De son vivant, il était et continue d'être considéré, après sa disparition en 1991, comme "l'une des consciences les plus claires, l'un des repères majeurs de la culture algérienne vivante". De son vivant, il était et continue d'être considéré, après sa disparition en 1991, comme "l'une des consciences les plus claires, l'un des repères majeurs de la culture algérienne vivante". Mohamed Khadda, connu pour son engagement pour la promotion de la culture algérienne, notamment à travers la peinture, se révèle comme un personnage actif de tous les combats de la créativité artistique. Pionnier dans la (re)naissance et le développement de la peinture au Maghreb, notamment en Algérie, Mohamed Khadda n'avait cessé de réfléchir à un art nouveau et authentique, de s'interroger sur une nouvelle manière d'approcher l'art, d'où le besoin de le réinventer et de l'inscrire dans une nouvelle logique, la sienne, un raisonnement régi, cultivé et nourri par son intuition et sa personnalité. Mohammed Khadda, né le 14 mars 1930 à Mostaganem et mort le 4 mai 1991 (à 61 ans) à Alger, est unpeintre, sculpteur et graveur algérien. Il est considéré comme l'un des fondateurs de la peinture algérienne contemporaine et l'un des principaux représentants des peintres du signe. Bendehiba Khadda, père du peintre, né en 1912 dans la commune de la Mina (Relizane), était arrivé encore jeune à Mostaganem, déjà atteint comme des dizaines de milliers d'Algériens à l'époque, de trachome. Garçon-cochersur la diligence Mostaganem-Tiaret,poseur de rails, docker, il était, totalement aveugle, devenu garçon d'écurie. Selon lui Benkhedda, simplifié par l'état civil français dans sa transcription, correspondait au nom de la tribu à laquelle appartenait la famille, de son vrai nom Ladjel. Nebia El Ghali, mère du peintre, était née vers 1911 à Zemmora, non loin de Tiaret. Un colon ayant acheté, vers 1920, le territoire ancestral, sa famille avait été massacrée par la tribu s'éprouvant spoliée et la tribu avait été ensuite décimée par l'armée. Quand les parents du peintre se marient en 1929, sa mère elle aussi est aveugle. Né, d'après les registres, le 14 mars 1930 Mohammed Khadda est l'aîné de cinq enfants, deux morts en bas âge. Il entre en 1936 à l'école indigène de Tigditt, quartier arabe de Mostaganem. En 1942, la famille fuyant la famine et partant à pied à Tiaret, il porte alors son frère sur ses épaules. La tante qui l'héberge n'étant pas moins misérable, c'est trois mois plus tard le retour à Mostagnem où il se trouve repris à l'école. En 1943 il reçoit le diplôme qui donne accès au lycée. Il est temps de trouver un travail mais son instituteur lui obtient un an de répit puis en 1944, Khadda ayant obtenu le certificat d'études, le fait embaucher à l'imprimerie de Aïn Sefra. Il y commence à dessiner et faire des croquis pour les imprimés à réaliser. Le soir il fait de la reliure, lisant les livres qui lui sont confiés, Hafid, Djami, Omar Khayyam, Mohamed Abdou, Taha Hussein, Gide, André Breton, Cocteau. En 1947 Khadda rencontre Abdallah Benanteur, s'inscrit à une école de dessin par correspondance, réalise ses premières aquarelles, puis des pastels et des peintures. Il approfondit son approche de la peinture aux hasards de ses rencontres dans les librairies et aux marchés aux puces. En 1948 il va rendre visite avec Benanteur à un ami hospitalisé au sanatorium de Rivet et découvre le Musée des beaux-Arts d'Alger où il admire longuement les toiles de Delacroix, Fromentin, Chassériau, Dinet, les sculptures de Rodin et de Bourdelle. Le sentiment national progresse en cette époque. Khadda découvre ainsi la pensée de Benbadis, adhère un moment à la Jeunesse de l'UDMA de Ferhat Abbas. Il a pour amis l'homme de théâtre Abderrahmane Kaki, Mohammed Tengour, qui milite pour le PPA indépendantiste de Messali Hadj, Mustapha Kaïd, acquis à l'idéal communiste. Il suit les cours d'arabe