Pour la deuxième fois de suite, l'équipe nationale a échoué à se qualifier au championnat du monde de handball, n'atteignant même pas les demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations 2018 (CAN-2018), une première depuis 2006 résultant d'une planification inexistante chez les responsables de la petite balle en Algérie. Comme en 2006, le quatuor Egypte, Tunisie, Maroc et Angola forme le carré d'as, éjectant les Verts d'une des trois premières places qualificatives au Mondial-2019 prévu en Allemagne et au Danemark. Un résultat somme toute logique pour une Fédération algérienne de handball (FAHB) dans ses anciens et nouveau bureaux exécutifs, qui n'a rien fait pour son équipe, se rappelant quelques semaines seulement avant le début de la CAN qu'il y avait un important tournoi continental à préparer, diront les analystes. Depuis la CAN-2016 et l'échec à se qualifier au championnat du monde France-2017, l'équipe nationale a été mise en hibernation : elle est restée sans entraîneur après le départ de Salah Bouchekriou, sans aucun stage programmé et des caisses vides à la fédération, au grand dam des amoureux du handball en Algérie. L'année 2017 ayant coïncidé avec la fin du mandat olympique 2013-2016 et le renouvellement des instances sportives en Algérie, les fauteuils de président de la FAHB et de membres fédéraux importaient plus que l'avenir du Sept algérien, oublié, livré à lui-même et otage de querelles intestines. L'élection d'Habib Labane le 1er avril à la tête de la FAHB n'a rien changé aux choses et il a fallu attendre octobre, soit sept mois plus tard, pour voir venir Saed Hasanefendic, attendu comme un messie lors du tournoi des quatre nations en Tunisie, qui s'est déroulé en sa présence sur le banc algérien avec, à la clé, trois défaites de suite, face au Bahreïn, à l'Arabie Saoudite et au pays organisateur. Le tournoi terminé, l'entraîneur croate est reparti sans jamais remettre les pieds en sélection algérienne. La faute à des responsables «qui ont envenimé les relations entre Labane et Hasanefendic» pour pousser ce dernier à quitter son poste, expliquent des sources à la FAHB. Haïouani en pompier Le temps jouant en sa défaveur, Labane choisit l'entraîneur du CR Bordj Bou Arréridj, Sofiane Haïouani, qui venait de faire chuter l'ogre GS Pétroliers en Supercoupe d'Algérie, pour lui confier la barre technique du Sept national, aux côtés de l'ancien international Zinedine Mohamed-Seghir. Le staff technique déclenche alors un branle-bas de combat pour tenter de sauver les meubles et rattraper le retard accusé dans la préparation. Au programme, des stages tous azimuts à Alger et à l'étranger, ponctué par plusieurs matches amicaux. Une décision «controversée» a été prise aussi, celle de suspendre le championnat national, certains estimant que rien ne pouvait remplacer les rencontres officielles pour rester compétitif. Après le stage de Serbie et le tournoi amical de Doha, au cours duquel les Algériens perdront une pièce maîtresse comme Ayoub Abdi (épaule), qui s'ajoute au forfait de longue date d'Hichem Kaâbache (main), l'équipe nationale se rend au Gabon pour disputer la CAN-2018. Entre-temps, les gros bras du handball continental, à leur tête l'Egypte, la Tunisie et l'Angola se préparaient en suivant un programme bien ficelé depuis plusieurs mois, alors que le président de la FAHB fait l'objet d'une tentative de destitution de la part de certains membres de son bureau fédéral et que le demi-centre Abdelkader Rahim se dispute avec Haïouani à Doha avant de quitter de son plein gré le stage de l'équipe nationale. Le co-sélectionneur national, Zinedine Mohamed-Seghir, concède d'emblée que le staff technique n'a pas eu assez de temps pour bien travailler sur les phases défensives. Les Verts entament la compétition et perdent Hichem Daoud pour blessure dès le premier match du tournoi face au Cameroun (31-23). Ils s'inclinent lors du second match à la surprise générale face au Gabon (26-25), hypothéquant dès lors leurs chances de terminer deuxièmes et s'exposent au danger de l'Angola en quarts. Les deux prochains matchs face au Congo (victoire 33-31) et la Tunisie (25-25) ne changeront rien au classement des Algériens, doublés par le Gabon à la différence de buts particulière (5 points pour chaque équipe, la Tunisie étant première avec 7 unités). En quarts de finale, et malgré le manque de préparation, l'Algérie a tenu tête à l'Angola, nettement mieux préparée avant de tomber les armes à la main (29-27) au terme d'un match équilibré qui n'a basculé que dans les deux dernières minutes suite à l'expulsion pour deux minutes de Mohamed-Amine Belaid, laissant ses coéquipiers en infériorité numérique durant le «money time». «Le seul regret qu'on a est en rapport avec la préparation insuffisante, sinon on a tout donné pour faire honneur à l'histoire et au riche palmarès du handball algérien», diront unanimement Haïouani et son capitaine Abdellah Benmenni. «Après la compétition, un bilan se fera avec la fédération. Je crois au travail, j'ai peur encore de l'hibernation. J'ai peur que nos résultats démotivent les responsables. C'est une phase de transition, il faut remettre cette équipe en place. Dans quelques mois, nous disputerons les Jeux méditerranées qui font partie de notre programme de travail, puis il y aura la Coupe d'Afrique 2020 en Tunisie qui sera qualificative aux Jeux olympiques», a déclaré Haïouani, tandis que Benmenni invite tout le monde à «tirer les leçons de cette élimination». Quant à l'un des meilleurs joueurs algériens du tournoi (si ce n'est le meilleur), l'arrière droit Abderrahim Berriah, il a demandé aux responsables d'établir un programme de travail «à long terme». En attendant, les Verts affronteront samedi en match de classement pour la 5e place le Gabon avec l'objectif de bien boucler la compétition et éviter de faire pire qu'en 2006 en Tunisie quand l'équipe coachée par Djillali Mekki avait terminé 5e, soit le plus mauvais résultat enregistré alors par le Sept national en 21 participations à des phases finales de CAN.