Les négociations de Genève sur la Syrie vont reprendre mardi, mais le retour de la délégation du gouvernement syrien à la table des négociations n'a pas été encore confirmée. «C'est à Damas de décider» si la délégation doit revenir mardi comme l'a proposé le médiateur de l'ONU pour la Syrie, a déclaré vendredi aux journalistes Bachar Al-Jaafari, le négociateur en chef du gouvernement syrien. Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, a annoncé que cette huitième session de pourparlers, qui a débuté mardi, allait faire une pause de trois jours et que les discussions reprendraient mardi pour durer jusqu'à la mi-décembre. Parlant aux journalistes à l'issue d'un entretien avec le médiateur, M. Jaafari a critiqué l'opposition pour son «langage provocateur, irresponsable» au sujet du sort du président Bachar Al-Assad. L'opposition a de nouveau réclamé publiquement le départ du chef de l'Etat syrien avant tout règlement politique du conflit. «Le langage était provocateur, irresponsable politiquement parlant», a dit M. Jaafari, ajoutant que «tant que l'autre partie tiendra ce langage (...) il n'y aura aucun progrès». «Ceux qui veulent imposer des conditions préalables ne sont pas réalistes. Il y a une réalité politique sur le terrain, nous sommes le camp fort et notre armée gagne face aux terroristes», a rappelé M. Jaafari, qui est l'ambassadeur de la Syrie à l'ONU à New York. La délégation gouvernementale avait déjà exprimé son mécontentement en étant absente mardi au premier jour des pourparlers. M. de Mistura avait en septembre appelé l'opposition à être «assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre». Et mercredi, il a demandé aux deux délégations de s'abstenir de faire des déclarations visant à «délégitimer» l'autre partie. Venu participer à son tour à une séance de travail dans l'après-midi au Palais des Nations, le siège de l'ONU à Genève, le porte-parole de la délégation de l'opposition a déclaré qu'elle serait bien présente, mardi, à la reprise des discussions. M. De Mistura a organisé sept cycles de pourparlers depuis 2016, sans obtenir de résultats. Il souhaite concentrer cette fois les négociations sur la rédaction d'une nouvelle Constitution et sur l'organisation d'élections législatives sous la supervision de l'ONU. De son côté, la Russie souhaite également un règlement politique. Sur le terrain, la guerre n'est pas terminée. L'ONU a lancé jeudi un appel désespéré à évacuer 500 malades de la Ghouta orientale, une région proche de Damas assiégée depuis 2013 par l'armée du régime et où la situation est «catastrophique». «Les enfants souffrent de malnutrition sévère. (...) C'est une urgence humanitaire», a dénoncé le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland. «La situation est déchirante, intolérable, cela entachera notre conscience pendant très, très longtemps», a-t-il ajouté. Le conflit, qui dure depuis plus de six ans, a fait plus de 340 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.