donnés dans un garage, bientôt fermé par la police, fréquente les ciné-clubs et élargit à travers les films de Cocteau et de Bruñel sa connaissance du surréalisme. Il va fréquemment voir à Oran les expositions de la galerie d'avant-garde Colline. Il écrit des poèmes, s'essaie à la sculpture (pierre, plâtre et terre) et peint sur le motif avec Benanteur autour de Mostaganem. En 1953 Khadda et Benanteur arrivent à Paris où ils visitent musées et galeries. Khadda dessine le soir à l'Académie de la Grande-Chaumière de Montparnasse, se lie avec le romancier Kateb Yacine, milite pour l'indépendance de l'Algérie et adhère au Parti communiste. Après avoir participé à plusieurs expositions collectives et salons, notamment celui des réalités nouvelles en 1955, 1957 et 1958, il réalise sa première exposition personnelle en 1961. Mohammed Khadda rentre en 1963 en Algérie. Il participe à l'exposition des Peintres algériens organisée la même année à Alger pour les fêtes du 1er Novembre et préfacée par Sénac puis en 1964 à celle qui est présentée à Paris au Musée des arts décoratifs. Membre fondateur en 1964 de l'Union nationale des arts plastiques dont il est le secrétaire de 1972 à 1975, il y défend la peinture non figurative violemment dénoncée à cette époque, illustre plusieurs recueils de poèmes (Jean Sénac, Rachid Boudjedra) et crée des décors et costumes pour les théâtres d'Alger et d'Oran . Il expose en 1966 à Alger à la galerie Pilote animée par Edmond Charlot. En 1971 paraissent ses Eléments pour un art nouveau, introduction à l'histoire de l'art en Algérie depuis les fresques duTassili, l'art berbère de Kabylie et l'art arabe jusqu'aux premiers peintres algériens et le nouveau souffle de la génération suivante. Mohammed Khadda travaille, entre 1973 et 1976, à la réalisation de plusieurs peintures murales collectives, accompagne de ses dessins, dans les années 80, plusieurs recueils poétiques et rassemble en 1983 dans Feuillets épars liés la plupart de ses articles et préfaces. Il participe, en 1986, à l'exposition inaugurale des collections permanentes de l'Institut du monde arabe de Paris. Khadda préface en 1989 L'Arbitraire, texte (sur la torture) et poèmes de Bachir Hadj Ali, en 1990 un livre sur Mohamed Racim. Il oeuvre simultanément à la constitution de sections algériennes de la Ligue des droits de l'homme et d'Amnesty International. Après sa mort en 1991 de nombreuses expositions des oeuvres de Khadda ont été organisées en Algérie et en France, notamment au Château de Saint-Ouen et au Forum culturel du Blanc-Mesnil (1994), à l'Institut du monde arabe de Paris (1996), au Musée national des beaux-arts d'Alger et au Centre Culturel Algérien de Paris (2001), à l'UNESCO à Paris (2003), au Musée national des beaux-arts d'Alger (2006), à la Fondation Bullukian à Lyon (2008), à la galerie Racim à Alger (Khadda affichiste, 2010), au musée d'art moderne et contemporain d'Alger, MaMa (2011), au musée d'art et d'histoire de Belfort (Khadda, Les casbahs ne s'assiègent pas, 2012-2013). Khadda est en mars 2015 représenté par deux peintures, Remparts de Koufa (1989, 97 x 130 cm) et Palimpseste (1989, 100 x 81 cm), à Art Paris Art Fair présentée au Grand Palais (Galerie Claude Lemand). Attentif à l'évolution de l'art européen, enrichi de son dialogue depuis le début du siècle avec les expressions des autres continents, Khadda découvre que de grands peintres occidentaux, audelà de l'intérêt des cubistes pour l'art africain des masques, s'inspirent d'éléments de la culture arabe : Que Matisse usait élégamment de l'arabesque, que l'admirable Paul Klee était ébloui par l'Orient, que l'américain Mark Tobey reprenait les signes de l'Extrême- Orient. Que Piet Mondrian refaisait, à son insu, les carrés magiques du Koufi, purs équilibres, illisibles au premier abord, entre les pleins et les vides, entre le clair et l'obscur. Dès 1954 la peinture