Chaque fin de mois, la situation des retraités payés sur transmission de mandat ou virement compte courant postal après passage obligatoire devant les guichets postaux ou de banques, relève d'une gageure. Souvent atteint de maladie pour les uns, de sélénité pour d'autres, prétendre percevoir sa pension impose aux retraités quel que soit leur rang, de faire le pied de grue des heures durant. Le cas est général. Partout, à travers toutes les régions du pays, là où il y a un guichet de poste ou de banque, les retraités composent de longues files sous la forme d'oignons. Ils y stationnent des heures durant livrés aux orages, au vent, à la pluie et aux brûlures des rayons du soleil en été. C'est à croire que c'est ce seul moyen qu'ont trouvé les autorités concernées pour régler les pensions de retraite. Ces pensions sont le résultat d'un cumul de retenues sur salaire effectué durant des années par les retraités pour leurs vieux jours. Pour ce faire, ils ont peiné des heures, jours et nuits durant à différents postes au service du pays. Bon nombre n'avaient pas hésité à abandonner leur famille, leur foyer, le bourg qui les a vus naître pour se mettre à la disposition de l'Etat. A leur retraite du reste souvent mal calculée, certains se sont retrouvés atteints d'une ou de plusieurs maladies. D'autres ont été escroqués par leurs proches sans pitié pour leur état de santé ou même social. Malade et ne pouvant se déplacer, on leur faisait signer à chaque fois un chèque d'un montant toujours inférieur à celui mentionné. Le surplus était empoché d'autorité. Des réseaux de faussaires se sont ainsi constitués pour dépouiller proches, voisins ou tout simplement personnes séniles qui ont eu le tort de leur demander de les accompagner aux guichets. Là également ce n'est pas facile. Il faut faire avec la difficulté créée par des guichets au niveau de certaines wilayas où la préposée exige du bénéficiaire du chèque de limiter son retrait à 30.000DA. La constitution de faux dossiers de pensionnaires de retraite est à la mode ces dernières années. Une relation au niveau des services de la commune de résidence suffit pour l'établissement d'un dossier dont une fiche familiale. Quant au versement de la retraite, l'établissement d'une procuration permet au titulaire d'encaisser celle-ci sans grand problème. Des individus des deux sexes ont, ainsi, réussi, à empocher au nom de retraités décédés des pensions de retraite. Ils sont constamment présents aux abords des postes et des banques qui, à chaque fin de mois, sont noirs de monde. Des personnes vulnérables et véritablement touchées par l'âge sont contraintes de se présenter devant les guichets pour prétendre percevoir leur pension. Des chaînes longues de plusieurs dizaines de mètres se forment quotidiennement de longues heures. Eté comme hiver, les victimes de dame nature sont nombreuses pour cause de chaîne de pension de retraite. Elles sont le fait des heures d'attente où, sans pitié, nul ne cède sa place même pour un malade grave éprouvant des difficultés à se tenir debout. Ce qui ne semble pas alerter les services concernés de l'Etat à étudier la situation. A chercher des solutions adaptées, telles la mise en alerte d'éléments de la Protection civile aux abords des postes et des banques. Particulièrement durant la période de versement des pensions de retraite. Celle-ci voit défiler aux guichets des milliers de personnes des deux sexes souvent très mal en point. Nombre d'entre-elles préfère faire confiance à des voisins et autres membres de la famille pour récupérer leur dû. S'il n'est pas dégradant, l'exercice de la chaîne aux guichets est psychiquement éprouvant car la question se pose à chaque fois de voir se débiner «le bienfaiteur» avec la bien maigre pension de retraite. Généralement, elle ne suffit même pas à amortir les frais et les analyses médicaux. Entre-temps, ceux censés être là pour faciliter les opérations de prise en charge pour le paiement des pensions de retraite, seule ressource de vie pour les retraités tant en termes de soins qu'en ce qui concerne les analyses médicales, sont absents du terrain. Et pourtant dans le lot des bénéficiaires de pension de retraite, bon nombre ont géré de grands dossiers de l'Etat, d'entreprises publiques économiques, de milliers d'agents, représentant l'Etat dans diverses missions. Qu'il soit issu du corps de la Fonction publique, chef d'entreprise publique économique ou agent de bureau d'une poste, le travailleur est un retraité en puissance. D'où la nécessité d'agir rapidement pour améliorer l'accueil des retraités aux abords des guichets postaux et bancaires.