Pour l'expert économique Abderrahmane Mebtoul, qui s'exprimait sur la Chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, la situation actuelle en ce mois de juin 2017. En prenant les chiffres des importations sur les quatre premiers mois, donnés par l'ONS (Office national des statistiques un peu plus de 15 milliards de dollars), donc on va, dit-il, vers 46 milliards de dollars ; il ajoute que le rapport du FMI qui extrapole la balance des paiements de 2013 à 2020 pour l'Algérie, montre que les sorties de devises de services auraient été de 9,9 milliards de dollars en 2016, et sont extrapolés à 10,7 milliards de dollars pour 2017, à cela s'ajoute, poursuit-il, les transferts légaux de capitaux, qui varie entre 3,5 et 4,5 milliards de dollars ; donc les sorties de devises seront de l'ordre de 63 milliards de dollars, fait-il observer. L'expert relève l'effort réalisé par le gouvernement pour limiter cette hémorragie budgétaire en rappelant que, durant l'année 2013, les sorties de devises ont été supérieures à 75 milliards de dollars. En contrepartie, il note que les recettes qui ont été pour 2016 de 28,5 milliards de dollars dont un peu plus de 27 milliards de dollars pour Sonatrach. Il rappelle que le gouvernement pensait que le baril allait se situer entre 52 et 55 dollars et extrapolait des recettes de 32 ou 33 milliards de dollars. Il fait observer que depuis une dizaine de jours le cours du baril fluctue entre 46 et 47 dollars. Donc, conclut-il, les recettes seront de l'ordre de 30 milliards de dollars et les sorties de devises de 63 milliards de dollars avec des réserves de change à fin mai 2017, de 100 milliards de dollars. Abderrahmane Mebtoul pense que l'on a pêché par un optimisme béat. Commentant le programme économique qui vient d'être présenté par le nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, il appelle à ne pas avoir une vision de sinistrose ; le pays, dit-il, n'est pas dans la même situation que celle de la crise de 1986 ; Il fait remarquer que l'Algérie dispose de 100 milliards de dollars de réserves et n'ayant qu'une dette extérieure de moins de 4 milliards de dollars. Ce qu'il reste à faire, selon lui, c'est de lever les contraintes dans le milieu des affaires afin, dit-il, de booster le secteur privé productif et de le débarrasser pour cela, des contraintes bureaucratiques et de faciliter son financement et son accès au foncier. Parmi les autres aspects qu'il appelle à prendre en compte afin d'assurer ce programme, M. Mebtoul met en avant l'institution d'un dialogue permanent avec les partenaires économiques et sociaux, de même que l'introduction de la bonne gouvernance et de l'état de droit, c'est-à-dire, souligne-t-il, la moralisation de la société ; ceux qui doivent donner l'exemple, précise-t-il. Annonçant une période à venir faite de tensions budgétaires difficiles, estime utile de mobiliser les Algériens en leur tenant un langage de vérité. L'Algérie, reprend-t-il, possède de fortes potentialités qui appellent à être appuyées par des décisions courageuses applicables sur le terrain. Ces dernières devraient, d'après lui, cibler le système des subventions dont il note qu'il représente un tiers du budget, et qu'il considère comme injuste, dans la mesure, dit-il, où celui qui perçoit 50 millions de centimes en bénéficie au même titre que celui qui touche 2 millions de centimes.