de Khadda se détache de toute figuration réaliste, ressentie comme étrangère à la sensibilité de l'art maghrébin, un art non figuratif par excellence, écrit-il encore. Dans les années suivantes son abstraction s'appuie sur les éléments plastiques de la graphie arabe. Ses Alphabets libres feront de lui l'un des fondateurs de ce que l'on nommera après Jean Sénac l'Ecole du Signe ». Au début des années 60 les tracés noueux qui structuraient ses paysages non figuratifs se contractent et se réarticulent, à partir de 1967, autour du thème de l'Olivier qui, déclare-t-il alors, est à la naissance des signes et de l'écriture qu'il propose. Ces signes, par la suite, vont d'une part se différencier en une continuelle expansion et lui permettre d'épeler toujours d'autres chiffres, comme on a dit à son propos, du grand livre du visible, des failles de la pierre au vol de l'oiseau, des méandres de l'oued à la Calligraphie des algues. Ils vont d'autre part, comme poursuivant plus loin leur cristallisation, se déployer librement dans leur espace propre. Découverte de l'écriture du monde et exploration du monde de l'écriture demeureront ainsi dans son oeuvre indissociablement liées en deux cheminements complémentaires, chacun retentissant à mesure sur l'autre, qui ne cesseront de rapprocher par degrés le peintre, en une quête unique, des sources mêmes du Signe. Dans les années 80 Mohammed Khadda ancre davantage son cheminement sur la Lettre. "Je n'ai jamais employé la Lettre pour la Lettre", précise-t-il, "dans mes peintures ou mes gravures, on retrouve un peu la forme des lettres, les formes parce que je me refuse à employer la Lettre arabe telle quelle". Ses peintures ne se saisissent jamais, en effet, d'une écriture achevée, inscrite déjà, mais donnent à éprouver l'élan d'une écriture originairement inscrivante. Explorant librement ses gestes, en amont des conventions qui les codifièrent dans l'avènement des premiers alphabets, Khadda se fait, a-t-on dit, l'archéologue du possible. "Pour avoir su de nouveau faire être le charme de l'élémentaire, il a fallu que Khadda fût un magicien. Il fut, dirais-je, plutôt un géomancien, celui qui lit les signes dans le sable et qui, surtout, commence par les y tracer. (...) Mais ni passé, ni présent, ni avenir : dans les toiles, les dessins de Khadda, se donne à lire ce qui, éternel, confond en lui passé, présent et avenir", dira de lui Mohamed Dib en 1994. Son parcours Musées Musée national des beaux-arts d'Alger : Hommage à Maurice Audin, 1960 ; Totem : Bivouac, 1961 ; Alphabet libre, 1964 ; Dahra, 1961 ; J'ai pour totem la paix, 1970 ; Les Casbahs ne s'assiègent pas, 1960-1982 ; Le volontaire ; Sans titre ; Sans titre ; 31 aquarelles ; 89 gravures. Institut du monde arabe, Paris : Kabylie, 1960. Réalisations Peintures murales 1973 : Peinture murale collective, Maamora, wilaya de Saïda. 1975 : Peinture murale, village agricole de Guelta Ez-Zerga, wilaya de Bouira. 1976 : Peinture murale collective pour les travailleurs du Port d'Alger. 1980 : Peinture murale, ministère de l'Enseignement supérieur, Alger. Sculptures 1981 : Monument aux martyrs, M'Sila . 1983 : Projet de sculpture et d'aménagement de l'espace, centre Riadh el-Feth, Alger. Tapisseries 1983 : Tapisserie pour l'aéroport international King-Khaled, Ryadh. 1990 : Haltes à l'orée du Sud, tapisserie pour le décor de Rak khouya ou ana chkoune ? Pièce de Slimane Benaïssa . Décors et costumes de théâtre 1965 : Les chiens de Tom Bulin, adaptation et mise en scène de Hadj Omar, théâtre national d'Alger 1966 : Numance de Cervantès, adaptation et mise en scène de Abdelkader Alloula, théâtre régional d'Oran (reprise en 1969) 1974 : Bni Kalboun d'Abderrahmane Kaki, Théâtre National d'Alger. 