Aux premières lueurs de la nouvelle année, un grand plasticien s'en allé après des décennies consacrées à son art. Abdallah Benanteur, l'un des chefs de file de la peinture moderne algérienne. Abdallah Benateur tire sa révérence à l'âge de 86 ans. Natif de Mostaganem en 1931, Benanteur commence à dessiner en 1943. Revenant sur ses débuts, il confie : « J'ai été très jeune attiré par le dessin. Ma chance a peut-être été toute une suite de longues maladies infantiles qui m'ont retenu à la maison. À onze ans, je dessinais beaucoup, des fleurs, des natures mortes avec des citrons, plus tard des portraits. J'en suis arrivé à la peinture. J'ai copié des reproductions en noir et blanc de Rembrandt. J'ai aimé les classiques du xixe siècle, notamment Monticelli de qui il y avait plusieurs toiles au musée d'Oran. Après, j'ai découvert Matisse, Paul Klee, éblouis par cet Orient coloré qu'ils avaient peint et que je ne connaissais pas. Mais aussi Franz Marc et l'expressionnisme allemand ». Sûr de sa passion, Benanteur fréquente les ateliers de sculpture puis de peinture de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran, où il fait la connaissance de Abdelkader Guermaz, l'un des grands noms de la peinture algérienne. Quelques années plus tard, en 1953, il s'installe à Paris avec son ami d'enfance Mohamed Khadda. A partir de 1957, il commence à exposer un peu partout à travers l'Europe et, en 1961, il illustre l'ouvrage de Jean Sénac, Matinale de mon peuple. A partir de 1962, il se lance dans la gravure, illustrant un autre recueil de Jean Sénac, avant de réaliser ses premiers livres de bibliophilie. En 1963 et à l'occasion de la célébration du 1er anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, Abdallah Benateur participe à la grande exposition des « Peintres algériens, organisée à Alger. En 1965, il fonde la collection Charef, du prénom de son frère disparu durant la guerre d'Algérie, qui, en une quarantaine d'années, compte 1500 ouvrages. Ses choix se portent le plus souvent sur des poètes mystiques arabes et persans lus dans son adolescence, des écrivains algériens contemporains mais aussi des poèmes de sa femme, Monique Boucher. A partir de 1994, il s'ouvre à d'autres poètes du monde entier. Des rétrospectives de ses œuvres seront présentées en 1970, au Musée d'art moderne de la ville de Paris et en 2003, à l'Institut du monde arabe à Paris. En parallèle à la création, Abdallah sera également professeur à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris puis à l'Ecole des arts décoratifs entre 1971 et 1974. A partir de 1989, il se consacrera exclusivement à la peinture, exposant régulièrement à la galerie Claude Lemand. À partir de 1991, l'artiste se lance dans une série de plus larges « voyages » imaginaires (Promenade en Perse, En Orient, En Inde, Au Pakistan, En Algérie, Djurdjura, Au Cachemire). Depuis 1994 il a réalisé un millier de livres à exemplaire unique.