'Iran se trouve à un carrefour de son histoire, où le 19 mai 2017, 56,4 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes pour élire leur nouveau Président. Si la situation générale, est bien meilleure que par le passé, l'inflation étant maîtrisée, le chômage est relativement élevé. Pour les élections de mai 2017, il s'agit surtout d'un duel entre Hassan Rohani, 68 ans, réformateur élu en 2013 et Ebrahim Raïssi, ancien procureur général de la République islamique conservateur de 56 ans. Selon les premières informations partielles (Reuters) du 20 mai 2017, le président iranien sortant Hassan Rohani était en passe samedi d'être largement réélu dès le premier tour de la présidentielle de vendredi, totalisant environ 56% des voix face à son adversaire. Les autorités iraniennes ont adopté une stratégie globale de réformes fondées sur le marché, déclinée dans un document de prospective sur 20 ans et dans le VIe plan quinquennal de développement couvrant la période 2016-2021. Afin de Ce plan s'articule autour de trois grands axes : le développement d'une économie résiliente, le progrès scientifique et technique, et la promotion de l'excellence culturelle. Sur le front économique, le plan table sur une croissance annuelle de 8 %, avec trois grandes priorités pendant les cinq prochaines années : réforme des entreprises publiques, secteur financier et bancaire, répartition et gestion des recettes pétrolière, une plus grande rigueur budgétaire, la lutte contre le gaspillage et la corruption. Car l'important pour le gouvernement iranien est de sortir l'économie de la récession. L'objectif est la relance économique, réduire le taux de chômage et la maîtrise de l'inflation pour maintenir la cohésion sociale alors que l'économie comme souligné précédemment est fortement dépendante pour son financement des revenus pétroliers qui irrigue la sphère économique. C'est pourquoi, le gouvernement iranien avec la levée de l'embargo entend accroître l'offre d'hydrocarbures afin de reconstruire son économie qui lui permettra de dynamiser son économie et entend mener des réformes internes afin d'accroître les recettes fiscales à terme. Ainsi l'Iran envisage des privatisations et cessions d'actifs en forte progression par rapport au budget actuel, combiné à la réduction du train de vie de l'Etat (dépenses de fonctionnement, salaires des fonctionnaires). Ainsi, le gouvernement iranien, notamment les réformateurs sont confrontés à d'importants défis internes nécessitant d'importantes réformes structurelles à trois niveaux : -premier niveau, revoir les subventions généralisées non ciblées, source de gaspillage, les situations de rentes et les détournements de fonds, constituant une autre cause de cette hémorragie permanente dans l'économie iranienne qui empêchent la canalisation des richesses dans le système de production intérieure et le développement du pays. C'est dans ce contexte que le dispositif de subventions indirectes, dont le coût était estimé à 27 % du PIB en 2007/2008 (soit approximativement 77,2 milliards de dollars), a été remplacé par un programme de transferts monétaires directs aux ménages iraniens. Le second volet de la réforme des subventions, lancé au printemps 2014, prévoit un ajustement des prix pétroliers plus graduel qu'envisagé auparavant et un ciblage plus large des transferts au bénéfice des foyers à faible revenu. Près de 3 millions de ménages à revenu élevé ont déjà été rayés des listes des bénéficiaires. Comme impact, le taux de pauvreté a reculé de 13,1 à 8,1 % entre 2009 et 2013 (sur la base d'un seuil de pauvreté de 5,5 dollars en parité de pouvoir d'achat de 2011). Cette évolution selon toujours le FMI est probablement à imputer à la mise en place, fin 2010, d'un programme universel de transferts monétaires, prélude à la suppression des subventions à l'énergie et au pain. Le programme semble avoir plus que compensé la hausse attendue des factures d'énergie des ménages les moins aisés et contribué, ce faisant, à améliorer le pouvoir d'achat des 40 % les plus pauvres de la population Cette démarche aurait conduit à une réduction des dépenses de l'Organisation des subventions ciblées (TSO) de 4,2 % du PIB en 2014 à 3,4 % en 2016. - deuxième niveau tout en veillant à sa protection sécuritaire, limiter les dépenses faramineuses consacrées à l'appareil militaire du fait des tensions régionales dont le projet nucléaire à des fins militaires l'Accord prévoyant le nucléaire à des fins civiles, , le programme balistique colossal et la politique interventionniste au niveau international qui nécessitent d'importantes aides financières ; - troisième niveau qui impliquera des réaménagements au niveau du pouvoir iranien, la limitation du pouvoir des Pasdaran qui contrôlent une part essentielle de l'économie iranienne qui sans être soumis à la loi sur la fiscalité, monopolisent l'activité économique en encaissant des revenus colossaux dans les secteurs du pétrole, gaz, pétrochimie, téléphonie, informatique, de l'industrie de l'automobile, l'acier, le ciment, l'alimentaire, les produits pharmaceutiques, ainsi que les routes, les banques, les assurances. Selon les analystes, les Pasdaran sont parmi les plus grands cartels du monde et contrôlent plus de 50 % des importations et le tiers des exportations iraniennes. En résumé, l'Accord , signé en juillet 2015, a permis la levée de sanctions économiques qui pesaient sur l'Iran et la reprise du partenariat avec l'étranger bien que nous assistons à une positon ambigüe du président américain, qui parait assumer cet héritage sans pour autant cesser de le critiquer affirmant le 20 avril 2015 , que l'Iran respectait formellement l'accord nucléaire, mais qu'il en violait l'esprit. De toute manière, l'entrée de l'Iran au niveau du concert des Nations permettra de désamorcer le climat de tensions que traverse tant la région et préfigure une importante reconfiguration géostratégique au Moyen Orient et énergétique au niveau tant de l'Asie que de l'Europe. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international