1990 : Rak khouya ou ana chkoune ? de Slimane Benaïssa, salle Ibn-Khaldoun, Alger Livres illustrés par Khadda 1964 : Jean Sénac, La Rose et l'ortie, Cahiers du Monde Intérieur, Paris (7 ardoises, 4 dessins ; 2.000 exemplaires numérotés) 1965 : Rachid Boudjedra, Pour ne plus rêver, Sned, Alger (6 dessins) ; réédition, Sned, Alger, 1980 1979 : Michel-Georges Bernard, D'après les signes, Les plombs gravés de Khadda, Alger (500 exemplaires dont 150 illustrés d'une gravure, épreuve d'Etat) 1979 : Michel-Georges Bernard, D'après les pierres, L'Orycte, Sigean (6 dessins; 160 exemplaires numérotés). 1980 : Bachir Hadj Ali, Actuelles - partitions pour demain, L'Orycte, Sigean (13 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1981 : Habib Tengour, La Nacre à l'âme, L'Orycte, Sigean (4 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1982 : Tahar Djaout, L'Oiseau minéral, L'Orycte, Sour El Ghozlane (15 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1983 : Sid-Ahmed Bouali, La princesse et l 'oiseau, Enal, Alger (17 illustrations) 1984 : Michel-Georges Bernard, Sous le signe du matin, L'Orycte, Paris (6 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1986 : Bachir Hadj Ali, Soleils sonores, Alger (6 dessins, 3.000 exemplaires) 1988 : Michel-Georges Bernard, D'après les pierres, Paris (13 aquarelles; exemplaire unique) 1989 : Jean-Claude Villain, Le Schiste des songes, Editions Telo Martius, Toulon (2 dessins) 1994 : Michel-Georges Bernard, D'après l'instant, L'Orycte, Paris (7 dessins; 160 exemplaires) Des oeuvres de Khadda ont illustré de nombreuses couvertures de livres (notamment de Malek Alloula, Rachid Boudjedra, Mohammed Dib, Benamar Mediene, Tahar Ouettar, Abrous Toudert...) et de revues (notamment Littérature algérienne, Europe numéros 567-568, Paris, juillet-août 1976 ; Hommage à Kateb Yacine, Kalim numéro 7, Alger, 1987 ; Créative Algérie, Phréatique numéro 51, Paris, 1989 ; Expressions algériennes, Impressions du Sud numéro 27-28, Aix-en-Provence, 1991...) Publications de Khadda Eléments pour un art nouveau (Un acte de foi, par Anna Gréki ; Pour un dialogue, par Mohammed Khadda), Alger, 1966 Eléments pour un art nouveau, Alger, Sned, 1972 Feuillets épars liés, Alger, Sned, 1983 Khadda, textes et illustrations de l'artiste, Alger, Editions Bouchène, 1987. Mohamed Khadda, connu pour son engagement pour la promotion de la culture algérienne, notamment à travers la peinture, se révèle comme un personnage actif de tous les combats de la créativité artistique. Pionnier dans la (re)naissance et le développement de la peinture au Maghreb, notamment en Algérie, Mohamed Khadda n'avait cessé de réfléchir à un art nouveau et authentique, de s'interroger sur une nouvelle manière d'approcher l'art, d'où le besoin de le réinventer et de l'inscrire dans une nouvelle logique, la sienne, un raisonnement régi, cultivé et nourri par son intuition et sa personnalité. Mohammed Khadda, né le 14 mars 1930 à Mostaganem et mort le 4 mai 1991 (à 61 ans) à Alger, est unpeintre, sculpteur et graveur algérien. Il est considéré comme l'un des fondateurs de la peinture algérienne contemporaine et l'un des principaux représentants des peintres du signe. Bendehiba Khadda, père du peintre, né en 1912 dans la commune de la Mina (Relizane), était arrivé encore jeune à Mostaganem, déjà atteint comme des dizaines de milliers d'Algériens à l'époque, de trachome. Garçon-cochersur la diligence Mostaganem-Tiaret,poseur de rails, docker, il était, totalement aveugle, devenu garçon d'écurie. Selon lui Benkhedda, simplifié par l'état civil français dans sa transcription, correspondait au nom de la tribu à laquelle appartenait la famille, de son vrai nom Ladjel. Nebia El Ghali, mère du peintre, était née vers 1911 à Zemmora, non loin de Tiaret. Un colon ayant acheté, vers 1920, le territoire ancestral, sa famille avait été massacrée par la tribu s'éprouvant spoliée et la tribu avait été ensuite décimée par l'armée. Quand les parents du peintre se marient en 1929, sa mère elle aussi est aveugle. Né, d'après les