C'est la semaine que l'Espagne attend toute l'année. Celle de Noël ? Non, celle du clasico Real Madrid-FC Barcelone ! Une semaine toujours particulière, faite d'attente et de polémiques, et marquée cette année par la concomitance avec les élections catalanes. L'attente : du foot pour compter les jours Pendant que la plupart des championnats européens vont faire relâche le week-end prochain, la Liga espagnole s'est offert une petite rallonge et un gage d'exposition mondiale : la 17e journée s'étale exceptionnellement de mardi à samedi, avec en point d'orgue le clasico au stade Santiago-Bernabeu samedi à la mi-journée. L'horaire est inhabituel mais doit permettre à ce duel, match de clubs le plus regardé au monde avec 650 millions de téléspectateurs attendus, d'être visible sur les marchés asiatiques. «Le clasico, je l'ai vécu comme joueur, comme entraîneur, comme supporter et c'est magnifique», rappelait récemment Zinédine Zidane, entraîneur du Real. «Le monde entier veut regarder ce match, et ça, ça veut tout dire.» En attendant, les fous de foot comptent les jours, avec un crescendo de matches tous les soirs jusqu'au grand choc, nouvel épisode d'une rivalité centenaire remontant à 1902. «Ce serait important pour nous de pouvoir gagner ce match, pour ce qu'il représente, un match spécial face au Real Madrid disputé sur leur terrain», a résumé lundi l'attaquant-vedette du Barça Lionel Messi. Le vote : Madrid-Barcelone après les élections Le Real, club «royal» lié aux cercles du pouvoir espagnol, et le Barça, étendard de l'identité catalane, ont toujours incarné un affrontement symbolique entre centralisme et nationalisme. C'est d'autant plus vrai cette fois-ci après la violente crise politique qui a secoué la Catalogne en octobre, entre référendum d'autodétermination interdit par Madrid, déclaration d'indépendance adoptée à Barcelone puis reprise en main de la région, appelée aux urnes jeudi, à deux jours du clasico. D'ailleurs, ce ne sont pas les deux seuls événements de portée nationale de cette folle semaine : vendredi aura lieu le tirage au sort de la célèbre loterie de Noël, surnommée «El Gordo» (le gros lot), qui passionne les Espagnols. Et dimanche soir, c'est la veillée de Noël, ou «Nochebuena», habituellement célébrée en famille. «C'est vrai qu'il y a beaucoup d'événements cette semaine et tous de grande intensité», a reconnu dimanche Ernesto Valverde, entraîneur du Barça. «Nous nous habituons à ne pas tout mélanger pour éviter la confusion et nous essaierons de faire un bon match et de gagner». La polémique : «pasillo» ou pas «pasillo» ? Que serait un clasico sans odeur de soufre ? La polémique de la semaine tourne autour du «pasillo», cette haie d'honneur traditionnelle dont les équipes récemment victorieuses d'un trophée bénéficient juste avant leur match suivant. L'attaquant-vedette du Real, Cristiano Ronaldo, a ainsi réclamé du Barça une haie d'honneur puisque l'équipe merengue vient de remporter son deuxième Mondial des clubs d'affilée, le 8e titre de l'ère Zidane. Pas question, a rétorqué le Barça : le club catalan assure n'effectuer le pasillo que lorsqu'il a lui-même pris part à la compétition remportée. Et les critiques de fuser des deux côtés, chacun accusant l'autre de manquer de sportivité... «Ces questions, c'est plus pour amuser la galerie qu'autre chose», a tranché le toujours pondéré Valverde. Les inconnues : BBC contre MSX ? A l'approche du choc, les compositions des deux équipes donnent lieu à plusieurs inconnues. Côté Real, c'est Gareth Bale qui interroge : tout juste revenu de blessure mais accablé par les pépins physiques cette saison, le Gallois peut-il être titulaire samedi ? Cela permettrait à Zidane de reformer son trio d'attaque «BBC» (Bale-Benzema-Cristiano)... mais cela le priverait de l'excellent meneur de jeu Isco. Au Barça, la blessure de Paco Alcacer dimanche a rebattu les cartes. Valverde optera-t-il pour un milieu renforcé avec Paulinho ? Ou bien maintiendra-t-il un troisième attaquant aux côtés de Lionel Messi et Luis Suarez ? Et d'ailleurs, ce troisième attaquant pourrait-il être Ousmane Dembélé, censé ne rejouer qu'en janvier mais peut-être de retour pour être le facteur X ?