C'est une chanson qu'on ne présente plus, venue d'une île dont on parle peu. «Despacito», le tube de l'été, écouté près de 5 milliards de fois sur internet, commence à avoir des retombées économiques pour Porto Rico, la terre qui l'a enfanté. Cette île des Caraïbes qui appartient aux Etats-Unis est le territoire le plus pauvre du pays, mais grâce notamment au reggaeton endiablé de «Despacito», elle attire de plus en plus de touristes. Despacito, c'est avant tout une invitation à danser «doucement» : c'est la traduction du titre de cette chanson que peu de gens peuvent prétendre ne pas avoir entendue. Dans le clip, visionné près de 3 milliards de fois sur Youtube, de jeunes gens dans le quartier de La Perla, un bidonville de San Juan, la capitale portoricaine. Jusqu'à il y a peu, on déconseillait généralement aux touristes de se rendre dans ce quartier. Mais ça, c'était avant. Avant la déferlante Despacito, déjà plus d'une cinquantaine de fois disque de platine. Depuis la sortie du clip en janvier 2017, La Perla a retrouvé son attrait. Aujourd'hui les touristes sortent des remparts de la vieille ville de San Juan et descendent dans les rues escarpées du quartier pour se prendre en photo au milieu des maisons multicolores baignées par la mer. «J'ai regardé le clip plein de fois, je savais où je devais aller, j'ai pris des photos et j'ai essayé de danser », raconte une jeune américaine à l'Agence France-Presse. Sur place, nos confrères remarquent aussi des brochures touristiques portoricaines qui vantent la « Despacito coast», la côte de Despacito. Chiffres du tourisme en hausse Le tourisme est une manne financière pour l'île et représentait 6% de son PIB en 2015. En ligne de mire : les croisiéristes. « C'est souvent un tourisme de jour, les gens débarquent à 10 heures et rembarquent dans leur bateau à 16 heures ou 17 heures, explique Christian Girault, chercheur au CNRS, qui connaît bien Porto Rico. Il y a aussi trois ou quatre hôtels de luxe, mais surtout une vie nocturne, avec des mélanges de jazz, de musiques locales...» En somme, une «très bonne ambiance ». C'est cette ambiance qui a plu au metteur en scène du clip de Despacito, Carlos Perez : «Les mots clés étaient : culture, danse et couleurs», d'où le choix de La Perla. Les 1 600 habitants du quartier n'ont pas attendu le tube planétaire pour agir, et travaillent depuis plusieurs années, en partenariat avec le gouvernement, au développement d'un commerce local dans leur quartier auparavant surtout tourné vers l'économie de la drogue. En juillet, fort de sa nouvelle notoriété, La Perla a pu se refaire une beauté. Ses 1 600 habitants ont repeint leurs maisons bariolées. Luis Fonsi, l'un des deux interprètes de Despacito les a félicités via son compte Instagram, en postant une photo du quartier rénové. «Qu'il est bon d'avoir des nouvelles positives de son pays», s'enthousiasme-t-il dans un texte aimé près de 90 000 fois sur le réseau social.