registres, le 14 mars 1930 Mohammed Khadda est l'aîné de cinq enfants, deux morts en bas âge. Il entre en 1936 à l'école indigène de Tigditt, quartier arabe de Mostaganem. En 1942, la famille fuyant la famine et partant à pied à Tiaret, il porte alors son frère sur ses épaules. La tante qui l'héberge n'étant pas moins misérable, c'est trois mois plus tard le retour à Mostagnem où il se trouve repris à l'école. En 1943 il reçoit le diplôme qui donne accès au lycée. Il est temps de trouver un travail mais son instituteur lui obtient un an de répit puis en 1944, Khadda ayant obtenu le certificat d'études, le fait embaucher à l'imprimerie de Aïn Sefra. Il y commence à dessiner et faire des croquis pour les imprimés à réaliser. Le soir il fait de la reliure, lisant les livres qui lui sont confiés, Hafid, Djami, Omar Khayyam, Mohamed Abdou, Taha Hussein, Gide, André Breton, Cocteau. En 1947 Khadda rencontre Abdallah Benanteur, s'inscrit à une école de dessin par correspondance, réalise ses premières aquarelles, puis des pastels et des peintures. Il approfondit son approche de la peinture aux hasards de ses rencontres dans les librairies et aux marchés aux puces. En 1948 il va rendre visite avec Benanteur à un ami hospitalisé au sanatorium de Rivet et découvre le Musée des beaux-Arts d'Alger où il admire longuement les toiles de Delacroix, Fromentin, Chassériau, Dinet, les sculptures de Rodin et de Bourdelle. Le sentiment national progresse en cette époque. Khadda découvre ainsi la pensée de Benbadis, adhère un moment à la Jeunesse de l'UDMA de Ferhat Abbas. Il a pour amis l'homme de théâtre Abderrahmane Kaki, Mohammed Tengour, qui milite pour le PPA indépendantiste de Messali Hadj, Mustapha Kaïd, acquis à l'idéal communiste. Il suit les cours d'arabe donnés dans un garage, bientôt fermé par la police, fréquente les ciné-clubs et élargit à travers les films de Cocteau et de Bruñel sa connaissance du surréalisme. Il va fréquemment voir à Oran les expositions de la galerie d'avant-garde Colline. Il écrit des poèmes, s'essaie à la sculpture (pierre, plâtre et terre) et peint sur le motif avec Benanteur autour de Mostaganem. En 1953 Khadda et Benanteur arrivent à Paris où ils visitent musées et galeries. Khadda dessine le soir à l'Académie de la Grande-Chaumière de Montparnasse, se lie avec le romancier Kateb Yacine, milite pour l'indépendance de l'Algérie et adhère au Parti communiste. Après avoir participé à plusieurs expositions collectives et salons, notamment celui des réalités nouvelles en 1955, 1957 et 1958, il réalise sa première exposition personnelle en 1961. Mohammed Khadda rentre en 1963 en Algérie. Il participe à l'exposition des Peintres algériens organisée la même année à Alger pour les fêtes du 1er Novembre et préfacée par Sénac puis en 1964 à celle qui est présentée à Paris au Musée des arts décoratifs. Membre fondateur en 1964 de l'Union nationale des arts plastiques dont il est le secrétaire de 1972 à 1975, il y défend la peinture non figurative violemment dénoncée à cette époque, illustre plusieurs recueils de poèmes (Jean Sénac, Rachid Boudjedra) et crée des décors et costumes pour les théâtres d'Alger et d'Oran . Il expose en 1966 à Alger à la galerie Pilote animée par Edmond Charlot. En 1971 paraissent ses Eléments pour un art nouveau, introduction à l'histoire de l'art en Algérie depuis les fresques duTassili, l'art berbère de Kabylie et l'art arabe jusqu'aux premiers peintres algériens et le nouveau souffle de la génération suivante. Mohammed Khadda travaille, entre 1973 et 1976, à la réalisation de plusieurs peintures murales collectives, accompagne de ses dessins, dans les années 80, plusieurs recueils poétiques et rassemble en 1983 dans Feuillets épars liés la plupart de ses articles et préfaces. Il participe, en 1986, à l'exposition inaugurale des collections permanentes de l'Institut du monde arabe de Paris. Khadda