Le complexe textile industriel de Draâ Ben Khedda, à 10 km à l'ouest de Tizi-Ouzou, filiale de l'Entreprise algérienne des textiles industriels et techniques (EATIT), ambitionne de reconquérir ses parts des marchés national et régional. Ayant profité de plans de redressement visant à maintenir l'activité de cette usine qui était un des fleurons de l'industrie nationale qui fournissait le marché européen en tissus de qualité, ce complexe a également bénéficié d'une opération de réhabilitation et de modernisation de certains procédés de fabrication, visant à augmenter ses capacités de production et à améliorer la qualité du produit. Une enveloppe financière de 3,5 milliards de DA a été débloquée pour la réalisation des travaux de réhabilitation et de modernisation, a-t-on appris lors d'une récente visite de ce complexe. Ces travaux ont notamment concerné la filature pour une capacité de production de 3 000 tonnes/an, la préparation de tissage, le retordage, la mise à niveau de l'usine, l'installation d'une centrale d'air comprimé et l'acquisition de métiers à tisser. Selon le bureau d'étude qui a été retenu pour cette opération, les travaux ont porté sur la démolition totale de l'ancien hangar de 16 000 m2 qui a été reconstruit selon les normes exigées par ce type d'activité, notamment la réalisation des caniveaux d'environ 2,70 m de profondeur afin d'assurer le cycle de transformation à l'intérieur du hangar pour préserver les tissus de l'humidité. Ce complexe qui occupe une superficie de 349 228 m2 et emploie actuellement environ 600 travailleurs, a été ouvert dès les premières années de l'indépendance et employait plus de 5 000 travailleurs. Après environ 20 ans de prospérité, l'usine rentre dans une phase de déclin qui s'accentue dans les années 1990 avec son lot de surpression d'effectifs, départs volontaires ou à la retraite. L'affiliation de cette unité industrielle à l'ETATIT et la décision d'assainissement de sa situation financière et d'éponger ses dettes fiscales et parafiscales ainsi que ses découverts bancaires, suivis par la mobilisation d'une enveloppe financière pour sa réhabilitation et sa modernisation, ont permis de sauver ce Complexe dans la perspective de le replacer sur la scène économique. Un complexe «bien armé» pour poursuivre son développement Le président de la Chambre de commerce et d'industrie Djurdjura (CCID) de Tizi-Ouzou, Medjkouh Mohand-Ameziane, estime qu'aujourd'hui et grâce à toutes les mesures engagées au profit du complexe de textile de Draa Ben Khedda, ce dernier est «bien armé» pour poursuivre son développement, qui peut être favorisé par un marché intérieur très important et une maitrise du coût de production. «Je pense que les entreprises de textiles qui ont survécu en réussissant à vaincre les contraintes et les difficultés qu'elles ont connues, ont le potentiel pour continuer aujourd'hui à se développer», a-t-il opiné. Le président de la CCI Djurdjura a observé que le redressement dont a bénéficié cette entreprise et son partenariat avec la société par actions (SPA) l'Algérienne des textiles Texalg qui développe et conçoit une gamme étendue de textiles pour l'habillement, l'ameublement, le linge de maison, l'habillement des corps constitués, les tissus techniques et pour usage industriel, entre autre, ont permis la préservation de ce complexe. Outre l'enveloppe financière jugée importante dont cette entité industrielle a bénéficié pour sa modernisation et sa réhabilitation, il y a eu aussi un autre investissement qui est des plus importants et qui a concerné ce qui est fondamental à une entreprise, à savoir sa ressource humaine à travers des formations et un travail de sensibilisation des représentants des salariés, a ajouté ce même responsable. Pour M. Medjkouh, l'industrie textile est un secteur qu'il faut vraiment préserver et pour cela il est important que tous les acteurs concernés (pouvoirs publics, salariés) puissent participer au redressement de ce complexe et les accompagner tout en restant vigilent face un environnement international concurrentiel afin que cette entreprise puisse continuer à se développer et à maintenir ses emplois. Uune joint-venture algéro-turque pour la production de filés laine à Oum El- Bouaghi Un protocole d'accord a été signé, à Alger, entre l'entreprise publique Texalg et le société turque Boyner Sanayi A.S, pour la création d'une joint-venture pour la production de filés laine et d'autres produits textiles à Meskiana (Oum El- Bouaghi). Le document a été paraphé par le directeur général de Texalg, une SPA relevant du groupe industriel public Getex, Mebarki Bouzid, et le représentant de Boyner Sanayi A.S, spécialisée dans le textile, Osman Feyzi. Détenue à hauteur de 51% par la partie algérienne et 49% par la société turque, cette société dont l'usine sera implantée à Meskiana (Oum El-Bouaghi) sur une superficie de 160 000 m2, la joint-venture prévoit un montant total d'investissements de 16 millions de dollars et un chiffre d'affaires de 36 millions de dollars d'ici 2020 avec la création de 400 emplois à cette échéance. L'usine dont les travaux de réalisation seront lancés avant fin 2017, alors que l'entrée en production effective est prévue pour 2018, sera dotée d'une capacité de production de 1 000 tonnes par an de filés laine et mélanges (laine, polyester, acrylique) dans une première phase puis 2.000 t/an en 2019 et 3 000 t/an en 2020. A cette occasion, la Turquie est un partenaire «important» de l'Algérie, voire «le principal et l'unique» dans le domaine du textile. A cet effet, cette usine est totalement à l'arrêt suite à sa dissolution par anticipation en juin 2006, en exprimant «satisfaction» de sa prochaine relance. Ce projet donnera un nouveau souffle à la région et ressuscitera le savoir-faire local, surtout que tout un écosystème du textile a disparu car le complexe de Meskiana alimentait les complexes de filature de Tébessa et Ain Beida en laine et produits synthétiques. Précisant que l'ensemble des unités textiles à l'échelle nationale sont en phase de modernisation et de relance. La relance de cet écosystème rentre dans le cadre de la stratégie nationale de reconstruction de la filière textile. Dans ce sillage, l'Algérie commence à récolter les fruits de sa stratégie, car en 2016, toutes les filières du Groupe C&H relevant du nouveau Groupe Getex étaient bénéficiaires. «C'est la première fois que cela arrive depuis l'ouverture du marché. Ces filiales ont payé l'IBS et le Groupe Getex a pris des dividendes. Jusqu'à présent, la filière textile publique vivait sur les dotations du budget. Ce qui est le plus rassurant, c'est que cette reprise s'effectue dans la branche confection, là où la bataille est féroce». Ce complexe fera son entrée en production dès le mois de juin prochain avec la filature, ajoutant qu'il dispose déjà d'un bon de commande d'une valeur de 2 milliards de dinars destinés à l'export. Le prochain défi actuellement dans le textile «n'est pas seulement de faire revivre les entreprises, mais celui d'aller vers une remontée totale de la chaine des valeurs», en appelant les investisseurs privés à conquérir l'amont cette filière, notamment la branche confection/habillement. Dans ce sens, que la tutelle accompagne actuellement plusieurs projets, comme celui d'un opérateur privé à Adrar pour la culture de coton (production : 20 000 tonnes /an), alors que des discussions sont en cours pour un partenariat dans la production de la fibre synthétique au niveau du pôle chimique de Hadjar Essoud (Skikda) destinée aux marchés national et international.