La Russie a exprimé ses inquiétudes vis-à-vis de l'approche choisie par l'Occident afin de résoudre la crise sur la péninsule coréenne, évoquant notamment une situation «dangereuse», au lendemain de la session du Conseil de sécurité de l'ONU tenue vendredi. Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, Moscou s'«inquiète que la logique de la pression domine l'approche de l'Occident face au problème du règlement de la crise nord-coréenne». «Après la réunion du Conseil de sécurité de l'Onu, à laquelle ont participé un certain nombre de hauts représentants des pays occidentaux, nous avons eu l'impression que la logique de la pression dominait leur approche. C'est un signe très inquiétant pour nous : je ne voudrais pas être dans une situation où, malgré tous les efforts déployés par la Russie, la Chine et par nos deux pays conjointement, une spirale de la confrontation prenne de l'ampleur», a déclaré Serguei Riabkov. «Nous mettons en garde nos collègues contre ce développement et les appelons à peser les conséquences», a-t-il expliqué, ajoutant que Moscou exhorte également les Etats-Unis et la Corée du Nord à entamer un dialogue. «Seule l'ouverture au dialogue de la part de Pyongyang et de Washington, la réticence mutuelle et le désir d'établir un point de départ pour une initiative diplomatique peuvent nous permettre de sortir la situation de son actuel état extrêmement dangereux», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Ces déclarations interviennent après que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson n'a pas repris vendredi devant le Conseil de sécurité de l'Onu son offre de dialogue «sans conditions préalables» avec la Corée du Nord, qu'il avait formulée en début de semaine. Pyongyang a testé avec succès un nouveau missile balistique intercontinental fin novembre. Discussions en vue autour du nucléaire coréen même si la position US est maintenue Le département d'Etat américain a annoncé que la politique des Etats-Unis «n'a pas changé» sur le dossier nord-coréen, même si le chef de la diplomatie Rex Tillerson se déclare prêt à parler à Pyongyang «sans condition préalable», la position américaine affirme que toute négociation ne pouvait porter que sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les propos du secrétaire d'Etat, tenus mardi, ont été interprétés comme une évolution de la stratégie américaine par plusieurs observateurs, qui attendaient de savoir si elle est partagée par Donald Trump. Rex Tillerson a confirmé la nécessité d'une «période de calme» dans les essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord avant d'entamer des discussions. Mais il a aussi assuré qu'une «première réunion» pourrait se tenir «sans condition préalable», et surtout sans exiger de l'Etat coréen dirigé par Kim Jong-Un qu'il soit «prêt à abandonner» son programme nucléaire. Jusqu'ici, il affirmait, comme en août dernier, qu'une «condition à la tenue de ces pourparlers est qu'il n'y a pas d'avenir pour une Corée du Nord dotée d'armes nucléaires». «Le secrétaire d'Etat ne met pas en place une nouvelle politique, la politique n'a pas changé», a, toutefois, répondu mercredi la porte-parole du département d'Etat Heather Nauert, interrogée sur ce tournant apparent. «Nous restons ouverts au dialogue quand la Corée du Nord manifestera la volonté de mener un dialogue crédible sur une dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne», a-t-elle ajouté, «et clairement ce moment n'est pas encore venu». Dans ce tumulte de déclarations, le secrétaire d'Etat américain avait précisé qu'une première rencontre avec le régime nord-coréen pouvait ne pas porter sur l'armement. «Mais au moins voyons nous face à face et ensuite on pourra commencer à établir une feuille de route de ce vers quoi nous voudrions aller», avait-il lancé. Le «pas significatif vers le dialogue» salué La Russie et la Chine ont salué mercredi ses déclarations qui semblent assouplir la position de Washington, même si la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Huckabee Sanders a assuré mardi que le président Donald Trump «n'a pas changé de position sur la Corée du Nord». Elle n'a pas précisé cette position Par le passé M. Tillerson s'était fait publiquement rabrouer par M. Trump pour avoir évoqué l'existence de «canaux de communication» pour «sonder» les intentions du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un en vue d'un éventuel dialogue. «Il perd son temps à négocier», avait tweeté M. Trump début octobre. Le Kremlin a salué un changement de ton «constructif» de Washington avec des déclarations «beaucoup plus satisfaisantes que la rhétorique de confrontation que nous entendions jusque là», selon son porte-parole Dmitri Peskov.