préface en 1989 L'Arbitraire, texte (sur la torture) et poèmes de Bachir Hadj Ali, en 1990 un livre sur Mohamed Racim. Il oeuvre simultanément à la constitution de sections algériennes de la Ligue des droits de l'homme et d'Amnesty International. Après sa mort en 1991 de nombreuses expositions des oeuvres de Khadda ont été organisées en Algérie et en France, notamment au Château de Saint-Ouen et au Forum culturel du Blanc-Mesnil (1994), à l'Institut du monde arabe de Paris (1996), au Musée national des beaux-arts d'Alger et au Centre Culturel Algérien de Paris (2001), à l'UNESCO à Paris (2003), au Musée national des beaux-arts d'Alger (2006), à la Fondation Bullukian à Lyon (2008), à la galerie Racim à Alger (Khadda affichiste, 2010), au musée d'art moderne et contemporain d'Alger, MaMa (2011), au musée d'art et d'histoire de Belfort (Khadda, Les casbahs ne s'assiègent pas, 2012-2013). Khadda est en mars 2015 représenté par deux peintures, Remparts de Koufa (1989, 97 x 130 cm) et Palimpseste (1989, 100 x 81 cm), à Art Paris Art Fair présentée au Grand Palais (Galerie Claude Lemand). Attentif à l'évolution de l'art européen, enrichi de son dialogue depuis le début du siècle avec les expressions des autres continents, Khadda découvre que de grands peintres occidentaux, audelà de l'intérêt des cubistes pour l'art africain des masques, s'inspirent d'éléments de la culture arabe : Que Matisse usait élégamment de l'arabesque, que l'admirable Paul Klee était ébloui par l'Orient, que l'américain Mark Tobey reprenait les signes de l'Extrême- Orient. Que Piet Mondrian refaisait, à son insu, les carrés magiques du Koufi, purs équilibres, illisibles au premier abord, entre les pleins et les vides, entre le clair et l'obscur. Dès 1954 la peinture de Khadda se détache de toute figuration réaliste, ressentie comme étrangère à la sensibilité de l'art maghrébin, un art non figuratif par excellence, écrit-il encore. Dans les années suivantes son abstraction s'appuie sur les éléments plastiques de la graphie arabe. Ses Alphabets libres feront de lui l'un des fondateurs de ce que l'on nommera après Jean Sénac l'Ecole du Signe ». Au début des années 60 les tracés noueux qui structuraient ses paysages non figuratifs se contractent et se réarticulent, à partir de 1967, autour du thème de l'Olivier qui, déclare-t-il alors, est à la naissance des signes et de l'écriture qu'il propose. Ces signes, par la suite, vont d'une part se différencier en une continuelle expansion et lui permettre d'épeler toujours d'autres chiffres, comme on a dit à son propos, du grand livre du visible, des failles de la pierre au vol de l'oiseau, des méandres de l'oued à la Calligraphie des algues. Ils vont d'autre part, comme poursuivant plus loin leur cristallisation, se déployer librement dans leur espace propre. Découverte de l'écriture du monde et exploration du monde de l'écriture demeureront ainsi dans son oeuvre indissociablement liées en deux cheminements complémentaires, chacun retentissant à mesure sur l'autre, qui ne cesseront de rapprocher par degrés le peintre, en une quête unique, des sources mêmes du Signe. Dans les années 80 Mohammed Khadda ancre davantage son cheminement sur la Lettre. "Je n'ai jamais employé la Lettre pour la Lettre", précise-t-il, "dans mes peintures ou mes gravures, on retrouve un peu la forme des lettres, les formes parce que je me refuse à employer la Lettre arabe telle quelle". Ses peintures ne se saisissent jamais, en effet, d'une écriture achevée, inscrite déjà, mais donnent à éprouver l'élan d'une écriture originairement inscrivante. Explorant librement ses gestes, en amont des conventions qui les codifièrent dans l'avènement des premiers alphabets, Khadda se fait, a-t-on dit, l'archéologue du possible. "Pour avoir su de nouveau faire être le charme de l'élémentaire, il a fallu que Khadda fût un magicien. Il fut, dirais-je, plutôt