Les agriculteurs affichent peu d'engouement pour contracter une assurance auprès de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA). Le taux de pénétration de l'assurance agricole, pourtant une nécessité face aux aléas climatiques et épidémiologiques et les incertitudes sur la production, avoisine à peine 18% sur un total de 1,2 million d'agriculteurs inscrits à la Chambre nationale d'agriculture, a fait savoir Cherif Benhabilès, directeur général de la CNMA, invité hier du forum du quotidien El Moudjahid. Parent pauvre du secteur des assurances, le chiffre d'affaires du risque agricole – seulement 400 millions de dinars en 2014 – représente moins de 1% du chiffre d'affaires du marché des assurances, estimé à plus de 110 milliards de dinars. «Nous sommes en deçà du potentiel et beaucoup de travail reste à faire pour rendre l'assurance agricole beaucoup plus attractive», a affirmé M. Benhabilès. Un manque à gagner Outre un déficit de communication et de sensibilisation, le premier responsable de cette institution a reconnu que certaines gammes de produits proposés sur le marché n'ont pas été réadaptés à l'évolution récente des besoins des agriculteurs. Cherif Benhabilès, dont la caisse détient 80% de parts du marché des assurances agricoles, a déploré le peu d'importance accordé par d'autres compagnies à l'assurance agricole, une police qui ne génère pas de bénéfice. Dans le cas de la CNMA, le manque à gagner est comblé par d'autres polices d'assurance. Afin de rendre l'assurance agricole plus attractive, la CNMA, qui offre des réductions de 50% dans certaines régions, prévoit de mettre à la disposition des agriculteurs, dès la fin de l'année, de nouvelles polices d'assurance liées aux pertes de rendement pour la pomme de terre et les céréales, d'après son directeur général. Cette assurance, première du genre en Algérie, servira à indemniser un agriculteur lorsque son rendement baisse sous un seuil fixé d'un commun accord. Le conférencier a également conditionné l'octroi des subventions de l'Etat aux agriculteurs à la souscription à une assurance agricole. «Il est temps que l'agriculteur se prenne en charge et apprenne à ne pas compter sur l'aide de l'Etat. Il faut revoir aussi le fonctionnement de certains fonds dédiés au monde agricole afin d'en faire des instruments économiques et pas seulement des outils de subvention», a plaidé l'orateur. Créée en 2006, la CNMA a remboursé 19 milliards de dinars au titre de sinistres agricoles durant les quatre dernières années. Son chiffre d'affaires a évolué de 18% sur la même période. La Caisse a versé 25 millions de dinars aux éleveurs dont le cheptel a été touché par la fièvre aphteuse. La CNMA, qui emploie 2600 personnes, dispose de 76 caisses régionales et 400 bureaux locaux répartis sur le territoire national. Elle consacre par ailleurs 12% de son chiffre d'affaires à la formation de son personnel, selon les chiffres fournis par Cherif Benhabilès.