Inimaginable, dans la banlieue de Tripoli, des migrants sont vendus comme n'importe quelle marchandise au 21ème siècle. Un marché d'esclaves cédés aux enchères par des passeurs pour la modique somme de quelques euros. Ces hommes et ces femmes ont été filmés par CNN. La vidéo diffusée dans le courant du mois de novembre fait suite à d'autres reportages écrits ou tournés sur la traite humaine en Libye, durant l'année 2015 et au début de l'année 2016. Les réactions d'indignation de nombres d'associations et d'artistes n'ont eu que peu d'impacts face à la gravité d'un scandale qui a tendance à persister dans un pays déchiré par la guerre entre factions rivales pour la conquête du pouvoir. L'opprobre n'a semblé gagner les dirigeants africains que lors du sommet entre l'UE et l'UA qui se tient en Côte d'Ivoire. Les condamnations pleuvent de toutes parts, mais le négoce continu entre les passeurs et les acheteurs dont l'identité, et la nationalité n'a pas été révélée. Il faut souligner que des accords ont été signés entre l'Union européenne et la Libye pour freiner en territoire libyen les vagues successives de migrants désireux de se rendre en Europe, via l'Italie, pays déjà submergé par les demandeurs d'asile, ou les solliciteurs de la possibilité de transiter par ce pays vers les pays du nord. La politique à la fois ambiguë et timide de l'Union européenne en matière de prise en charge des demandeurs d'asile fuyant les territoires en guerre, ou la misère, a accentué la précarité des migrants dans bon nombre de pays de la vieille Europe, ne sachant plus où donner de la tête, entre le respect dû aux droits humains et la frayeur que suscite l'étranger. L'accord conclu entre l'Union européenne et les Libyens pour contenir les flux migratoires a fait compliquer les conditions de vie «inhumaine des migrants qui se sont vus cantonner dans des camps de détention» selon le Haut commissaire des Nations unies Zeid Ra'ad Al-Hussein. Selon toute présomption, des humains sans papiers, peut être même volontairement apatrides, se trouveraient en Europe traités tels des esclaves. L'ONU se dit indignée. Macron dans une interview exclusive accordée à France 24 à partir de la Côte d'Ivoire où se tient le sommet Union européenne/ Union africaine qualifie l'humiliation faite à la condition humaine, se déroulant en Libye de «crimes contre l'humanité» et lance l'idée d'une action policière et militaire pour mettre fin «collectivement aux réseaux de passeurs» qui sont liés à des terroristes activant dans la bande sahélienne. Ouyahia dans le même contexte, a développé comme par le passé son irritation en réaffirmant que : «L'Algérie tient à condamner avec force, le trafic d'êtres humains, pratiqués par les réseaux de crime transnational, crime qui prend des formes diverses, du terrorisme, au trafic de drogues, à la traite esclavagiste de personnes» indiquant que «mon pays, le plus exposé aux flux migratoires au Maghreb en raison de sa stabilité au plan sécuritaire et de sa dynamique économique, y fait face en mobilisant ses seuls moyens matériels et financiers, toujours plus importants, tout en demeurant animé de considérations humanitaires, et de solidarité». La tragédie qui se déroule sous nos yeux quotidiennement avec son lot de morts, de prisonniers, et d'humains de tout âge victimes de la traite humaine est inconcevable, et pourtant bien réelle.