un géomancien, celui qui lit les signes dans le sable et qui, surtout, commence par les y tracer. (...) Mais ni passé, ni présent, ni avenir : dans les toiles, les dessins de Khadda, se donne à lire ce qui, éternel, confond en lui passé, présent et avenir", dira de lui Mohamed Dib en 1994. Son parcours Musées Musée national des beaux-arts d'Alger : Hommage à Maurice Audin, 1960 ; Totem : Bivouac, 1961 ; Alphabet libre, 1964 ; Dahra, 1961 ; J'ai pour totem la paix, 1970 ; Les Casbahs ne s'assiègent pas, 1960-1982 ; Le volontaire ; Sans titre ; Sans titre ; 31 aquarelles ; 89 gravures. Institut du monde arabe, Paris : Kabylie, 1960. Réalisations Peintures murales 1973 : Peinture murale collective, Maamora, wilaya de Saïda. 1975 : Peinture murale, village agricole de Guelta Ez-Zerga, wilaya de Bouira. 1976 : Peinture murale collective pour les travailleurs du Port d'Alger. 1980 : Peinture murale, ministère de l'Enseignement supérieur, Alger. Sculptures 1981 : Monument aux martyrs, M'Sila . 1983 : Projet de sculpture et d'aménagement de l'espace, centre Riadh el-Feth, Alger. Tapisseries 1983 : Tapisserie pour l'aéroport international King-Khaled, Ryadh. 1990 : Haltes à l'orée du Sud, tapisserie pour le décor de Rak khouya ou ana chkoune ? Pièce de Slimane Benaïssa . Décors et costumes de théâtre 1965 : Les chiens de Tom Bulin, adaptation et mise en scène de Hadj Omar, théâtre national d'Alger 1966 : Numance de Cervantès, adaptation et mise en scène de Abdelkader Alloula, théâtre régional d'Oran (reprise en 1969) 1974 : Bni Kalboun d'Abderrahmane Kaki, Théâtre National d'Alger. 1990 : Rak khouya ou ana chkoune ? de Slimane Benaïssa, salle Ibn-Khaldoun, Alger Livres illustrés par Khadda 1964 : Jean Sénac, La Rose et l'ortie, Cahiers du Monde Intérieur, Paris (7 ardoises, 4 dessins ; 2.000 exemplaires numérotés) 1965 : Rachid Boudjedra, Pour ne plus rêver, Sned, Alger (6 dessins) ; réédition, Sned, Alger, 1980 1979 : Michel-Georges Bernard, D'après les signes, Les plombs gravés de Khadda, Alger (500 exemplaires dont 150 illustrés d'une gravure, épreuve d'Etat) 1979 : Michel-Georges Bernard, D'après les pierres, L'Orycte, Sigean (6 dessins; 160 exemplaires numérotés). 1980 : Bachir Hadj Ali, Actuelles - partitions pour demain, L'Orycte, Sigean (13 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1981 : Habib Tengour, La Nacre à l'âme, L'Orycte, Sigean (4 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1982 : Tahar Djaout, L'Oiseau minéral, L'Orycte, Sour El Ghozlane (15 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1983 : Sid-Ahmed Bouali, La princesse et l 'oiseau, Enal, Alger (17 illustrations) 1984 : Michel-Georges Bernard, Sous le signe du matin, L'Orycte, Paris (6 dessins; 160 exemplaires numérotés) 1986 : Bachir Hadj Ali, Soleils sonores, Alger (6 dessins, 3.000 exemplaires) 1988 : Michel-Georges Bernard, D'après les pierres, Paris (13 aquarelles; exemplaire unique) 1989 : Jean-Claude Villain, Le Schiste des songes, Editions Telo Martius, Toulon (2 dessins) 1994 : Michel-Georges Bernard, D'après l'instant, L'Orycte, Paris (7 dessins; 160 exemplaires) Des oeuvres de Khadda ont illustré de nombreuses couvertures de livres (notamment de Malek Alloula, Rachid Boudjedra, Mohammed Dib, Benamar Mediene, Tahar Ouettar, Abrous Toudert...) et de revues (notamment Littérature algérienne, Europe numéros 567-568, Paris, juillet-août 1976 ; Hommage à Kateb Yacine, Kalim numéro 7, Alger, 1987 ; Créative Algérie, Phréatique numéro 51, Paris, 1989 ; Expressions algériennes, Impressions du Sud numéro 27-28, Aix-en-Provence, 1991...) Publications de Khadda Eléments pour un art nouveau (Un acte de foi, par Anna Gréki ; Pour un dialogue, par Mohammed Khadda), Alger, 1966 Eléments pour un art nouveau, Alger, Sned, 1972 Feuillets épars liés, Alger, Sned, 1983 Khadda, textes et illustrations de l'artiste, Alger, Editions Bouchène, 1987.